Un premier billet consacré à deux ouvrages dans lesquels le désert de Libye joue un rôle majeur. Qui plus est, ils sont tous deux récents et fruits du travail d’auteurs français bien connus des lecteurs des revues d’histoire militaire régulièrement chroniquées ici ! 😉
- Afrikakorps, l’armée de Rommel. J’avais laissé passé, à tort, cet ouvrage de Benoît Rondeau dont j’avais pu lire beaucoup de bonnes choses dans les rubriques de recension désormais régulières des revues d’histoire militaire. Édité chez Tallandier, éditeur abondant en ce moment, l’ouvrage est une belle somme de plus de 500 pages sur l’Afrika Korps sur lequel, finalement, il n’y a pas beaucoup d’ouvrages en édition française. Avec 8 cartes, effectifs et ordres de batailles en annexes, notes abondantes et bibliographie commentée, cela fait de « Afrikakorps, l’armée de Rommel », l’ouvrage majeur sur le sujet actuellement ! Un ouvrage paru en mars 2013.
- Rommel de Cédric Mas. Je viens de recevoir cette biographie du célèbre (trop selon certains…) maréchal du Reich allemand. Les lecteurs de Bir-Hacheim savent tout le bien que je pense de son auteur. J’ai donc été peiné de voir le début de polémique lancé par Laurent Henninger sur la page Facebook de « Guerres & conflits » du colonel Rémy Porte (à la date du 12 janvier 2014) . La critique est particulièrement violente; Laurent Henninger ayant lu, semble-t-il, le manuscrit du-dit ouvrage. Personnellement, je ne l’ai pas encore lu mais la charge sur l’auteur comme sur Rommel est lourde. Pour l’auteur, on en reparlera après lecture mais traiter Rommel « d’honnête petit tacticien » et qu’il « n’aurait jamais dû dépasser le grade de colonel » me paraît quelque peu erroné… ou c’est faire bien peu de cas de ses campagnes en Afrique du Nord ou « le colonel » commanda bien plus qu’un simple régiment… Qui plus est, il y a tendance aujourd’hui à opposer stratégie et tactique avec une condescendance marquée pour la tactique… Personnellement, cette pratique m’amuse (sans plus) car une bonne stratégie sans tactique performante c’est tout aussi bête qu’une tactique efficace sans bonne stratégie. Et c’est aussi complétement obérer la dimension intermédiaire, l’opérationnelle, dans laquelle il me semblerait plus adéquat de placer les talents de Rommel ou de Manstein, n’en déplaise à Laurent Henninger ou à mon jeune historien préféré, Stéphane Mantoux ! Faut vous calmer les gars ! 😉 Bon, bon, revenons à l’ouvrage de Cédric Mas: 168 pages, ce sera donc une biographie synthétique signée chez Economica en janvier 2014 (y a pire comme éditeur, non ?) dans la collection « Guerres & guerriers » dirigée par le général Eric Bonnemaison (y a moins compétent, non ?) et avec la collaboration de Daniel Feldmann (bien connu pour être un pourfendeur de livres mal fagotés, hein Daniel 😉 ). Avec 15 cartes de bonne qualité, ce qui n’est pas toujours le cas chez Economica.
Bonsoir Ami Rombier, 😉
J’ai découvert comme vous la très violente diatribe de Monsieur Henninger, qui est inexplicable.
Si chacun est libre d’aimer ou pas un livre, la violence du propos me semble d’autant plus hors de proportion que ni moi, ni l’éditeur n’avons fait circuler le manuscrit de ce livre. L’affirmation de Mr Henninger d’avoir « lu le manuscrit » est donc pour le moins « étonnante ».
Mr Henninger était pour moi une référence dans le domaine de l’histoire militaire, un puits de science et de culture dans ce domaine que je lisais depuis l’époque de Casus belli. Nous nous sommes d’ailleurs rencontrés une fois lors d’un colloque sur la « Grande guerre patriotique » organisé par le Mémorial de Caen et le contact avait été pour ma part très bon.
