Un excellent moment de lecture.
Ferdinand Foch fait partie d’une mythologie guerrière bien spécifique: celle des généraux à la tête des armées françaises durant la 1ère guerre mondiale: Joffre, Pétain, Nivelle,… et Foch . Selon les époques, ils furent adulés ou critiqués, vues les pertes effroyables qui caractérisèrent ces quatre années de guerre du début du 20ème siècle.
Evidemment, Ferdinand Foch tient une place unique car il fut le général à la tête des troupes alliées à l’ouest qui remportèrent la victoire sur les puissances centrales en 1918. En fait, Foch ne fut jamais à la tête des seules armées françaises comme Joffre ou Pétain mais bien le commandant en chef, coordinateur des armées françaises, britanniques, américaines, belges et italiennes.
Cette position fut très particulière car, au delà des talents militaires, il fallait également un solide don de persuasion, de l’autorité et de la diplomatie.
C’est dire tout l’intérêt qu’il faut porter à la biographie d’un tel personnage historique.
Evidemment, Jean-Christophe Notin restitue le parcours de cet officier très croyant (ce qui lui posa bien quelques problèmes dans une époque bien anti-cléricale), instructeur et théoricien de la guerre, confronté dès le début de la guerre en Lorraine, sur la Marne et en Flandres à une guerre bien différente de ce qu’il avait imaginé. C’est d’ailleurs sur le terrain des Flandres qu’il révélera deux de ses talents majeurs: sa volonté inébranlable et communicative ainsi que sa capacité à gérer les relations avec les alliés britanniques et belges.
L’ouvrage de Jean-Christophe Notin n’est pas seulement un ouvrage d’histoire militaire, il nous plonge également dans l’histoire de la IIIe République, le parlementarisme, les rapports changeants entre pouvoir politique et la conduite de la guerre. Le tout s’appuie sur un travail de recherche très important et minutieux, caractéristique de l’auteur. J-C Notin croise volontiers les différentes mémoires, correspondances, rapports officiels sans jamais prendre partie pour ou contre son sujet.
Ce qui fait un ouvrage bien équilibré dans lequel j’ai particulièrement apprécié ceux consacrés à l’accession au commandement suprême de 1918 ainsi que ceux consacrés à la négociation des traités et à la fin de la vie de Foch. Je ne me suis ennuyé à aucun moment.
Tout au long de l’ouvrage, on peut également remarquer l’importance des rivalités, des amitiés, des coteries, des jalousies tant dans le pouvoir militaire que civil dans un contexte historique particulièrement pesant.
Dans cette biographie, l’auteur ne restitue pas seulement les faits mais replace l’homme dans sa vie personnelle et professionnelle, dans son temps, avec ses forces et ses faiblesses, pris dans le maelström d’un des plus grands conflits de l’histoire de l’humanité et ce à un âge déjà avancé.
J’ai jusqu »ici toujours bien apprécié les différents ouvrages qu’il m’a été donné de lire de Jean-Christophe Notin. Il s’en sort très bien aussi sur celui-ci, ajoutant à un travail de recherche minutieux, un talent narratif incontestable.
Au final, on retiendra de Foch sa foi certaine, sa confiance inébranlable en sa méthode et dans la victoire, sa capacité à mobiliser ses interlocuteurs particulièrement étrangers et ce malgré des défauts bien sentis.
De cet ouvrage, j’ai seulement regretté le faible nombre de cartes pour suivre les opérations.
Foch, une biographie par Jean-Christophe Notin. Aux éditions Perrin en 2008. 640 pages avec quatre cartes, notes abondantes, sources, bibliographie organisée, un index et remerciements.
[…] vous renvoie bien volontiers à mon appréciation de l’édition précédente […]