A la lecture de ce numéro n°32, Champs de bataille confirme être à la fois une excellente revue d’histoire militaire mais aussi une revue qui sort des sentiers largement rebattus…


En fait, le contenu est éclectique et de qualité. Et on ne peut faire beaucoup de reproches à cette revue: les auteurs sont renseignés, les articles sourcés, les cartes de bonne qualité et l’iconographie en général originale. Seul reproche pour moi la mise en page un peu vieillotte du magazine mais cela lui donne finalement aussi sa personnalité.

Au menu de cet excellent numéro 32:

  • Jugurtha, roi de Numidie et ennemi de Rome. Ce court article de Gautier Lamy dans la rubrique Faits de guerre nous relate la guerre qui opposa Rome au roi Jugurtha de Numidie (Algérie et une partie de la Tunisie actuelle) vers 200 avant JC. Après la fin des guerres puniques et la destruction de Carthage, Rome chercha et réussit à étendre son emprise en Afrique du Nord. Ce fut la guerre de Jugurtha qui, si elle se solda, par la victoire des armes romaines, n’en fut pas vraiment une partie de plaisir…
  • Les colonies allemandes de l’Afrique de l’ouest (1914-1916). Gautier Lamy nous apporte , dans un article court mais précis, ses connaissances concernant les opérations au Togo et au Cameroun. Les rapports de force étaient écrasants au détriment de l’Allemagne mais il fallut un an et demi pour venir à bout des dernières résistances allemandes. Mission accomplie pour les troupes du Kaiser !
  • Les opérations de Timimoun en novembre-décembre 1957. Patrick-Charles Renaud, historien connu pour ses ouvrages sur l’aviation durant les guerres d’Indochine et d’Algérie et pour sa relation des événements de Bizerte en 1961, nous apporte une narration très complète des opérations dans le grand sud en hiver 1957. Quelques ingrédients rendent le sujet passionnant: le commandement du colonel Bigeard à la tête de son 3ème RCP, l’intégration inter-armes paras-hélicos et aviation, l’importance de la logistique et du renseignement et surtout les conditions très particulières de la détection et des engagements meurtriers sur ce terrain si particulier. Un article presque parfait avec une iconographie nombreuse, des cartes et des profils de belle qualité. Manque seulement une bibliographie pour être vraiment parfait !
  • Le siège de Constantine en 1837 vu par le capitaine de génie Adolphe Niel. Stéphane Faudais nous relate la genèse de cette opération qui faisait suite à l’échec de 1835. Quelques noms d’officiers de l’Empire napoléonien viennent émailler le récit de cette campagne. Une relation bien intéressante de la préparation, de la progression des troupes vers l’intérieur, de l’investissement de la ville fortifiée, de la préparation d’artillerie et enfin de l’assaut. Dépaysement garanti. Un article bien complet sous tous rapports.
  • La guerre de l’Ogaden (juillet 1977 – mars 1978): un conflit oublié de la guerre froide en Afrique. Le décor: l’Éthiopie où le négus Haile Sélassié a été déposé. Une Somalie qui voit l’opportunité de gagner une province éthiopienne peuplée de somalis. Une offensive menée par une armée somalienne réduite face à une armée éthiopienne déstructurée. Les somaliens, à l’origine appuyés par les soviétiques, vont être lâchés par leurs mentors qui vont faire basculer la balance au profit des éthiopiens marxisants. Le matériel soviétique va inonder l’Éthiopie qui va voir arriver des soldats cubains de manière massive. Le résultat fut alors évident: la province envahie fut récupérée par l’Éthiopie. Les russes avaient mis les pieds dans la corde de l’Afrique. Un article de Stéphane Mantoux bien complet sur un sujet rare avec une bonne bibliographie.
  • La guerre anglo-zouloue de 1879. Partons aux antipodes du continent avec cet article de Julien L’Hote. Après avoir mis fin à la guerre des boers, les anglais s’intéressèrent de près au royaume zoulou de Cetshwayo. Ce belliqueux voisin ne l’entendait guère de cette oreille. Les provocations se multipliant, les britanniques décidèrent d’envahir le territoires des guerriers zoulous. Mais à la guerre, diviser ses forces n’est pas toujours payant et la colonne centrale fut exterminée à Isandlwana le 22 janvier 1879. La résistance acharnée de la garnison de Rorke’s Drift n’atténua pas le désastre subi par les armes anglaises. Finalement la victoire zouloue se retourna contre son roi car un tel affront à la grandeur britannique ne pouvait rester impuni. La deuxième expédition fut d’une ampleur tout autre et les défaites succédèrent aux défaites pour les zoulous qui durent reconnaître leur défaite finale. Un article très clair et ben complet.
  • L’opération amphibie de Charles Quint à Tunis en 1535. Un article très complet de Philippe Lamarque sur cette courte expédition de représailles sur les côtes d’Afrique réalisée avec succès par le jeune Empereur-Roi, Charles Quint. Contexte géopolitique, genèse de l’événement, moyens mis en œuvre, les différents engagements, le retrait et les enseignements géopolitiques et stratégiques. Avec une bibliographie et des notes très complètes.

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