Flammarion ressort, dans la collection Champs Histoire, cette relation de la bataille d’Andrinople (9 août 378) par l’historien italien Alessandro Barbero. Cette défaite romaine marqua définitivement le déclin de l’empire romain face aux barbares.
Je ne peux qu’inciter vivement ceux qui n’ont pas encore acquis cet ouvrage important de le faire sans délai.
Voici mon commentaire de l’édition française originale parue en 2006.
Petit ouvrage remarquable sur un sujet de l’histoire antique rarement traité : la bataille d’Andrinople en 378 après JC. Barbero en fait l’épisode de l’histoire de l’Occident qui va précipiter, dans un siècle, la chute de l’empire romain. Au-delà du sujet rarement traité en langue française, on appréciera le style de cet historien italien. Comme de nombreux auteurs anglo-saxons, Barbero nous livre un ouvrage à la fois érudit (cf les notes et la bibliographie) et très vivant dans la façon de présenter et d’expliquer les faits dans une écriture largement tournée vers la compréhension et le plaisir du lecteur.
Lire également son passionnant Waterloo sorti en 2005 et 2008 (poche) toujorus chez Flammarion..
Bonsoir,
Juste pour vous remercier car c’est directement suite à votre post que j’ai acheté ce petit livre vite lu.
Si (encore) l’auteur semble laisser passer quelques éléments idéologiques contemporains, il n’en demeure pas moins que ce livre facile à lire m’a permis de découvrir une période totalement inconnue : les invasions barbares.
Mes connaissances de départ se limitait à quelques réminiscences de très anciennes lectures (bio d’Attila) et à la pratique assidue de Kaamelott… c’est dire que je partais vraiment de peu au niveau historique !
Cette lecture m’a donc plu nonobstant certaines appréciations transpirant une idéologie que je ne partage pas sur les « immigrés barbares envahissant l’europe », même si elle est très répandue en Italie (surtout au Nord 😉
Merci donc de cette recommandation que je confirme.
Cordialement,
CM
@CM
Merci pour ce retour ! Comment ? Les barbares n’auraient pas envahi l’empire romain ? 😉 Barbero, comme Victor Hanson, s’inscrit dans une démarche qui vise à faire parler les faits historiques pour nos contemporains. ça peut parfois surprendre mais il faut penser à tous ceux qui ne s’intéressent pas à l’Histoire autant que nous !
Mais on, il y a bien eu invasion par les barbares, rassurez moi ? 😉
Si j’ai bien compris le livre, les barbares ont fini par submerger un Empire romain qui les a laissé rentrer au départ… Empire qui de mémoire excédait largement l’Europe actuelle.
En tout état de cause, dans son contexte (je n’ai pas le livre avec moi) la tirade de l’auteur sur les « barbares » était suffisamment générale pour viser des situation totalement différentes et bcp plus « contemporaines ». D’où mon allusion à certaines thèses très en vogue en Italie du Nord.
Le pb de la mise en perspective est que cela devient vite politique.
Bref, ce que j ‘ai préféré, c’est l’étude de ce qui s’est passé à l’époque, pas les parallèles avec un aujourd’hui totalement différent… pour l’instant en tout cas 😉
Merci donc de cette présentation.
CM
Je ne suis absolument pas d’accord avec tes conclusions C.M. Je trouve cet auteur extrêmement modéré en matière d’idéologie politique, je n’en vois d’ailleurs aucune sujette à controverse. En terme de contemporain, il est très difficile de critiquer Barbero sur cet essai en se basant je pense sur d’autres écrits comme « Barbari. Immigrati, profughi, deportati nell’impero romano ». Quant aux appréciations relatives à la tirade sur « les barbares envahissant l’Europe », Barbero dit précisément le contraire. Il présente des théories extrêmement récentes présentant un Empire affaibli, nécessitant de la main-d’oeuvre et des mercenaires en grande quantité et des populations barbares en cours de romanisation occupant même des postes clés (notamment pour les Francs). Je ne comprends dés lors pas ce que tu reproches en ces termes à l’auteur. Ce bouquin est extrêmement juste en matière de documentation (peut-être pourrions-nous voir une simplification quelque peu excessive (et encore, la vulgarisation m’a semblé soutenue et nécessaire).
