Un n°34 qui sort de ses sujets militaires traditionnels. Il faut oser; pour ma part, j’ai trouvé cela intéressant !
Deux excursions hors du domaine militaire:
- Les espions et la guerre: renseignement et sabotage sont indispensables aux opérations militaires et constituent sans nul doute l’un des aspects les plus dangereux d’un conflit pour ceux qui exécutent ces missions. Ligne de front nous propose de découvrir les profils exceptionnels d’espions ayant œuvré dans tous les camps: Richard Sorge au profit des Soviétiques, Bob Maloubier et Virginia Hall au profit des Alliés et « Cicéron » pour son intérêt et l’Allemagne nazie. A la baguette, Philippe Richardot signe l’article sur Sorge (je pense que c’est une première pour le magazine, non ?), François Kersaudy signe les trois autres et de belle manière ! Trois articles de Xavier Tracol viennent compléter le dossier: les tentatives d’implanter des agents de l’Abwehr aux États-Unis, les armes des espions et l’opération Salaam, peu connue, pour implanter un réseau d’espionnage allemand au Caire. Les Allemands, visiblement, ont brillé au niveau amateurisme que ce soit aux USA ou en Égypte… Bon ok, l’affaire « Cicéron » n’est guère flatteuse non plus pour le Foreign Office et la sécurité britannique… 😉
- Himmler ou l’obsession de la pureté. Les magazines des éditions Caraktères ne font guère de cadeaux aux dignitaires de l’ordre noir. On avait pu s’en rendre compte déjà dans le numéro spécial consacré aux généraux de la Waffen SS. Ici, c’est du grand ordonnateur de la SS qu’il s’agit avec cette première partie d’une biographie d’Heinrich Himmler. Alexandre Thers s’attaque à ce personnage central du système nazi de sa jeunesse à l’entrée en guerre. On se demande toujours comment de tels individus ont pu être investis d’un tel pouvoir. L’article d’Alexandre Thers est assez clair à ce sujet.
Les autres sujets sont plus « classiques » dans un magazine d’histoire militaire du XXème siècle:
- La bataille pour Gela par Fabrizio Carloni et David Zambon. Deux auteurs nouveaux dans la revue, à ma connaissance, qui connaissent très bien l’angle italien de leur sujet et ce n’est pas fréquent ! Gela était une position clé dans le cadre de l’opération Husky en juillet 1943 qui vit l’invasion de la Sicile par les Alliés. Un article assez classique au niveau de la narration mettant bien en valeur les performances des troupes de l’Axe, insistant sur les faits d’armes italiens, les tracas de la division « Herman Goering » et les faiblesses des Alliés, voire leurs crimes de guerre. OK, faut rétablir les déséquilibres mais bon… à ce point ? 😉
- Les combats pour la forêt de Hürtgen. Les Alliés rentrent en Allemagne et les derniers mois de la guerre ne seront pas tous des promenades de santé au fond des bois. Surtout dans cette forêt proche d’Aix-la-Chapelle… Une bonne narration des combats sur ce terrain difficile qui nous est proposée par Pierre-Edouard Côte. Intéressant.
- La Panzer-Grenadier-Division « Feldherrnhalle ». Un article très très classique d’Alexandre Thers sur une division « originale » car, plus ou moins issue des SA. J’avoue ne pas l’avoir terminé…
Numéro de Janvier et Février 2012 proposé par les éditions Caraktères.
Bonjour Jean-Luc,
Merci d’avoir laissé quelques mots sur l’article de Fabrizio (qui s’est occupé de la partie allant jusqu’au 10 juillet), que j’ai étoffé pour inclure la contre-attaque du 11. En effet, la bataille est examinée (même si l’on ne peut entrer dans toute une série de détails) à travers le prisme des unités de l’Axe, avec la volonté de mettre en évidence que tous les combattants italiens, en particulier, n’ont pas déposé les armes à peine la silhouette des navires anglo-américains aperçus à l’horizon, comme le voudraient les traditionnels poncifs. C’est probablement la raison pour laquelle tu as pu ressentir un certain « déséquilibre ». Pour ce qui concerne les crimes de guerre, il est vrai que les aborder est toujours délicat. Sois certain qu’il n’y a aucune volonté sous-jacente de stigmatiser les Américains, mais il faut avouer qu’ils sont souvent impliqués dans ce genre d’actes (même Clostermann le souligne, dans son arme). Faisant malheureusement partie intégrante de la bataille, les passer sous silence aurait été synonyme de négligence.
Amicalement,
DZ
@David Zambon: pour tout dire, j’ai trouvé très bien d’avoir, enfin, un éclairage « de l’autre côté de la colline ». Mais je crains que cela puisse être mal interprété effectivement. Mais continuez dans cette voie, il y a tellement de choses à rétablir sur l’armée italienne ! Merci d’être passé par ici ! JLuc
« avec la volonté de mettre en évidence que tous les combattants italiens, en particulier, n’ont pas déposé les armes à peine la silhouette des navires anglo-américains aperçus à l’horizon, comme le voudraient les traditionnels poncifs. »
Qui prend encore pour argent comptent les écrits des années 50-80 ? Je veux dire entre les différents forum anglophone et francophone sur l’armée italienne, les bouquins de Jack Green, Rex Trye, Ian Walker etc. (ok pas traduit en France), voir même vos article dans les 39-45mag des années 90 (si ma mémoire est bonne) on a une vision de l’armée italienne qui à évoluer. Est-ce vraiment nécessaire d’y revenir dessus encore et encore avec ce couplé sur les poncifs en 2011 ?
