De retour sur les champs de bataille…

J’avais découvert cette revue dès son origine. Son format, ses auteurs, enseignants-chercheurs passionnés pour la plupart emmenés par Jean-Philippe Liardet, m’avaient motivé.

Et puis, le temps avait passé. Et mon intérêt pour l’Histoire me portaient plus vers le format des livres que vers celui des magazines. J’avais donc pris la décision, il y a quelques années, de stopper mes achats de magazines  pour me concentrer sur des ouvrages de fond.

Récemment, j’ai constaté, en maison de presse, une profusion de titres consacrés à l’Histoire. Et je me suis de nouveau laissé tenter.

Naturellement, je me suis ré-intéresser à Champs de Bataille. J’avais acheté l’année dernière les deux Thématiques consacrés à la guerre de course allemande en 1914.

Le numéro 33 m’a particulièrement attiré car la couverture portait un focus sur la guerre des Malouines en 1983 qui opposa la junte militaire au pouvoir en Argentine à celle qu’on surnommera « la dame de fer », Margaret Thatcher.

Les Champs de bataille Thématiques étant centrés sur un seul sujet, j’ai redécouvert avec ce numéro 33, la variété des articles qui constitue d’ailleurs le fondement de tout magazine !

Quelles impressions se dégagent de cette reprise de contact ?

  • l’une très bonne: un travail d’historiens sérieux appuyé par une bibliographie souvent de grande qualité et par une cartographie variée et précise
  • l’autre plus mitigée: je pense sincèrement que la mise en page et le traitement des photos ont pris un sacré coup de vieux. Champs de bataille est un excellent magazine qui mérite un bien meilleur écrin. Il est clair que le le format particulier du magazine ainsi que cette mise en page, un peu désuette à mon goût, lui donnent un caractère unique. Mais avec une mise en page plus moderne, plus dynamique, on aurait sans doute une meilleure impression globale. Quant on voit le travail réalisé par les éditions Caraktères sur Ligne de front ou Batailles & blindés, il y a de la marge de progression de ce côté là. Donc pour moi, une infographie et une mise en page à améliorer.

Passée cette première approche, concentrons nous sur le contenu. Quatre grands articles au menu:

  1. La bataille des Malouines: un article bien complet de Raphaël Schneider. Tout y est: le contexte historique et géopolitique, les forces en présence, les opérations et les conséquences. Un article bien illustré et une bibliographie sommaire qui mériterait d’être complétée. Une petite coquille qui m’a bien fait sourire: « l’artillerie argentine entre dans la partie avec ses mortiers de 105, 120 et 155 mm. » Cherchez l’erreur… 😉
  2. La guerre entre les USA et le Mexique (1846-1848): un bon article toujours de Raphaël Schneider sur un conflit peu connu en Europe mais qui va quand même permettre aux USA de gagner définitivement le Texas, la Californie, l’Utah, le Nevada, le Colorado, le Wyoming, l’Arizona et une grande partie du Nouveau Mexique… Comment un pays jeune et sans vraie armée au début du conflit va mettre à genoux une armée pléthorique mais déliquescente… L’article est bien complet et illustré de reproductions d’ « images d’Epinal » et de bien belles cartes précises.
  3. La bataille de Lund en 1676. Frédéric Fourreau nous plonge dans la guerre de Scanie qui opposa le Danemark à la Suède de 1675 à 1679. La Scanie constitue la pointe méridionale de la péninsule suédoise et elle fut disputée entre les deux pays. Cette province avait été perdue par le Danemark en 1660 et il s’agissait de la reconquérir. Après la victoire navale d’öland en juin 1676, les Danois repartirent à la conquête de la province perdue. La victoire, difficile, des Suédois à Lund mais surtout la paix imposée par Louis XIV solda le conflit par la restitution des territoires pris à la Suède sans contrepartie. La description, très détaillée, de Frédéric Fourreau m’a paru parfois confuse mais j’ai sans doute eu du mal à me motiver pour ce conflit des confins septentrionaux de l’Europe !
  4. Les auxiliaires gallo-romains. Adrien Tondeur et Sébastien Lemoine nous emmènent dans l’Antiquité au sein des unités auxiliaires de l’armée romaine et plus précisément de la Cohors I Aquitanorum ! Constitution, recrutement, organisation, place dans l’ordre de bataille romain, pérégrinations au sein de l’Empire constituent le menu de cet article agrémenté, fort joliment, de reconstitutions par l’association Viaromana. Avec des sources bibliographiques abondantes. Dépaysement garanti !

Au final, un numéro 33 passionnant de bout en bout allant chercher ses sujets hors des sentiers battus avec une qualité de cartes indiscutable et un travail d’historiens sérieux et passionnés.

Champs de bataille est sûrement l’un des meilleurs magazines francophones dans la catégorie « histoire militaire ».

En vente dans les maisons de presse et chez l’éditeur.

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