Le retour d’un « vieux copain ».
C’est l’effet que m’a fait la lecture de ce numéro 10 de Battles Magazine dont nous avions bien peu de nouvelles depuis deux ans. Mais comme un « bon copain », on a l’impression de l’avoir quitté hier. Mark Herman disait récemment: « I think of Battles Magazine as a cross between the venerated Fire & Movement magazine with a wargame that follows the best traditions of Strategy and Tactics from the 70’s, albeit with top notch graphics. » Pour ma part, ça m’a fait toujours la même impression depuis le premier numéro. Et à ceux qui râlent régulièrement sur les retards de parution, j’ai envie de leur crier furieusement: n’oubliez pas que c’est le fruit du travail d’un homme seul, passionné: Olivier Revenu.
Dont’give up, Olivier, don’t give up !
Au sommaire de ce numéro 10:
- Let’s play global thermonuclear war. Par Matthew Kirschenbaum. Un article dense consacré aux simulations d’un conflit thermonucléaire potentiel durant la guerre froide. Débat d’un autre temps ? Ben, pas tant que ça; pour ma part, j’ai vécu en plein la période où l’apocalypse nucléaire planait sur nos têtes et où la trouée de Fulda aurait laissé 20 mn de survie aux unités US qui y stationnaient en cas de déboulé des unités d’assaut soviétiques… Avec rappel géopolitique, historique des simulations et analyse de Red Menace (White Dog Games), First Strike’62 (Schutze Games) et Fail Safe (S&T Magazine).
- Really small. C’est la rubrique régulière de Elias Nordling consacrée aux mini-micro jeux. Pas ma tasse de thé d’autant plus que les jeux proposés sont des series de Decision Games, éditeur devenu beaucoup top prolifique à mon goût ! La rubrique reste cependant bien intéressante !
- Bloody April (GMT Games). C’est David Moody qui nous propose une analyse en profondeur de ce jeu consacré aux opérations aériennes au dessus du Nord de la France en 1917. Bien complet.
- Pax Porfiriana (Sierra Madre Games). Des cartes, des blocs, des jetons. Bon… Faut aussi s’y connaître dans les révolutions mexicaines à la fin du 19ème siècle ! Pas ma tasse de thé ici aussi mais un sujet original que j’ai lu de bout en bout. Par Rob Winslow.
- Rising Sun (MMP). Ah ASL ! Je m’en suis éloigné depuis bien longtemps. Et bien Bruce Probst m’a (presque) redonné envie de m’y replonger. Il faut dire que la guerre en Asie et dans le Pacifique avec ses combats de jungle et ses assauts amphibies, ça a de la gueule ! Bon, à minima, l’article m’a donné envie de me repassé les dix épisodes de « The Pacific ». 😉 Avec des photos bien immersives !
- Roads to Moscow (GMT games). Bon, je n’ai pas encore pris les routes de Leningrad, encore moins celles de Moscou mais j’ai déjà en réserve ces deux jeux de Vance von Borries. L’article de John D. Burtt me confirme tout l’intérêt qu’il faut porter à cette série. qui bénéficie de la qualité de production de l’éditeur de référence qu’est GMT Games !
- Operation Commandos (Pegasus Bridge). Un article de Drago, pardon Thibault Nguyen de Cossette sur ce jeu « français » édité par Ajax Games. C’est clair et y a de l’humour mais je passe les jeux à cartes, désolé !
- The Guns of Gettysburg (Mercury Games). Bowen Simmons nous a livré, par le passé, deux pépites: Marengo et Austerlitz. Il s’est penché ce coup-ci sur la plus grande bataille s’étant déroulée sur le territoire des USA durant la guerre de Sécession. On retrouve ses magnifiques cartes à zone et ses blocs en bois. L’article de Nels Thompson m’est apparu bien clair… Il m’a donné envie d’acheter une boîte…
- Warfighter (DVG). Dan Verssen est un auteur et un éditeur prolifique. L’article de Mark Hatfield ne m’a pas vraiment donné envie d’aller voir cette production de plus près… d’autant plus que c’est ici aussi un jeu à cartes (ça commence à faire beaucoup quand même !). Mais pour l’instant, je continue de résister ! 🙂
- France 1944 (de feu Victory Games). Laurent Closier est allé nous dégotter cette pépite de 1986… pour nous proposer un excellent article principalement centré sur la table des combats très innovante. Avec un commentaire de novembre 2014 par Mark Herman, l’auteur. Excusez du peu ! 😉 Un article de référence.
