Un Vae Victis sans surprises…

J’ai découvert ce numéro de Vae Victis durant mon vol entre Paris et Douala au Cameroun. Environ une heure de lecture.
Mon impression générale est: un numéro ranplanplan….

De facture toujours classique avec les mêmes rubriques dans les mêmes formats. Avec l’abandon du « format avec jeu en encart », la rédaction de Vae Victis nous ressert quasiment la même formule depuis 15 ans. Il y en a qui aiment; personnellement, je trouve ça ranplanplan… Surtout qu’à côté, j’ai reçu mon Battles Magazine n°3 bourré d’innovations… as usual (faut il rappeler que ce magazine français est édité en anglais…).

Au sommaire de ce numéro 91 de Vae Victis:

  • un éditorial…ranplanplan, comme d’hab, du rédac’chef Nicolas Stratigos. Aucune excuse, il restait bien 6/8 lignes libres en bas de page ! N’a ti’il rien à dire aux lecteurs ? Finalement, je le comprends, il n’a rien à annoncer effectivement.
  • une rubrique Nouveauté Hexagones riche d’une douzaine de simulations présentées. J’ai particulière apprécié le travail de Frédéric Bey sur Wallace’s War et celui de Lionel Jarry sur RAF.
  • une belle analyse de Storm over Taierzhuang par Luc Olivier. Luc est un concepteur reconnu (j’attends d’ailleurs avec impatience la ré-édition de son excellent Dien Bien Phu chez Hexasim !), ça se sent quant il décortique un wargame. Les forces et les faiblesses du système sont bien mises en lumière avec le débat sur les conditions de victoire qui ont fait chauffer ConsimWorld. Bean travail as usual !
  • Kawanakajima ! Qu’est ce ? François-Xavier Euzet nous livre son analyse de ce jeu d’Hexasim consacré au moyen âge japonais. L’époque ne me passionne pas mais c’est bien fait comme cette simulation me semble t’il !
  • Caucasus campaign. Hervé Borg nous livre sa réflexion sur cette campagne sur lequel bien peu d’éditeurs s’étaient penchés jusqu’ici ! Mark Simonitch, le designer, n’est pas n’importe qui et l’éditeur, GMT Games, non plus.  Visiblement un bon jeu dans lequel le Soviétique a du potentiel pour contrer une blitzkrieg en bout de course. Lisez ou relisez à cette occasion le Stalingrad de Jean Lopez. Malgré le titre de son ouvrage, vous comprendrez mieux les enjeux et les difficultés rencontrés par les Allemands pour cette campagne du Caucase !
  • Totensonntag. Là, déception ! OK, c’est un compte-rendu de partie mais quand on ne connait pas le jeu, on décroche rapidement ! Une introduction décrivant les concepts de ce jeu eut été la bienvenue… Peut être y a t’il eu un article dans un numéro précédent de Vae Victis ? Mais je n’avais rien sous la main… Donc peut mieux faire ! Désolé, François !
  • 1805, sea of glory. Les campagnes navales n’ont pas toujours été à l’honneur chez les éditeurs de wargame. GMT Games nous sort visiblement une bonne simulation de la campagne navale de 1805 qui se solda par un Trafalgar retentissant ! Un bon article de Julien Bonnard.
  • Elusive Victory ! Toujours chez GMT Games ! Et sur un sujet rarement traité également: les campagnes aériennes au Proche-Orient de 1967 à 1973. Antoine Thévenon sur son blog Sfameyr nous avait gratifié d’une belle présentation et de deux scénarios. Philippe Allard vient compléter l’information avec une présentation complète mais traditionnelle en deux pages.
  • C’est fini pour les bonnes choses ! Mais vous allez me dire que finalement, je suis content. Ben non, je vous dis que je trouve ça ran plan plan ! Ce ne sont pas les auteurs que je mets finalement en cause, c’est la rédac’: un format constant par analyse (2 pages), une mise en page sans surprise… En fait, mon problème ce n’est pas « ran-plan-plan Vae Victis » mais « gorgeous Battles Magazine » ! Si je prends l’article de Julien Bonnard sur 1805, Sea of glory,  il a eu trois pages pour s’exprimer. David Hughes en a eu 7 dans Battles Magazine avec deux photos pleine page mettant bien en valeur le relief de ce jeu à blocs. Dans l’article que consacre Nicolas Eudin à Richard III de Columbia, toujours dans Battles n°3, il a 6,5 pages pour s’exprimer avec un insert d’une interview du concepteur, Jerry Taylor, et une rubrique News…. Bref, les analyses de Vae Victis se retrouvent coincées entre les informations que nous délivrent désormais blogs et forums sur les sorties de jeu et les analyses plus en profondeur d’un magazine comme Battles ! C’est pour ça que je trouve cela ran plan plan… Il faut se renouveler !
