En ce jour d’arrivée du président rwandais, Paul Kagame, en France, il n’est pas inutile de se remémorer quelques leçons de géopolitique concernant la géopolitique de l’Afrique des Grands Lacs: Congo, Rwanda, Burundi, Ouganda, Tanzanie…
J’avais découvert l’histoire récente de cette région au travers d’un ouvrage antérieur de Pierre Péan, « Noires fureurs, blancs menteurs« . J’ai approfondi peu à peu mes lectures sur le sujet au travers de témoignages (Jacques Hogard, Jean-Claude Lafourcade, Patrick de Saint-Exupéry et Didier Tauzin) mais aussi les ouvrages de l’historien de l’Afrique, Bernard Lugan.
Carnages, le dernier ouvrage de Pierre Péan, vient compléter intelligemment le travail d’enquête qu’il avait réalisé dans « Noires fureurs, blancs menteurs ». Dans ce dernier, l’auteur s’était concentré sur la guerre au Rwanda et sur le génocide de 1994. Dès le début de l’ouvrage, il reconnait n’avoir pas assez embrassé les enjeux géopolitiques des conflits de la zone et avoir sous-évalué le rôle des grandes puissances non africaines dans ces conflits.
L’objet de « Carnages » a donc été d’enquêter sur les tenants et les aboutissants de la politique africaine des grandes nations autour des grands lacs du centre de l’Afrique.
Si on ne retrouve, chez Pierre Péan, les qualités d’analyse géopolitiques d’un Gérard Chaliand ou d’un Yves Lacoste, on n’en est pas moins impressionné par son travail d’enquête systématique quoique parfois confus à la lecture. Il y a du Gordon Thomas dans la manière d’écrire de Pierre Péan tout du moins sur les sujets gris de la diplomatie internationale.
Si Pierre Péan revient sur la Francafrique et sur la guerre de 1994, il va rechercher des responsabilités dans les choix de l’administration américaine, chez les Britanniques mais aussi en Israël. Dans le « grand jeu » de la fin du 20ème siècle et du début du 21ème, la thèse de Péan est que le combat contre l’islamisme soudanais et la recherche du contrôle de zones à sous-sol particulièrement riches (Congo, Soudan) ont amené l’axe anglo-saxon soutenu par l’état hébreu, à diriger, soutenir et agir de manière à contrôler au plus près les Grands Lacs au risque de générer déstabilisations et massacres en série.
La thèse est construite, quoique parfois confuse. Pour moi, un ouvrage essentiel pour ceux qui s’intéressent aux conflits en Afrique centrale.