Chirac encense les morts et n’est pas tendre avec les vivants…

Chaque pas doit être un but Jacques Chirac

Jacques serait retiré de la politique ? Que nenni !

Personnalité politique préférée des français, Jacques Chirac peaufine son personnage. A lui à qui on a tant reproché agressivité et clanisme, il nous renvoie le portrait d’un radical-socialiste avide de modernité, respectueux des cultures anciennes et à la recherche des meilleures lignes de compromis, ce qui serait tant apprécié des français. On y croirait presque…

Le personnage est sympathique sans conteste mais la lecture de ces mémoires nous amènerait à penser que Jacques Chirac fut longtemps incompris de ses adversaires, pour le moins mais aussi de son camp… et des français.
Il y a deux solutions: soit Chirac croit en ce qu’il dit et il est passé à côté de son personnage, soit il nous raconte une belle histoire, la sienne…

Ce qui m’a surpris dans ces mémoires:

  • la référence persistante au radical-socialisme
  • il prend ses distances régulières avec les valeurs de la droite traditionnelle qu’il a pourtant longuement incarnées
  • son mépris du libéralisme et sa propension à penser que le service de l’État est la carrière suprême dans notre pays
  • ses piques permanentes et non assagies à des personnalités toujours présentes: Valéry Giscard d’Estaing, Edouard Balladur et, à peine esquissé, Nicolas Sarkozy, président en fonction. On attend d’ailleurs là dessus la suite de ces mémoires qui, à mon idée, ne paraitront pas avant les élections de 2012…
  • son estime touchante pour le général de Gaulle (statue difficilement attaquable), Georges Pompidou et… même François Mitterand…

Maintenant, sur le fond, Chirac me fait l’effet de ne pas voir ou de ne pas analyser la déchéance économique et politique du pays dont il a été l’un des acteurs majeurs de ces trente dernières années… Effet de style ou aveuglement des grands commis de l’État qui s’illusionnent encore sur leur rôle, coincés qu’ils sont entre le transfert du pouvoir vers le monde économique et le grand agrégateur européen. Plus personne ne peut être désormais en France un Louis XIV, un Napoléon ou même un Clémenceau. Ces temps sont définitivement révolus. Il serait temps que les politiques en prennent conscience et arrêtent de nous jouer l’importance de leur rôle dans les inflexions positives de notre pays. Quand aux points négatifs, Chirac les évoque à peine, passe ou glisse dessus avec aisance.

Bref, vous l’avez compris, ces mémoires m’ont largement laissé sur ma faim et on est bien loin de l’excellent « La tragédie du président – Scènes de la vie politique 1986-2006″ de Franz-Olivier Giesbert que j’ai commenté par ailleurs.

Quant à la forme, Jacques Chirac n’a clairement pas le style de l’un de ses poulains, Dominique de Villepin, mais ce « Chaque pas doit être un but » reste bien plus clair dans l’expression que le titre de l’ouvrage qui, lui, reste largement abscons.


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