Bon pour la forme, je m’attendais à quelque chose de plus tranché depuis les annonces des derniers numéros. Plus coloré sans doute mais la charte et la mise en page reste assez dans la ligne de la précédente. Evolution non achevée ? A voir !
Sur le fond, j’a bien aimé ce numéro. Expliquons pourquoi en détaillant le sommaire.
- Au royaume des aveugles… Ce que l’Ouest voir de l’Armée rouge en juin 1941: court mais intéressant article de Vincent Bernard sur la sous-estimation des forces soviétiques tant par les futurs Alliés que par les Allemands. Ces réserves « cachées » feront toute la différence à l’hiver 1941. Reçu haut et clair ! 😉
- Overlord en question, le débarquement inutile ? Un article analytique sur le besoin réel ou pas de l’opération Overlord mi 1944. Pour l’auteur, David François, la question se pose. Visiblement, elle s’est posée au niveau opérationnel; pour ce qui est de la grande stratégie, par contre et pour les Américains, il semblait clair qu’il ne fallait pas laisser le champ libre aux Soviétiques en Europe de l’Ouest et en Europe centrale ! Mais analyser les différentes alternatives évaluées à l’époque présente un réel intérêt. Un article intelligent et utile !
- La république de Salo, le crépuscule du fascisme. Un article plus politique que militaire. J’ai apprécié cet angle d’attaque pour ma part, d’un nouveau venu, Nicolas Anderbegani. Il semble que Mussolini y est allé plutôt à reculons dans ce projet de la RSI… et avec une chance de succès… quasie nulle…
- Bunker: démontage au sens propre comme au sens figuré d’un film dans la rubrique « Cinéma ». Du Stéphane Mantoux dans le texte !
- Un Tigre dans la boue. Otto Carius en question. Stéphane Mantoux aime déconstruire les « légendes noires de la seconde guerre mondiale ». Il le fait généralement de belle manière. Otto Carius n’échappe à la règle. En même temps, faut-il vraiment s’étonner que les « mémoires » soient sélectives, surtout quand on a été du « mauvais côté de la barrière » ? Concernant Carius, visiblement, les oublis ou approximations ont concerné aussi son bilan de « casseur de chars »… Avec bibliographie critique.
- Le mur de l’Atlantique, grand gaspillage ? Benoît Rondeau s’intéresse au fondement même de l’intérêt militaire de l’ « Atlantik Wall ». Car, de facto, ce mur a été perçé en moins de 24 heures, un certain 6 juin 1944… La réflexion de l’auteur porte sur l’investissement matériel financier et humain que représenta la fortification du littoral, sur l’impact de la construction sur les opérations, sur l’utilité finale concernant les festungen portuaires et enfin sur le rôle des lignes de défense en général. De la réflexion de bon aloi !
- Une nouvelle rubrique: Duel. Bon là, je n’ai pas bien compris le but. Un uniforme face à un autre ? Avec le contexte de la rencontre des deux adversaires ? Par Jean-Patrick André.
- Un chiffre, une lettre. Une nouvelle rubrique dans l’esprit des rubriques double page de Guerres & Histoire. 26G pour 26 generalfeldmarshall dans l’armée allemande. Ah bon ?
En dehors des rubriques anecdotiques, il y a une tendance à poser des questions de fond, un peu à la Guerres & Histoire qui, c’est clair, a une sacrée influence sur sa concurrence ! Personnellement, je trouve ça plutôt intéressant. Mais comme, à priori, le changement éditorial n’est pas complétement abouti, attendons la suite !
2e guerre mondiale n°60. Numéro de juin & juillet 2015. Dans les maisons de la presse. Retrouvez le magazine sur Facebook.
En même temps, mon cher Bir Hacheim, on s’est rarement étonné dans les magazines des « oublis » de Carius… c’est bien pour ça que j’ai proposé ce dossier à l’occasion de son décès.
Au fait, les questions de fond, on en pose depuis un moment en réalité (je ne dis pas forcément tout le magazine mais pour partie)…
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Bonjour Stéphane,
En fait, je m’intéresse assez peu aux « légendes » de l’armée allemande. Il y a eu récemment un article sur Otto Carius que j’ai plutôt lu en diagonale. Par contre, j’ai lu ton article dans le détail. Un gros travail d’analyse critique comme souvent !
Bonjour,
Merci pour cette sympathique recension. Très encourageant.
Je confirme, cela fait bien longtemps que le magazine propose très régulièrement des articles de fond avec des problématiques claires et des questions soulevées pour quelques articles par numéro. Bien avant même la création de G&H. Vous aviez déjà fait la même remarque (influence de G&H sur la concurrence) pour la rubrique des témoignages exclusif et des bibliographies, et j’avais prouvé que là aussi, 2GM proposait ces choses là bien avant G & H, et que, finalement, les précurseurs (et les influences ? :)) n’étaient pas ceux qu’on croyait 😉
Je ne reconnais qu’une seule influence de G&H sur le mag, c’est dans la disposition des articles et la dynamique générale de sa structure. La forme en fait. Mais pour le fond, G&H est à la suite, pas à l’avant garde, en ce qui nous concerne (un peu de vanité bien placé ne fait pas de mal !).
Ceci étant dit, vous avez découvert 2GM après G&H, ceci explique certainement cela.
Bien cordialement,
NP
Bonjour Nicolas,
Cette impression de traitement des articles « à la G&H » me semble marquante dans l’ensemble des titres de la presse spécialisée histoire militaire: titre en forme de question, affirmation « provocante ». Maintenant, tu as raison – ma lecture de 2e GM est plus récente que celle de G&H ! 😉 Et tes auteurs m’ont rappelé que leurs analyses ne datent pas de l’après « G&H » ! Pas de problème. De toute façon, je suis amateur de cette forme de traitement; alors, peu importe les antériorités en effet ! Je te souhaite un plein succès pour la nouvelle formule.
Bon week-end. Jean-Luc