Bonne lecture quand même.
Cédric Mas
Surprenant surtout s’il n’y a pas de fondement.
Mais dans tous les cas, pourquoi ne pas discuter, argumenter sans lâcher des propos qui relèvent, quand même, de l’injure. C’est incompréhensible à ce niveau là.
Bonne soirée
Jluc
J’espère que ces propos, complètement ignorants du contenu du livre, n’influeront pas les lecteurs dans leurs avis.
Pour ce qui est de la forme des attaques de Monsieur Henninger, je ne m’y attarderai pas. Quelqu’un pour qui « trisomie 21 » est une injure ne mérite que mépris. à vomir et à oublier… très vite…
CM
Ne t’inquiète pas. Tu as déjà un comité de lecture en ligne avec Rondeau, Mantoux, Zambon et moi ! Pour ce qui est de la forme, elle relevait, il est vrai, de la grossièreté. Je comprends que tu le prennes mal. Trois solutions s’offrent désormais à Laurent Henninger: 1- argumenter 2- s’excuser s’il y a eu méprise 3- se taire mais là ce ne serait pas bien
Un premier commentaire de david Zambon, qui a terminé le livre :
http://www.italie1935-45.com/forum/viewtopic.php?f=33&t=2993&start=30#p17265
Il y a aussi le plan détaillé un peu plus haut, dont un rapide coup d’oeil suffit à constater que l’historiographie des années 60 est très loin.
Cela laisse donc peu d’arguments. Restent les options 2 et 3 😉
Bon, moi je retourne au terminus des prétentieux, j’y suis en bonne compagnie avec Fernand Naudin :-))
CM
Oui, mais attention, comme l’oncle Fernand le dit si bien, « n’empêche qu’à la retraite de Russie ce sont qui étaient à l’arrière qui se sont faits repasser! »
Y avait juste ce foutu pont de la Bérézina à traverser en plus… 😉
En plus, je vois difficilement Daniel Feldmann s’embringuer dans une aberration historique… Si on parle bien du bon bouquin et du bon Daniel Feldmann ! 😉
J’étais tellement surpris que j’ai cru qu’il avait confondu ce livre avec celui de Servent sur Manstein paru chez Perrin…
Ce serait un comble pour un « spécialiste », confondre Rommel et Manstein. 😉
CM
J’ai eu ce doute également comme Lemay a produit une biographie des deux maréchaux. Mais bon, Manstein en « au maximum » un colonel, ce serait quand même encore pire !
Bonjour,
Cette biographie de Rommel a selon moi bien des mérites. Si, comme tous les passionnés, j’apprécie les développements, son côté synthétique permet de passer rapidement d’une époque à une autre tout en conservant le fil conducteur. Rommel « bouge » beaucoup, notamment pendant la Grande Guerre, ses expériences sont multiples et elles façonnent déjà le personnage. Cédric a bien mis en relief une personnalité qui de prime abord est assez difficile à cerner. Rommel est pétri de contradictions, velléitaire et carriériste à ses heures, sensible au contexte du moment. Cédric en montre bien toutes les facettes, tout est dans la nuance: ni héros, ni génie, ni criminel, ni nazi implacable, etc. Il est un peu tout à la fois, gravissant la carrière des honneurs non seulement au mérite mais aussi à la faveur de circonstances particulières, et ce jusqu’à sa disgrâce. Quant au jugement hâtif de M. Henninger, que dire… il a l’insulte facile, j’ai pu le constater dans certains de ses posts, sorte de Bernardo Gui qui met à l’index ce qui ne lui plaît pas. Déplorable.
Bonjour David,
En fait, je n’ai rien contre la critique et la critique dure mais là, ça dépasse la critique simple: on est dans le dénigrement et dans l’insulte. Il serait utile d’avoir une critique en règle, argumentée, intelligente et « apaisée ». J’ai vraiment été déçu par la forme.
Je suis d’accord; il n’y a aucune argumentation. On est libre de ne pas apprécier mais descendre en flammes gratuitement, ça discrédite totalement celui qui se prête à l’exercice.
