Frère d’armes de Marcel Bigeard pendant la Libération de l’Ariège.
J’avais découvert ce chef de maquisards espagnols lors de la lecture de « Pour une parcelle de gloire« , les mémoires du Général Marcel Bigeard. Ce dernier ne tarissait pas d’éloge sur ce chef de maquis et sur ses hommes, républicains espagnols luttant contre le nazisme, lors des opérations de son équipe Jedburgh en Ariège l’été 1944.
Le personnage était sorti de ma mémoire mais elle a été ravivée par le message de Roland Delicado qui me proposait de m’envoyer une monographie sur le dit commandant Royo auquel il est apparenté.
Si ce travail n’est pas celui d’un historien patenté (mention spéciale à Stéphane Mantoux 😉 ), il n’en apporte pas moins bien des informations sur l’histoire de ce personnage et sa triste fin, exécuté par ses pairs, communistes espagnols, en Espagne après la fin de la seconde guerre mondiale.
La monographie rappelle les origines de Royo, son action à la tête de son maquis « espagnol » de l’Ariège, ses combats avec Bigeard, le retour en Espagne et son élimination. Au delà des faits, les auteurs restituent le contexte militant et soulèvent bien des questions sur les règlements de compte internes au Parti Communiste dès la fin des hostilités. Il valait clairement mieux être dans la ligne du Parti ! Royo fut accusé de trahison et ses exploits effacés…
Parallèlement à cette monographie, j’ai lu récemment l’intéressante interview de l’historien Joël Drogland réalisée par Stéphane Mantoux dans le numéro 50 du magazine 2e guerre mondiale Visiblement, à la fin de la guerre, l’appareil politique du PCF, comme du PCE, s’est réapproprié l’histoire de la Résistance à des fins bien politiques. On est loin de l’Histoire et du « devoir de mémoire » (terme qui m’amuse toujours beaucoup et c’est peu dire…). Il est intéressant que des historiens redressent aujourd’hui les légendes construites à des fins locales et partisanes après guerre…
J’insiste, ce document n’est pas un ouvrage d’histoire mais il contient quelques intéressants témoignages, des documents et des photos d’époque.
Mon opinion sur le sujet: ce commandant Royo fut un authentique républicain espagnol communiste, « chef de bande » efficace et Bigeard le savait bien !
Vous pouvez vous procurer la monographie directement auprès des auteurs.
Salut,
1) Je n’ai rien, par principe, contre les non-historiens, du moment qu’ils ne se présentent pas comme tel pour se faire mousser, et qu’ils ont une méthode rigoureuse. D’ailleurs j’en lis au moins un tiers de mon temps, et même actuellement, justement. Simplement, il y a les historiens et les non-historiens, parfois la frontière est poreuse, parfois la frontière est facile à tracer.
2) Oui, le PCF s’est réapproprié la mémoire de la Résistance, je suis heureux que tu es noté mon interview qui te montre que je ne fais pas de l’histoire partisane, puisque Joël Drogland, lui-même sympathisant de gauche plutôt, s’est heurté à ce problème de la mémoire communiste.
Après, il serait naïf de croire que les communistes ont été les seuls, en France, à le faire, justement -cf De Gaulle et le mythe de la France résistante, je ne parle même pas des nostalgiques de Vichy avec « l’épée et le bouclier ».
++
Au fait, j’ajoute que, contacté par l’auteur, j’ai également relayé la parution de l’ouvrage (bien que je ne l’aie pas lu). Et j’avais même pensé à autre chose…
++
Petite rectification
Les auteurs de » Royo le guérillero éliminé », Ange Alvarez, Ivan et Roland Delicado, ne sont pas du tout parents avec le commandant Royo (Pascual Gimeno).
Comme vous l’indiquez nous ne sommes pas historiens, mais enquêteurs. Encore faut-il préciser que nous effectuons nos recherches méthodiquement. Cela fait plus de 20 ans que nous étudions le phénomène des éliminations opérées par le PCE, après guerre. Nous avons ainsi acquis de solides connaissances sur l’histoire de la Résistance en France et la guérilla anti-franquiste en Espagne, d’autant que nous sommes issus de ce milieu (mon père, Juan Delicado, fut chef de brigade de guérilleros en France puis créateur de la Guérilla du Levant en Espagne. Ange Alvarez est Commandeur de la légion d’honneur pour faits de résistance).
Dans le cadre de de nos recherches nous recourons à diverses sciences humaines pour expliciter certains phénomènes (mécanisme du bouc émissaire, problématiques de la mémoire etc.). Par un constant souci d’objectivité nous rétablissons des vérités de fait (Hannah Arendt) sur lesquelles nous nous efforçons de fonder nos déductions de façon rationnelle.
N’étant pas historiens, nous devons faire preuve de rigueur parce que nos publications dérangent et bousculent nombre de versions officielles établies par des professionnels patentés. Nous sommes aussi sous le collimateur de partis et mouvances politiques qui, instrumentalisant cette mémoire, ne nous apprécient guère. Face à de tels adversaires nous n’avons pas droit à l’erreur.
En 2012, la publication de »Royo le guérillero éliminé » a permis de faire réhabiliter officiellement cette grande figure de la résistance espagnole en France. Virginie, sa veuve, qui fut elle-même une résistante, s’est éteinte enfin apaisée, voici quelques mois.
Cordialement
Ivan Delicado
Ivan Delicado
Dans le précédent message, j’ai sauté le mot néanmoins : N’étant pas historiens, nous devons néanmoins faire preuve de rigueur…
Cordialement
Merci à Stéphane Mantoux et à Ivan Delicado de faire vivre un article d’un simple lecteur plus de sept ans après sa parution ! Auteurs, historiens patentés ou non…, éditeurs et lecteurs. Nous sommes tous indispensables à ce que les livres vivent !