Il s’agit là d’un des tous premiers wargames publié par GMT Games en 1990. Il est consacré à l’opération Market Garden en Hollande en septembre 1944.

Il présente l’intérêt, selon moi, de simuler l’opération Market Garden dans un format relativement jouable sur des tables courantes (tout comme Hell’s Highway de Victory Games en 1983) mais à l’inverse de Highway to the Reich (SPI en 1976 et Decision Games en 2008), Devil’s Cauldron (MMP 2008) & Where Eagles Dare (MMP 2011) ou encore It Never Snows (MMP 2013).

L’échelle est le bataillon pour les unités, un mile (1,6 km) par hexagone et deux tours par jour.

Nous avons donc là la possibilité de simuler l’assaut aéroporté des trois divisions alliées et la remontée de plus de 100 kms du canal Meuse-Escaut jusqu’à Arnhem en passant par les ponts clés de Grave et Nimègue. Le problème de l’opération est bien connu: relever les trois divisions aéroportées le plus rapidement possible en prenant les ponts successivement de manière à basculer ensuite vers la Ruhr et mettre fin à la guerre en 1944. Tel était le projet risqué pris par Montgomery et validé par Eisenhower d’ailleurs.

Pour en revenir à Air Bridge to Victory, il faut d’abord dire que si les pions sont classiques, le graphisme de la carte laisse vraiment à désirer. C’est d’ailleurs ce qui m’avait tenu éloigné de ce wargame pendant de nombreuses années malgré l’intérêt porté à cette simulation. Mon camarade de wargame, Frédéric (Fred59), a procédé à un relookage et à un agrandissement de cette carte améliorant franchement les choses !

Le résultat (à gauche, la nouvelle version; à droite l’ancienne).

 Les DZ (dropping zones) sont imposées , les renforts arrivent de manière historiques mais peuvent être impactés par la météo (pour les aéroportés) ou par le timing réussi de l’opération au sol pour le XXXe Corps. Il n’est pas possible, comme dans « It Never Snows » d’ajuster ses renforts aéroportés en fonction des besoins et c’est bien dommage. Les ponts essentiels (Grave, Nimègue et Arnhem) ne peuvent sauter que si l’Allemand le décide et s’il a des unités des deux côtés du pont dont une unité de génie. Pour les autres ponts, cela dépend d’un jet de dé (30%) dès qu’une unité alliée devient adjacente. Ici, les ponts sont réparables par les unités de génie pontonnier intégrées au XXXe Corps.

A la pratique, la simulation tourne bien avec des renforts allemands dérangeants le long de l’axe routier, les embouteillages devant les ponts détruits, la lente réduction de la poche d’Arnhem, le renforcement progressif des zones couvertes par les divisions aéroportées.

En fait, le seul point noir, selon nous et il est de taille, réside dans le système de combat inutilement complexe:

  • trois tables de combat: bombardement – manœuvre et assaut et de nombreux modificateurs
  • en fait, on part d’une bonne idée: distinguer les natures de combat mais on aboutit à un système lourd qui fait perdre beaucoup de temps dans la préparation et la résolution des dits combats
  • comme en plus, la résolution se fait avec un d10 – on peut arriver à des résultats très surprenants au final – j’ai une nette préférence pour les 2d6
  • en même temps, globalement, on retrouve bien les difficultés rencontrées particulièrement en combat urbain mais d’une manière bien laborieuse

De fait, et pour cause de vacances, nous avons arrêté au tour 5: Eindhoven, Grave, Nimègue prises par les Alliés, la poche d’Arnhem se résorbant très lentement. Il nous semblait évident que la victoire alliée devrait se réaliser dans les 17 tours restants… Par contre, l’inversion possible de l’initiative chaque jour et les coups d’épingle allemands le long de la « Hell’s Highway » vont régulièrement mettre hors de ravitaillement le XXXe Corps. En cela la simulation est bien efficace car l’Allemand peut débouler de partout si on n’a pas les yeux rivés en permanence sur les zones d’entrée des renforts allemands évidemment…

Donc au final, une version jouable de l’opération Market Garden  lourde sur les combats mais efficace pour le reste.

Air Bridge to Victory. Une simulation de Gene Billingsley chez GMT Games en 1990. Évidemment, ce wargame est épuisé au catalogue de l’éditeur…

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