  • La « big red one » en Sicile sur l’engagement de la 1st Infantry Division par Philippe Naud. J’ai toujours du mal à comprendre désormais l’intérêt de cette rubrique: 4 pages d’un historique déconnecté du jeu en encart. Le seul moyen trouvé est de lui associer un scénario d’ASL, un autre pour En pointe toujours ainsi qu’un scénario pour figurinistes. Cela devient incohérent pour moi… toujours le syndrome « on fait plaisir à tout le monde ».
  • L’empire romain et sa défense. Un excellent article synthétique (2 pages) de Frédéric Bey ! C’est clair que quand Semper Victor est à la manoeuvre, le niveau des articles monte ! Ce n’est pas la première fois que je fais ce constat. Mais 2 pages pour la défense de l’empire romain contre 4 pages pour une division en Sicile…
  • Le jeu en encart: Pax Romana. Je m’excuse d’avance auprès de Stéphane Theillaumas. Mais là, on touche le fond de la régression… Un système conçu, je cite: »initialement comme un jeu coopératif pour permettre à des classes entières d’élèves de 6ème ou de cycle 3 de se familiariser avec la géographie et les problèmes de développement de la défense de l’empire romain… ». Bon, pourquoi pas ? 2 pages de règles, des pions on ne peut plus basiques, une carte jaune et bleue… bref… je zapperai celui là aussi… en attendant le Suez 1956 d’Amaury. J’espère… En fait, c’est toujours mon principal reproche à Vae Victis, un format  de jeu ranplanplan qui ne laisse pas la possibilité aux concepteurs de s’exprimer. Je continue à penser que Battles Magazine a, quant à lui, trouvé le bon format DIRECTEMENT: 140 pions, 6 à 8 pages de règles, des composants de qualité. Exit les jeux en encart de Vae Victis ! Messieurs les concepteurs, proposez vos bons jeux à Battles Magazine, ils sauront les mettre en valeur ! Plus à Vae Victis !
  • Une page d’add-on pour Les nettoyeurs de Patrick Receveur.
  • ensuite, on passe aux pages pour les figuristes que je vais parcourir rapidement: deux pages d’Alexandre Buchel sur les armées présentes au tournoi Argentoratum avec de belles photos, un autre scénario sur la Sicile 43, une règle skirmish sur la période 1914-1950 (sic) avec de belles figurines sur la guerre civile espagnole, l’armée roumaine dans Flames of War, deux pages toujours de nouvelles règles avec figurines par l’inusable Jean-Philippe Imbach qui doit en avoir désormais une large bibliothèque…, les ridicules parades de figurines métal et plastiques (le web en est plein, plein, plein…)
  • une page unique, toute aussi ridicule (parce qu’unique) sur un jeu informatique, Empire of Steel… Rappelez vous: il faut plaire à tout le monde !
  • Quatre pages de compte-rendus de tournois aux photos rikiki… Franchement, faudrait que Vae Victis fasse vivre cela plutôt sur le web. C’est sa place ! Bon, c’est sûr que ceux qui sont sur la photo ou qui ont leur nom cité sont contents…
  • enfin, la rubrique qui sauve le tout, la toujours excellente revue de livres de Laurent Henninger ! Franchement, elle me manquerait si Vae Victis disparaissait… Je l’inviterais bien volontiers sur mon blog… 😉
  • à noter… le retour des annonceurs… ce qui est plutôt bon signe… 3,25 pages d’annonceurs hors Histoire & Collections…

Pour résumer, j’espère que vous avez compris ma perception ranplanplan de ce numéro de Vae Victis, toujours engagé dans la réduction des frais donc des jeux en encart et dans la stratégie du « Il faut plaire à tout le monde » au risque de ne plaire à personne. Bon allez, je m’en retourne à mon Battles Magazine 3. OK, il est en anglais, mais il est dense, innovant et le jeu de Laurent Guénette, A week in Hell, est une petite merveille de conception et de qualité graphique. Argh, que j’ai aimé Vae Victis !

Vae Victis n°91 de mars-avril 2010 est édité par Histoire & Collections.

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