Bonjour,
Dans l’ordre :
– attaque effectivement virulente de L. Henninger contre l’ouvrage de Cédric Mas, sans plus argumenter que ça. D’ailleurs Jean-Luc tu oublies de dire que j’ai engagé le débat pendant un certain temps avec la personne concernée, je ne fais partie des « agresseurs »… j’attends d’avoir lu l’ouvrage de C. Mas pour me prononcer (et en argumentant, moi).
– sur l’opératif et Rommel ou Manstein, encore faudrait-il que les Allemands aient correctement théorisé ce niveau de la guerre au moment de la Seconde Guerre mondiale, ce dont je doute quelque peu. Ils l’ont pratiqué, oui, d’une certaine façon, mais sans l’avoir vraiment pensé. C’est encore plus vrai pour Rommel que pour Manstein, à mon avis… donc les cantonner à une tactique (ou à une « grande tactique » pour piocher dans le vocabulaire français correspondant qui désigne pour l’armée française l’équivalent de l’opératif…) n’a rien de saugrenu.
– j’ai reçu le bouquin (merci Cédric, au passage) et j’en ferai une fiche de lecture critique, comme de coutume, on verra donc si les critiques de L. Henninger sont fondées.
– et non, il n’a pas confondu C. Mas et Lemay, cf ma discussion avec lui. D’ailleurs, sur Lemay, on pourra en reparler, mais le Rommel étant manifestement un plagiat en bonne et due forme pour l’essentiel, il faudrait arrêter d’en vanter les mérites déplacés (ça reste un bon travail en français malgré tout, mais quand on sait comment il a été fait, et que l’auteur s’est bien garder de le dire, ça jette quand même un froid. Remarquez, il n’est pas le seul).
Sur ce, bonne fin de dimanche.
Hello Stéphane,
Je me demandais bien quand tu allais réagir ! 😉
Je ne te cite pas comme « agresseur ». J’ai juste relevé, te concernant, la mention stratégie vs tactique. Tu peux appeler grand tactique ce que j’ai appelé opérationnel, no prob. Mais peu m’importe si on théorise avant la guerre ou pas, l’important c’est de bien le pratiquer ! De ce côté, les Allemands n’ont pas été mauvais, pour le moins ! Le niveau de Manstein est évidemment supérieur à celui de Rommel. Il n’empêche qu’ils ont, selon moi, fait preuve de talents opérationnels tous deux. Je suis en phase par contre sur le fait qu’ils ne sont pas des « stratèges » compte tenu de l’organisation archaïque du haut commandement allemand, évidemment cela ne concerne Manstein. Pour Lemay, rien à commenter. J’avais cru comprendre qu’il s’agissait de parties et non de l’ensemble de l’ouvrage.
Bon dimanche également.
Re,
Pour finir, aucune « condescendance marquée pour la tactique » de ma part. Je fais souvent du récit tactique dans mes écrits (lol). Il me semble par contre qu’il y a deux écueils à éviter : ne faire au contraire que de la tactique (c’est ce que l’on peut voir dans nombre de magazines) et ne pas aller plus loin, sur le plan de l’histoire militaire (sans parler de l’histoire tout court…) ; ou au contraire, effectivement, ne penser qu’en termes de stratégie et négliger le reste. Certains le font, c’est vrai. Pas moi, d’autant plus que je suis beaucoup moins calé, et je n’ai aucune honte à l’admettre, en lectures sur la stratégie : un vide à combler.
Au contraire, pratiquer de l’opératif sans le théoriser c’est important. Parce que dire que les Allemands font de l’opératif pendant la Seconde Guerre mondiale, ça devient une construction a posteriori, cela ne correspond pas à la réalité. Quant à la stratégie, ce n’est pas tant pour moi que le haut-commandement est archaïque : dès l’après Première Guerre mondiale, la Reichswehr se construit en abandonnant la stratégie pour favoriser l’apothéose tactique, via les nouveaux outils techniques de la guerre et une analyse critique de la performance allemande pendant la Grande Guerre. La stratégie est abandonnée au pouvoir politique, in fine, à Hitler plus tard.
