Petit vademecum de la crise financière, de ses conséquences et des solutions possibles !
Nicolas Bouzou, bien connu des habitués de BFM, nous propose ici un essai rapide sur la crise financière et économique dans laquelle est désormais plongé le monde entier.
Il le fait dans un souci salutaire d’explication et de vulgarisation.
En effet, il est plus que nécessaire d’expliquer, hors médias et monde politique, l’origine et l’impact des événements financiers et économiques récents.
Pari tenu !
Nicolas Bouzou le fait dans un langage clair avec de courts chapitres. Certains critiqueront sans doute le manque d’approfondissement de certains points ou le libéralisme trop évident de l’auteur.
Pour ma part, j’ai trouvé l’ouvrage clair et bien équilibré dans ses trois parties:
- gloire et misère de la finance américaine
- la crise gagne les côtes française
- la peur de la récession
Nicolas Bouzou nous live son analyse du plan français et quelques solutions qui lui sont propres.
Bref, un ouvrage économique n’a pas besoin de 300 pages pour être intéressant. Celui-ci l’est résolument avec moins de 130 pages.
Recommandé !
Krach financier : emploi, crédits, impôts, ce qui va changer pour vous de Nicolas Bouzou chez Eyrolles (2009). 127 pages.
Nouvelle coqueluche des médias, . Nicolas Bouzou a lui aussi le discours calibré du « prêt à penser ». Les journalistes se moquent de ce qu’il dit. L’essentiel est d’avoir une parole accessible. Plutôt que de s’aventurer dans les méandres incertains de la prospective, contrairement à son collègue Touati, Nicolas Bouzou a une approche plus pédagogique et pragmatique, comme le 5 août dernier. BNP Paribas annonce qu’elle va verser 1 miliard de bonus à ses traders. Sitôt l’info révélée, comme un seul homme, France 3, France 2, M6, TF1 se précpiteront chez Nicolas Bouzou, « économiste de garde » ce jour là. Il sera aussi sur RMC et sur le plateau du Soir 3. Belle performance. Dans la plupart des sujets, Nicolas Bouzou sera présenté sous le vocable « les économistes » ou « les observateurs » pour délivrer un unique message : « les bonus sont indispensables au bon fonctionnement des banques ». Aucune parole contradictoire ne lui sera opposée. Je cause dans le poste, donc je suis…économiste. Heureusement qu’il en existe d’autres un peu plus calés et moins oportunistes. Malheureusement les médias ont fait leurs choix…
Bonjour, « le fermier »
« Prêt à penser » ? « économistes plus calés et moins opportunistes » ?
Quel est le reproche que vous lui faites ? D’être accessible ? D’avoir une approche plus pédagogique et pragmatique ? D’être le préféré des médias ?
Quel est le message ? Quels sont alors les « bons économistes » ?
Merci d’être plus clair.
Bonne soirée
Bonjour, et merci de m’avoir répondu.
Je vais essayer de répondre à vos interrogations. Par une question: Connaissez vous Marc TOUATI? Si vous le connaissez, N.BOUZOU en est le clône, un pur copier-coller sur ce que je qualifierais de marché de l’analyse « fast food ». Souvenez vous des analyses de cet expert en Mars 2008 sur Newsy avec dans le texte et sans rire: je cite: »Depuis longtemps j’ai annoncé qu’on aurait une reprise à partir de printemps été, donc là on y est, les marchés vont réagir instantanément. Un peu plus tard en Europe ». Ou bien encore sur Euroland Finance: « 2009 n’est pas du tout la catastrophe annoncée, on va avoir des trimestres de croissance très forts ». Décidement, à se demander si la conjoncture n’est pas contre nous. Abordant les solutions de la crise toujours pour pour le site Newzy : « il faut des réformes structurelles, baisser les impôts, réduire la dépense publique. C’est là que le bât blesse. On a pas le courage de le faire. Pour les entreprises, la solution c’est la croissance externe, investir par exemple aux Etats-Unis, ou les perspectives de rebond sont assez fortes donc pas d’inquiétudes outre mesure ». Un peu plus structuré mais encore raté. Dommage. Le meilleur pour la bonne bouche. Une interview de Marc Touati, visiblement réalisée par un fan, après l’élection de Sarkozy. Pour sortir de la crise, il faudra baisser les impôts, les dépenses publiques, créer des fonds de pensions pour sauver les retraites. Absolument pas orienté.
Nicolas Bouzou est donc un véritable clone de Touati. Directeur de la société d’analyse économique Astérès, à 32 ans, il a un CV médiatique déjà long comme le bras. C’est d’ailleurs le principal argument de « vente » sur la page d’accueil du site de sa société Astérès: « Il intervient régulièrement sur LCI, i>Télé, Radio Classique, France infos… Il est consultant pour le Grand Journal de BFM. Nicolas Bouzou enseigne l’économie à l’université de Paris VII et est maître de conférence à sciences-po ». Nicolas Bouzou adore ça et veut durer: «j’aimerais être le Bashung ou le Daho de l’économie » a t’il avoué un jour au Nouvel Economiste. Le pauvre Bashung s’en retournerait dans sa tombe…
Libéral, ça va sans dire, en tout cas, les médias ne le disent pas, il a publié des notes pour la Fondation pour l’innovation politique, le think tank de l’UMP.
