Un numéro toujours aussi passionnant pour la revue française leader sur le segment de l’histoire militaire de l’Antiquité à nos jours !
Le dossier central est consacré à la deuxième guerre punique et à « Hannibal contre Rome, l’énigme de la défaite carthaginoise »: 4 articles et 22 pages.
- Carthage contre Rome: l’autre guerre de Cent Ans. Par Pierre Grumberg avec Eric Tréguier. Rappel du contexte géopolitique des guerres puniques.
- Armées: mosaïque punique contre standardisation romaine. Par a. Revue des différences entre les deux belligérants: recrutement, organisation, encadrement, tactique. Les éléphants africains nous sont présentés comme plus petits que leurs congénères d’Asie… Ce n’est pas l’inverse ?
- La Trébie, Trasimène, Cannes: la triade triomphale. Par Eric Tréguier. Présentation des talents opérationnels et tactiques d’Hannibal. On peut aussi mettre en valeur ses qualités de ruse. Bon article. Par contre, je doute bien de l’assertion concernant Cannes: « On peut imaginer l’étonnement des Romains devant ces Africains ré-équipés à leur image, qui leur lancent des pila et combattent comme eux. » A ma connaissance, les piquiers africains sont équipés de la lance et combattent plus « à la grecque », non ?
- Pourquoi Hannibal n’a pas pris Rome. Eric Tréguier revient sur cette grande question que les historiens romains ont largement couvert par de « piètres qualités stratégiques » d’Hannibal et par les « délices de Capoue ». Eric Tréguier fouille le dossier et y trouve des causes plus géostratégiques et culturelles. Avec une interview de l’historien italien, Giovanni Brizzi, un « must have » sur le sujet.
- Et si Zama n’avait jamais eu lieu. Pierre Grumberg nous propose un point sur l’historiographie actuelle. Une approche bien intéressante.
- Globalement, un bon dossier qui met en valeur la difficulté posée par le manque de sources primaires, particulièrement du côté punique.
Les autres articles de ce numéro:
- Nikolaï Bystrov, un Soviétique au service de Massoud. Une interview originale de Yacha McLasha dans la rubrique « Exclusivité ». Le « lion du Panshir » savait se faire aimer, même de ses adversaires au point d’en faire… des gardes du corps !
- Indochine, marine brune contre drapeau rouge. Durant la guerre d’Indochine, les Français ont vite compris l’importance des fleuves et rivières tant pour les déplacements que pour les flux logistiques. Dans la rubrique « Caméra au poing », le colonel Michel Goya revient sur le sujet, l’adaptation de la Marine Nationale.
- Révolte des Taiping: le fleuve de sang chinois. Les révoltes populaires ont marqué l’histoire de la Chine. Laurent Henninger met bien en valeur l’importance de celle ci, au 19e siècle, qui fut un échec mais qui impacta le passage à la république et les révolutions à venir au 20e siècle… Original et bien traité !
- Alfred Liskow, le soldat allemand qui voulair sauver l’URSS. Par Yasha McLasha. Bon, le titre est quand même un peu exagéré… car déserter un 21 juin 1941 pour annoncer Barbarossa, c’était quand même bien tard. N’empêche que les services de renseignement soviétique ont été bien en dessous de tout car il ne fut pas le seul à annoncer l’attaque imminente….
- Noirs sous la bannière étoilée: un long combat vers l’égalité. Un sujet sensible sur les discriminations dans l’armée américaine, bien traité par Vincent Bernard. Historique du sujet de l’Indépendance à nos jours avec les personnages saillants de cette histoire.
- Les cigognes d’Abu Markub. Il s’agit de l’unité de Fieseler Storch chargée de la récupération des pilotes tombés en territoire ennemi durant la guerre du Désert de 1941 à 1943. Dans la rubrique « Opérations spéciales » de Jean-Dominique Merchet.
- Aegis, le bouclier numérique de l’US Navy. Encore un article brillant, il faut le dire, de Benoist Bihan. L’auteur écrit bien, met bien les éléments en perspective: origine, évolutions, impacts, avenir. On attend vraiment avec impatience son premier ouvrage. Let’s go, guy !
- « Foch n’est pas un vrai stratége ! » Laurent Henninger est allé interviewer le général André Bach à ce sujet. Bon, on le savait déjà mais c’est toujours utile de le dire tout en reconnaissant les qualités (et les défauts) du maréchal par ailleurs ! Lire et relire l’excellente biographie de Foch par Jean-Christophe Notin.
- La rubrique « A lire » est toujours aussi intéressante.
- Quiz: connaissez vous la Royale ? Jamais bien eu le pied marin, 12/20… 😉
- Navires de légende. Un éloge des « croiseurs auxiliaires » dans la rubrique « D’estoc et de taille » par Charles Turquin.
Guerres & Histoire n°27. Numéro d’octobre 2015. Un magazine des éditions Mondadori que vous pouvez retourver sur Facebook.