Quant au Lemay, parties ou ensemble, ça reste du plagiat et l’auteur s’est bien gardé de présenter son ouvrage comme une compilation, si je me souviens bien il a prétendu faire oeuvre originale. Dans un sens, en français, c’est un peu vrai, mais pas dans le sens où il l’a dit (je parle du Rommel, pour le Manstein, il faudrait vérifier aussi). Et je dis ça alors que je me suis laissé prendre au piège aussi.
Ok sur la Reichwehr mais avec un format si réduit.
Mais je continue à penser que la théorisation n’est pas tout ! Les messes ne sont pas dites avant d’être jouées, l’expérience du feu forge les pratiques. Sinon, comment expliquer la qualité de l’art de la guerre napoléonien ? Guère théorisé avant l’apparition de Bonaparte et peu théorisé par lui d’ailleurs.
Dans l’historiographie récente, on a fait passer les Soviétiques d’une horde nombreuse et peu manœuvrière à une armée maîtrisant l’art opératif. Je n’aimerais pas que l’Allemagne fasse le chemin inverse désormais.
Ne voir en Manstein ou Rommel que des tacticiens, me semble aussi relever de la construction « à posteriori » ! 😉
« Dans l’historiographie récente, on a fait passer les Soviétiques d’une horde nombreuse et peu manœuvrière à une armée maîtrisant l’art opératif. Je n’aimerais pas que l’Allemagne fasse le chemin inverse désormais. » On en prend malheureusement le chemin et je trouve cela tout simplement ridicule… Plus que la théorie, c’est la pratique qui compte. En dépit de leur théorie de l’art opératif, j’imagine mal les Soviétiques vaincre la Wehrmacht à 1 contre 1… Dans ce cas, maîtriser l’art opératif n’aurait donné aucun avantage.
Quant au livre de Cédric Mas, le sommaire et le sérieux de l’auteur m’en font attendre la lecture avec un a priori très positif. Je suis justement impatient de lire l’avis de l’auteur sur les conceptions stratégiques du « Renard du Désert »et sa vision de la guerre en 1943 et, surtout, pendant la bataille de Normandie. A suivre donc (j’ai fait l’erreur de le commander par Amazon, d’habitude très rapide, plutôt que chez l’éditeur…)
@Benoît: suis évidemment en phase sur ces deux points.
Une précision utile: la rédaction de mon billet d’origine pourrait laisser croire que Stéphane Mantoux est sur la même ligne que Laurent Henninger sur Cédric Mas et son ouvrage. Ce n’est pas le cas, Stéphane s’en est clairement expliqué d’ailleurs. J’ai juste associé leurs pensées en ce qui concerne l’analyse stratégique/opérationnel/tactique et sur laquelle je suis en divergence. Pour ceux qui n’auraient pas compris ! 😉
Merci pour la précision.
Dans le débat, ce qui m’intéresse :
– les Allemands ne font plus de stratégie, surinvestissent la tactique, où ils passent pour des maîtres. Ils tâtent de l’opératif (en fonction des personnes, comme a dit). Simplement : leur pratique à ce niveau (tactique-opératif) découle bien de ce qui été pensé AVANT même si la pratique influence, on est d’accord…
– oui, on revalorise sans doute un peu trop la performance soviétique. Dans le sens : ils maîtrisaient l’art opératif etc. Je ne citerai pas de noms… la réalité est un peu plus nuancée, on le sait, bien, c’est laborieux au début, et puis ça se goupille progressivement à partir de 1943 pour atteindre, quand même, une belle maîtrise en Mandchourie en 1945, pour prendre le dernier exemple.