@Christophe P: Je considère, pour ma part, Barbero comme l’un des grands historiens de notre temps. Il s’inscrit dans une ligne bien connue dans les pays anglo-saxons et représentée par des historiens tels que Keegan, Hanson ou encore Beevor: un récit souvent très bien écrit, une recherche de points d’accroche pour aider leurs contemporains à entrer dans l’Histoire. Quand je vois la critique portée sur ces historiens là, je suis toujours surpris par le manque de critique sur la méthode utilisée par ceux qui ont revisité l’histoire en profondeur à travers une grille de lecture marxiste durant plus de 50 ans. J’ai connu pour ma part cette période et ces historiens là, je leur préfère largement Hanson, Keegan, Barbero, Brizzi, Le Bohec pour en citer quelques uns… Mais tous les goûts sont dans la nature ! Merci d’être passé par ici !
J’ai apprécié ce livre (comme je l’ai écrit) avec un bémol sur certains paragraphes relatifs à « ‘l’invasion immigrée destabilisante » qui me paraissaient plus liés à des tracts de la Ligue du Nord, du FN ou des conférences de presse de l’actuel ministre de l’intérieur qu’à des travaux historiques sérieux (surtout sans guillemet source ni distance de l’auteur).
Il s’agissait d’un bémol parfaitement fondé, qui n’enlève rien à la qualité du reste de ce livre.
Si certains lecteurs ne l’ont pas vu, ou n’ont pas été interpellés, cela ne me dérange pas, chacun est libre de ses opinions.
En revanche, ce qui commence à me gêner sérieusement c’est l’absence total de respect d’un avis différent, ou d’un bémol sur un auteur. Le fait d’apprécier le travail de quelqu’un n’empêche pas d’avoir un regard critique. personne n’est parfait et je ne connais aucun historien « objectif » (chaque homme travaille avec ses opinions, son bagage personnel, ses peurs et ses failles – moi le premier)
Alors quand on prend la peine de relire les réactions violentes ou de parfaite mauvaise foi de certains lorsqu’on a l’outrecuidance d’oser critiquer des auteurs devant lesquels il faudrait se prosterner (cf Lopez and Co), ou l’échange présent sur Barbero où je n’ai même plus le droit d’oser mettre un bémol sur certains développements inutiles et « limites » de l’auteur (désolé je n’ai pas trouvé de distance ou de guillemets sur ces paragraphes) qui me paraissent trahir une opinion que je ne partage pas.
Cela me paraît mauvais signe sur la tolérance vis à vis des opinions d’autrui.
CM
@CM: pas de problème sur le « droit » d’exprimer une différence sur Barbero ou d’autres. Le but des blogs est de discuter sur nos « aimables différences ». Mais d’autres ont le même droit. Je n’ai pas perçu comme toi le texte de Barbero sur les points que tu évoques. Mais ce n’est pas un problème. Tu noteras que mon dernier commentaire ne te visait pas personnellement mais qu’il portait sur la critique général d’auteurs comme Hanson, Keegan, Barbero, Le Bohec and so on… Pour résumer, je suis heureux des échanges sur mon blog autour de ce que j’appelle,je le répète, nos aimables différences. Bonne fin de semaine. JLuc 😉
Pas de soucis, c’est une plus réaction liée à une tendance générale, Christophe P. étant resté parfaitement courtois.
Je ne le visais pas non plus.
En revanche, je répète que certaines tournures de phrases, certaines expressions employées sans guillemets ni distance laissent transpirer une opinion, qui n’est peut-être pas celle de l’auteur. C’était juste un « bémol » au passage.
Mais cela reste (je l’ai déjà écrit mais je le répète) un excellent livre qui m’a fait découvrir une période bien plus complexe et fascinante (pas fascisante 😉 ) que ce que l’on croit…
@CM: alors ok, tout va bien. Bon week-end ! JLuc 😉