Non, Jean-Luc. Les éléphants carthaginois sont d’une espèce plus petite que l’éléphant des savanes africaines, sauf peut-être Surus qui était peut-être d’Asie (d’où son nom-le Syrien, Suros en Grec). Je te conseille « Les éléphants de guerre dans l’Antiquité » de Pierre Schneider à ce propos. Par ailleurs, les Puniques sont certes à l’origine équipés comme des phalangistes (ou des hoplites selon la période), mais ils se rééquipent (avec leurs alliés) après les premiers succès d’Hannibal.
Hello Benoît,
Très intéressant, en effet sur les éléphants, j’ignorais cet élément. En même temps, plus petit ou plus grand, ça ne change pas vraiment l’effet de l’arme « pachydermique » ! 😉
Pour le pilum, j’ai un gros doute. Voir ma réponse à Pierre Grumberg ci dessous.
Dans tous les cas, ça réveille ma passion pour le combat antique ! Merci, les gars ! 😉
Ah, les pila carthaginois à Cannes… Ca peut paraître surprenant en effet. Mais il semble bien (comme l’explique le dossier) qu’Hannibal a rééquipé une partie de son armée avec les armes romaines saisies à la Trébie et au Lac Trasimène. Preuve qu’il savait s’adapter.
Récupérer les armes, pas de problème. Mais là, on parle de fait de pratique du combat. Mon passé de figuriniste antique et médiéval me rappelle bien les différentes formes de combat des anciens. J’ai un doute profond sur la capacité de changer de méthode de combat en fonction de l’équipement récupéré. L’organisation manipulaire, la projection des pilas avant le contact et le combat au glaive des Romains, ça fait quand même une sacrée différence. Là, je suis vraiment curieux d’avoir des sources sur le sujet !
Non, récupérer des armes et de l’équipement ne signifie aucunement adopter la tactique de l’adversaire. On ne doit pas imaginer des manipules puniques ou celtes! Cela n’empêche tout de même pas une belle volée de javelots (mais cela ne s’improvise pas). En tout cas, une belle quantité de casques et de cottes de mailles ont dû faite biens de heureux…
Benoît,
Bien d’accord sur l’armement défensif. C’est sur le pilum que j’ai réagi. C’est une technique romaine bien particulière des Romains. Si mes souvenirs sont bons, un javelot et deux pila. Des jets avant l’impact puis le combat bouclier-glaive. Pas du tout adapté à un porteur de lance non entraîné à son usage. Mais s’il y a des sources, je suis vraiment preneur !
Notre discussion sur le pilum m’a interloqué…
J’ai donc parcouru quelques sources.
Selon Tite-Live et Polybe, le pilum semble apparaître au 5ème siècle…
Mais, au début, il semble qu’il s’agissait d’une simple tige de fer, de longueur très variable, enfoncée dans une lance en bois : un javelot lourd en quelque sorte.
D’ailleurs, il semble que le pilum était plutôt appelé hasta velitaris à ses débuts.
Le pilum était alors porté par les hastati uniquement.
Les rorarii (ancêtres des vélites) utilisaient des javelots légers : tiges de bois ou de fer.
Les principes et les triarii avaient, eux, une longue lance d’estoc et donc défensive (une petite pique) appelée hasta ultérieurement.
A proximité de Telamon (3ème siècle), on a retrouvé des fers de pilum en quantité.
Il semble que le pilum possédait alors deux rivets en fer afin que la tige de fer soit bien soudée à la hampe en bois.
Le fameux rivet en bois, en remplacement d’un des deux rivets en fer, semble avoir été adopté par les armées de Marius, à la fin du 2nd siècle.
Je pense qu’il ne faut pas voir le pilum des armées d’Hannibal comme l’arme décrite dans les armées de Marius : le pilum, pendant la 2nde guerre punique, devait être alors une arme bien moins sophistiquée et normée (et la tactique des romains également, d’ailleurs).
Des volées de javelots lourds : oui, pourquoi pas.
La technique du pilum, si particulière aux armées de Marius : non.
Tout cela à mon très humble avis, bien entendu. 🙂
Bonsoir Fred,
J’tais sûr que ça allait te titiller… 😉
Voilà des éléments de plus au débat ! Qui dit mieux ?
En fait, le problème est plus de savoir si des « piquiers/lanciers » puniques balancèrent des « javelots lourds » romains avant le contact… Suis toujours à la recherche de sources concernant ce point évoqué par Eric Tréguier dans son article.
Je trouve ça bougrement intéressant ! Merci à tous !
JLuc
Je vais demander à Eric Tréguier et Guillaume Reich, nos spécialistes là dessus, et aussi relire ce que dit Yann Le Bohec dans son histoire militaire des Guerres Puniques.
Bien aimable, Pierre, bien aimable ! 😉
Lazenby est selon moi également une très bonne source moderne… mais anglo-saxonne. 😉
Pour ceux intéressés par J.F Lazenby:
http://www.amazon.fr/J.-F.-Lazenby/e/B001KIIQ02/ref=dp_byline_cont_book_1