Et la route sanglante devint la route morte…
J’ai lu pas mal d’ouvrages sur le désastre de la RC4. Celui d’Erwan Bergot fut le premier de la série. Je viens de le relire avec un intérêt toujours renouvelé malgré le fait que ce ne soit pas le plus récent.
Rappelons le contexte:
- 1949: l’Indochine est en proie à l’insurrection menée par le Vietminh communiste. Le CEFEO s’y oppose avec les troupes professionnelles notamment celles de l’Armée d’Afrique (Légion Étrangère, régiments de tirailleurs, tabors marocains,…)
- En 1949, la Chine communiste vient border la frontière de l’Indochine française fournissant ainsi au Vietminh armement, munitions, matériels, camps d’entrainement et conseillers militaires.
- La RC4, route coloniale 4, borde la frontière et les postes réguliers qui s’y trouvent n’arrivent non seulement pas à empêcher le passage du Vietminh mais servent également de terrain de mise en pratique des savoir-faire acquis en Chine dans des assauts souvent sanglants. Il en est de même des convois d’approvisionnement régulièrement montés à partir de Lang Son pour approvisionner les postes jusqu’à Cao Bang au Nord.
- Les postes cessèrent peu à peu d’être approvisionnés par la route et le transport aérien fut désormais la norme…
- En mai 1950,coup de tonnerre ! L’un des postes majeurs sur la RC4, Dong Khe, va tomber aux mains du Vietminh ! Il faudra l’assaut aéroporté du 3ème BCCP pour le libérer rapidement. Un avertissement pour ce qui allait se passer en septembre et octobre 1950.
C’est à ce moment que se situe le cadre du travail réalisé par Erwan Bergot dans son ouvrage: « La bataille de Dong Khe, la tragédie de la RC4, Indochine, mai-octobre 1950 ».
Erwan Bergot va mettre en scène les événements précédant la bataille jusqu’à son épilogue, l’abandon de Lang Son et les camps de captivité du Vietminh.
Évidemment l’auteur, en ancien officier de Légion, nous livre une relation extrêmement précise des combats de mai à Dong Khe puis de ceux de septembre-octobre 1950 de Cao Bang à Lang Son (135 kms). Mais pas seulement. Son propos est aussi de comprendre les erreurs de commandement qui ont amené à la perte de près de 5.000 hommes en moins de deux semaines. Et là, ses critiques font mouche particulièrement en ce qui concerne le commandement supérieur (Hanoï et Saigon) mais aussi le commandement opérationnel: Charton, Constans et Le Page.
On a donc au final un très bon ouvrage sur le sujet qui reste l’un des textes essentiels malgré qu’il ait été écrit il y a près de 25 ans.
Pour d’autres ouvrages sur la RC4, voir mes autres commentaires à ce sujet.
Aux éditions Presses de la Cité en 1987, réédité en 2003.