- Dans une rubrique « War Academy »,Laurent Closier nous propose « The 10 commandments of Combat Commander » pour le jeu tactique éponyme de GMT Games.
- Indian Wars of the American West (Legion Wargames). Une présentation de Luc Olivier pour cette série consacré aux guerres indiennes. Legion Wargames atteint un très beau niveau de production désormais. Article bien complet avec présentation du système, des tactiques et des différentes batailles proposées.
- You’ve been coined ! The Coin Phenomenon. Par le « cousin du Canada » Marc Guénette (salut, Marc !). Une analyse détaillée et expérimentée de la « series » proposée par Volko Ruhnke chez GMT Games. J’ai beau être passionné par le sujet de la guerre de guérilla et contre-insurrectionnelle, je me suis, pour l’instant, tenu à l’écart de la série. Le fait de jouer souvent en solo, sans doute… Magnifiquement illustré, ça a de la gueule !
- Igo-Ugo, an unfairly maligned approach ? L’article du « professeur » Philip Sabin est consacré à la défense du vieux système des débuts du wargame: le système alternatif, « je joue – tu joues ». Une belle défense bien argumentée. Que les amateurs de « chits » ou « MA » en tous genres lui apportent le contradiction ! 😉 Un bel article consacré à la conception des wargames.
- Among the people. how my professionnal life influenced and has been influenced by the design of Navajo Wars. L’auteur du jeu éponyme nous fait rentrer dans ses réflexions autour de ce jeu publié par GMT Games en 2013. Une deuxième édition est dans le P500 de GMT Games.
- Guiscard, Cry Havoc Returns. Un article de l’Alsacien Laurent Schmitt sur un OVNI dans le domaine du wargame: la série Cry Havoc. Du beau jeu, du skirmish qui remonte à 35 ans en arrière. Et bien, il y a toujours eu une communauté autour de ce système qui reprend vie aujourd’hui ! Un article en profondeur qui revient sur la série initiale, sur la communauté, le rôle particulier joué par le graphisme dans la série, les points forts et les points faibles du système. Avec une interview du designer et illustrateur, Buxeria. Ici aussi, un article de référence !
- BCT Commander Kandahar (MCS Group). Bon ici aussi, il y a des cartes et des blocs mais cette série me fait de l’oeil depuis un moment en raison du sujet abordé: la guerre asymétrique en Afghanistan. Ce qui m’avait freiné jusqu’ici, c’était le design par Joseph Miranda. Mais bon, John D. Burtt pourrait grâce à son article me faire bien changer d’avis… Thanks, Mr Burtt !
- Heights of Courage (MMP). Une simulation passionnante de la guerre dans le Golan durant le Kippour 1973. Jeu paru dans la série « Standard Combat Series » de MMP. C’est une série que j’apprécie beaucoup et cet opus là est tout bonnement excellent avec ses deux temps bien distincts: l’attaque syrienne et la contre-attaque israélienne. Une simulation très tendue que j’ai eu l’occasion de jouer en duo et en solo. Une belle présentation de John D. Burtt.
- Enemy Coast Ahead (GMT Games). Thomas Billaud nous propose l’analyse de cette simulation des attaques de barrages allemands par les bombardiers de la RAF. Un sujet pointu pour les passionnés de la guerre aérienne. Je n’en suis pas vraiment mais j’ai trouvé l’article intéressant quant à la qualité et aux limites du système.
- Most wanted. Il s’agit de la rubrique de « libre expression » proposée par Battles Magazine aux designers pour parler de leurs productions en cours d’avancement avant édition. On attend toujours avec beaucoup d’impatience « Urban Operations » du français Nuts ! Publishing…
- To the last man (again). Dans un précédent numéro, il y avait eu une critique bien positive de ce jeu sorti initialement en DTP et reprise de belle façon par Nuts ! Publishing. David Hughes se livre ici à une critique bien plus négative du même jeu. Intéressant contrepoint ! A renouveler.
- Dinant 1940 (Rommel Superstar). Il s’agit de l’article historique qui présente le jeu en encart, WTF1940. Il est réalisé par l’auteur, Olivier Revenu, de bonne facture et sourcé.