Ces » experts »sont des ersatzs du pouvoir et d’une pensée unique au service des décideurs qui ne sont plus réellement les politiques , mais les financiers . Leur champ d’expression est devenu les médias , en privilégiant la télévision par l’intermédiaire des journalistes qui ont abandonné pour la plupart , leur pertinence et même leur impertinence . L’expert est le rempart de leur notoriété et le cache-misère de leur incompétence pour ne pas dire , de leurs compromissions .
Le lieu de l’expertise avant , était le lieu du savoir , du partage et de la confrontation des idées , c’est-à-dire l’université et les grandes écoles .
Aujourd’hui , ce lieu est la télévision et internet , et n’autorise que très rarement la contradiction .
Ces » idoles » , indépendamment de leurs réelles compétences , sont des habiles manipulateurs parés de leurs pouvoirs quasi mystiques , voire divins , répondant aux normes d’une société qui sombre dans ses peurs , ses angoisses existentielles , ses délires matérialistes et consuméristes et qui perd peu à peu ses certitudes , ses valeurs et ses capacités d’indignation, de révolte et de sentiment civique !
Cordialement
Merci de cette longue explication.
Je partage votre analyse quant à l’utilisation des « experts » par les médias. Le problème est le même dans les domaines géopolitique et militaire que je suis également.
Pour ce qui est de l’économie, je sens poindre la critique du libéralisme. Sur ce point, nous divergerons sans doute. Quels économistes souhaiteriez vous mettre en avant ?
Un point encore en ce qui concerne les lieux d’expertises: universités et grandes écoles. En matière économique, pour ce qui est confrontation des idées, je l’ai trouvé un peu absente ces 25 dernières années.
Merci pour ces échanges.
Bonjour,
Et merci bien sûr de m’avoir répondu.
Comme vous l’aurez en effet constaté ma vision economique n’est pas exactement libérale ou plutôt néolibérale, en tout cas pas comme elle est mise en pratique actuellement…Je m’explique. En réalité, le néolibéralisme, c’est la subordination de nouveaux secteurs de la société à la domination du marché. Depuis les années 70, un réseau international de fondations, d’instituts, de centres de recherche, de scientifiques, d’écrivains, d’agents de relations publiques a été créé pour propager la pensée néolibérale. Pour la pensée néolibérale, aucun domaine n’échappe à l’analyse économique. Même le mariage et la famille, voire l’individu, deviennent des entités économiques. L’homme se voit déchu: il n’est plus qu’un élément du « capital humain ». Sa valeur ne se mesure plus qu’en terme de « rentabilité ». L’éducation, la formation continue, le système de santé ne sont plus financés que dans la mesure où ils augmentent la puissance de travail, c’est-à-dire le profit. L’importance des investissements dépend toujours de sa rentabilité, du retour sur investissement. Sans perspective de rendement, par exemple chez les personnes âgées, on ne finance pas. La théorie du « capital humain » définit l’homme uniquement en fonction de son utilité pour le marché. C’est aussi le désengagement de l’Etat, la déréglementation des économies nationales et la perte de substance de l’Etat-nation. Le marché prend de plus en plus de pouvoir tandis que la politique sociale se réduit au nom de la responsabilité individuelle. Les conséquences impitoyables en sont l’augmentation de la pauvreté et l’exclusion sociale de groupes de population de plus en plus importants. Je suis fermement convaincu que cette vision de l’economie de marché constitue un mythe. Dans un monde dominé par les grands groupes industriels, on propage le mythe de l’économie de marché et de la concurrence loyale sans se soucier de leurs conséquences sociales. Le désengagement de l’Etat au profit d’entreprises de plus en plus importantes est présenté comme une solution aux problèmes économiques. La pensée néolibérale prétend que l’économie de marché possède une capacité quasi naturelle à se réguler elle-même. Aussi toute influence de l’Etat sur le secteur privé est-elle considérée comme nuisible. Au fil de la libéralisation mondiale des marchés depuis les années 70, les droits de douane et les quota destinés à protéger les économies nationales ont peu à peu été supprimés, les frontières ont été ouvertes pour donner une liberté d’action illimitée aux grands groupes. Un déplacement progressif du pouvoir de l’Etat-nation vers les « global players », c’est-à-dire les multinationales, est en train de s’opérer. De plus en plus souvent, des décisions sont prises au mépris de la population sur des questions qui ont une importance existentielle pour la société tout entière. Le marché lui-même devient le principe organisateur et régulateur de l’Etat. Désolé d’avoir ecrit à nouveau un roman, mais je pouvais difficilement faire tenir le fond de ma pensee en 3 lignes sur ce sujet que j’estime imporant.
Cordialement
Ce qui me gêne avec votre argumentation, c’est la dénonciation unidirectionnelle de ce que vous considérez comme une doctrine économique au service des intérêts de grands groupes industriels supranationaux. Ce qui m’intéresse dans le libéralisme c’est la capacité de faire naître de la richesse d’initiatives entrepreneuriales. Churchill considérait que le problème du capitalisme était la répartition inégale entre tous des richesses créées mais que le problème du communisme était le partage de la pauvreté entre tous. On peut critiquer la globalisation mais l’interdépendance des nations atténue aussi les risques de conflits. Bref, à vos belles charges sur le libéralisme, quelles alternatives économiques défendez vous et avec quels économistes ?
Bonne journée et merci pour cet échange.