J’ai l’impression que ce n’est pas en faisant un retour de balancier forcé sur l’autre côté que ça aide à rendre crédible ses idées. Notez que j’ai le même problèmes avec Lopez qui discrédite tellement l’armée allemande et ses généraux que j’en viens à me dire que le russe n’ont pas eu à faire grand chose pour gagner la guerre et dévalorise (à mon sens) le formidable accomplissement de l’armée rouge.
Trop n’est pas forcément l’ami du bien.
Bonsoir,
Si les poncifs sur les forces armées italiennes sont en effet moindres aujourd’hui, ils existent toujours. Et pour la campagne de Sicile en particulier. Je ne me souviens pas d’avoir lu une étude récente sur « Husky » qui soit à jour sur ce point. Il y a eu des redditions importantes en Sicile, mais, comme toujours, il convient d’être nuancé et, surtout, d’expliquer le contexte. Par ailleurs, je n’estime point « contrebalancer » outrageusement les vérités. Vous parlez de « trop », de « crédibilité »: merci de me fournir quelques exemples concrets qui mettraient en évidence ces exagérations. Après des décennies d’inepties et de travestissement de l’histoire, je conçois que cela puisse « étonner » (comme les ressortissants étrangers qui s’amusent de nous voir, nous Français, dans le camp des vainqueurs… j’ai eu maintes fois l’occasion de le constater!). Le but de mes travaux n’est que de reconstruire et si possible d’expliquer les faits à travers le prisme des sources italiennes qui, trop souvent (et même chez les auteurs les plus sérieux), sont laissées pour compte. Même Max Schiavon, excellent chercheur et auteur de très bonnes choses sur la bataille des Alpes en juin 40, les ignore presque totalement dans son dernier opus. Les auteurs anglo-saxons, quant à eux, prennent le plus souvent comme excuse leur incompétence dans la langue de Dante pour expliquer l’absence de travail sur les sources italiennes (c’est le cas de Craig Stockings, même si son « Bardia » est passionnant, exhaustif et met fin lui aussi à bien des mythes sur cette bataille). Il y a encore du travail… et c’est tant mieux!
Cordialement,
DZ
@Joma et @David Zambon: je pense que globalement la perception des performances de l’armée italienne dans la seconde guerre mondiale reste entachée de bien des poncifs auprès d’un large public. Joma, tu fais référence à des ouvrages anglo-saxons lus seulement par quelques spécialistes comme toi. Le fait de corriger le tir dans des magazines me semble être une très bonne chose. Je ne pense pas que les auteurs de l’article cité en référence en aient fait trop mais je pense qu’il y a un tel écart avec la perception « traditionnelle » que cela pourrait faire douter. Il y a ici, comme dans les travaux de Cédric Mas, toujours sortis chez Caraktères, un vrai travail intéressant pour mettre les choses en perspective … from the other side of the hill comme le dirait mon cher Wellington ! Merci dans tous les cas pour votre débat ici. Bien amicalement et une bonne et heureuse année 2012 à vous tous ! JLuc
« Par ailleurs, je n’estime point « contrebalancer » outrageusement les vérités. Vous parlez de « trop », de « crédibilité »: merci de me fournir quelques exemples concrets qui mettraient en évidence ces exagérations. »
Je ne parle pas forcément d’exagération, je me suis sans doute mal fait comprendre et je m’en excuse. Mais on peut, et on doit, pouvoir parler d’un sujet sans forcément avoir une attitude combattante, surtout quand il s’agit d’un sujet abordé depuis déjà une dizaine d’année. Le défrichage sur la remise à niveau de l’armée italienne n’est pas une idée nouvelle, elle est, je pense, déjà implanté dans l’esprit des lecteurs d’histoire de mag militaire par l’entremise autant de 39/45mag que de Militaria qui à l’époque (année 90) était quasiment les seuls sur le marché. C’est cette idée qu’il faut absolument changer les idée du lecteurs qui me gène, comme si le lecteurs de base n’était pas capable de se faire son opinion depuis le temps devant les fait présenter sur un laps de temps plus ou moins long.
J’ai l’impression qu’il y a des sujets qui sont « geler » dans la tête des historiens. La campagne de France, l’armée italienne, l’armée rouge, la supposé supériorité des panzer, etc. Et qu’a chaque fois qu’on parle de ses sujets, quelque soit les découvertes et avancées sur le sujet on doit avoir droit à la remise à niveau et les points sur les i, alors que je pense qu’on pourrait s’en passer (désolé si je ne suis pas forcément clair, mais bon, je ne suis pas journaliste. :p).
« Joma, tu fais référence à des ouvrages anglo-saxons lus seulement par quelques spécialistes comme toi. »
JL ce sont des livres trouvable sur amazon (quoique les Green doivent difficile à trouver ok), y a rien de spécialistes la dedans ou alors lire un livre devient une spécialité, et là, on peut plus rien faire pour l’homo sapiens. 😉
« Je ne pense pas que les auteurs de l’article cité en référence en aient fait trop mais je pense qu’il y a un tel écart avec la perception « traditionnelle » que cela pourrait faire douter. »
C’est justement ce que je veux tenter d’exprimer, je ne suis pas certain qu’il y ait un tel écart de perception et donc qu’ont peut traiter ce sujet comme d’autre de manière traditionnel, sans ajouter l’idée de faire changer ses perceptions.Quand on lit un article sur par exemple l’emploie de la 21Pz devant Caen, il n’y a pas volonté de l’auteur de changer la perception de l’engagement, je ne vois pas pourquoi il devrait en être autrement avec l’emploie de la 28ème division Aosta, pour moi ce qui prime c’est le récit des combats et des faits présenter; faits qui parle forcément d’eux même.
@+
@Joma: ouvrages anglo-saxons… justement… la plupart de nos concitoyens ne lisent que le français… y compris moi même par choix…
@Joma: compris et en phase sur ton dernier point.
Bonnes fêtes de Nouvel An ! 😉