- Human Geography, the map is not the territory. Charles Vasey a toujours une approche singulière de notre hobby et c’est souvent intéressant. Il nous propose ici sa réflexion sur l’absence fréquente des populations civiles de nos cartes de jeu. J’ai cru lire du Yves Lacoste. 😉
Comme évoqué précédemment, le jeu en encart est consacré au passage de la Meuse à Dinant par la 7. Panzer Division d’Erwin Rommel en 1940. La carte et les pions, de bien belle facture, sont déployés sur l’une de mes tables mais je n’ai pas encore eu le temps de m’y mettre. Maintenant, Mark Herman a donné son avis. Une belle référence quand même, non ?
Au final, 132 pages bien denses qui m’ont fait oublié le retard, donné le goût de me replonger dans mes boîtes et qui m’ont fait passé un excellent moment avec ce « vieux copain » de Battles Magazine. Merci encore, Olivier !
Battles Magazine #10. Un magazine français tout en anglais d’Olivier Revenu qu’on peut acheter sur le site Battles Magazine.
c’est pas Laurent Closier sur France 44 ?
Oh quelle erreur ! Je corrige de suite ! Merci Laurent !
Pas beaucoup de présentations de jeux sortis en 2015 dans ce numéro…
Evidemment, vu son délai de sortie ! Sacré bougre !
Perso, ça ne me gène pas du tout, j’aime aussi les « voeux » wargames ! 😉
« Vieux » jeux ? J’aime aussi. Ils ne me gênent pas non plus, bien au contraire.
Et tu le sais… 😉
Par contre, le délai conséquent me gêne plus, ainsi que d’autres choses chez cet éditeur.
Et tu le sais aussi… 😉
Tss tss… je comprends mais je suis sur la ligne de Mark Herman !
Ok pour Herman. Je sais qu’il s’entend très bien avec Revenu…
Il est vrai que ce dernier personnage possède certaines qualités de design et de création graphique.
Par contre, en lisant l’avis de Mark Herman, je dois avouer être très embêté par la dernière phrase suivante :
« Battles magazine is now going without a subscription model, which in my view, is much better suited to the French style of doing things. »
Que l’on puisse généraliser à tous les entrepreneurs français les nombreuses carences commerciales et intellectuelles de cet éditeur (qui s’évertue pourtant à sortir des jeux exclusivement en Anglais) me gêne aux entournures.
Un patron de magasin de jeux de Stratégie me le disait encore il y a peu : « Heureusement, en France, tout le monde n’est pas comme Mr Revenu en ce qui concerne le commerce ».
Tss, tss… Ce n’est pas l’avis de Mark Herman… C’est celui d’un quidam de Hong Kong… Le french bashing a encore de belles années devant lui. Maintenant, j’aime pas trop le bashing qu’il soit « french bashing » ou « Revenu bashing ». 😉
Malgré tous ces (prétendus) défauts, le bonhomme a de bien belles qualités et pas seulement graphiques mais aussi éditoriales ! Après chacun a le droit de penser ce qu’il veut des qualités et des défauts des hommes mais on peut aussi reconnaître la qualité du travail réalisé qui est certain que ce soit sur Nuts ! ou sur Battles Magazine.
Et tiens, y a encore des « patrons de magasin de jeux de stratégie » en France ?
Ces « prétendus défauts » ?
Si l’individu a d’incontestables talents de design de jeu et de design graphique (je l’ai déjà admis), il n’en a aucun quant à la gestion commerciale. Le nombre de plaintes à ce sujet sur Consimworld, par exemple, démontre sans équivoque que ce défaut (important pour un éditeur) n’est pas « prétendu ».
Si le bashing est effectivement à proscrire et à regretter, l’encensement aveugle l’est également, mon ami. 😉
Que Revenu ne respecte pas ses promesses commerciales ne te gêne pas, cela peut se comprendre vue ta grande admiration pour son travail créatif et ta grande joie à lire sa revue. Mais on peut comprendre que cela gêne d’autres personnes, moins admiratives du travail de ce monsieur, et donc beaucoup moins enclines à lui pardonner ses défauts.
Quant aux « patrons de magasins de stratégie », il me semble que tu en connais toi-même plusieurs… 😊
Et oui, je vois – désespérément – les verres à moitié pleins plutôt qu’à moitié vides ! L’important est qu’il y ait le verre ! S’il n’y en avait pas, on aurait l’air bien malin !
(Je ne connais pas de patrons de magasins, seulement de sites e-commerce…)
Pas de chance, plusieurs ont des boutiques non « virtuelles » également…
Sacré bougre ! 😉 😊