– historiographiquement : eh oui, gros retour de manivelle en français où on martèle maintenant l’apport des Soviétiques etc, jusqu’à la nausée. Mais j’allais dire : on a fait pareil avec les Allemands pendant 50 ans, à leur niveau (tactique voire même ailleurs, à tort). Et en outre, même au niveau tactique, les Allemands sont loin d’être irréprochables aussi. On pourrait parler de Rommel, mais même ailleurs, à l’est par exemple, ils se sont parfois rétamés proprement (sans que cela influe le cours global de la bataille, comme les Allemands plus tard…) dès 1941. Quelque part, la tendance actuelle est donc logique, même si critiquable. Et même si on essaie de faire croire que c’est une « découverte » alors que les Américains puis d’autres l’ont mis en avant il y a maintenant presque 30 ans…
– pour Rommel et Manstein, s’ils ne sont pas QUE des tacticiens, ils sont essentiellement des tacticiens, même s’ils ont une vision parfois stratégique, ou opérative.
Sujet intéressant en tout cas.
Là on est assez d’accord. Bonne soirée, j’ai encore du boulot et toi aussi ! 😉
Tu as raison de rappeler que les Allemands subissent bien des revers tactiques, et ce dès la campagne de Pologne. Cela n’entame cependant en aucune manière les qualités de cette armée (qui a aussi beaucoup de défauts).
Pour la Mandchourie, j’ai toujours eu de la pitié pour ces Frontoviki qui ont survécu au front de l’Est pour aller se faire tuer face aux Japonais à quelques semaines de la fin… Belle offensive (il faut dire que les « exercices » menés les quatre années précédentes ont coûté quelques millions d’hommes). Cela me fait penser à Bagration: si l’Armée Rouge avait échoué à percer, cela aurait été une vraie honte. C’est un peu comme si, en juillet 1944, le front de Normandie aurait été défendu par 50-80 000 Landser avec 80 Panzer. Un rêve pour Monty: il aurait pu lancer Goodwood, Cobra et Bluecoat le même jour et arriver à Paris en 48 heures…
Comme tu le dis, les historiens anglo-saxons ont le mérite d’avoir redonné une image plus exacte de l’Armée Rouge. Mais je ne suis pas sûr qu’ils soient au point sur d’autres sujets comme l’armée française pendant la campagne de 1940 ou les multiples déboires des Britanniques pendant des années (alors qu’ils n’oublient pas de stigmatiser les armées italienne et française).
Quant à la qualité de bon ou mauvais stratège à accorder à Manstein ou Rommel, cela dépend du moment de leur carrière et de leur niveau de responsabilités. On n’exige pas d’un chef de division ou de corps d’armée d’avoir une réflexion stratégique qui n’est pas de leur ressort. Par ailleurs, les chefs d’armées et de groupes d’armées ils n’ont pas à être jugés responsables du manque de clairvoyance stratégique de leurs supérieurs. Certes, on pourrait également dire que, au niveau tactique, ils ont été bien secondés par des individus tels que Hoth, Hollidt, Crüwell et autres Nehring.
La tactique ne remplace pas la stratégie, certes. Mais l’inverse est également vrai: pour que la stratégie et l’opérationnel fonctionnent, il faut un outil tactique de premier ordre (et le matériel qui va avec).
Yes ! 😉
Je découvre ces débats très riches. Je pense que la lecture du livre permettra de les éclairer en ce qui concerne Rommel, en dévoilant des facettes qui vont au-delà de la ritournelle « bon tacticien, mauvais stratège ».
L’étude attentive de la carrière de Rommel durant la Grande Guerre, comme de son positionnement dans les réflexions théoriques de la Reichswehr, est éclairante pour son rôle durant la Seconde guerre mondiale.
J’ai hâte de lire vos retours et critiques.
Bonne lecture,
CM
Ah ah, je bois ça comme du petit lait ! On va pouvoir taquiner le Matou ! Enfin, je me comprends ! 😉
Je n’ai toujours pas le livre. Pour ce qui est de l’aspect tacticien/stratège concernant Rommel, ce qui me paraît remarquable chez cet officier est l’évolution de sa pratique entre 40-43 et 1944. Du fait de l’évolution des conditions pour mener la bataille, celui qui fut un brillant général de la Blitzkrieg a renoncé à la guerre de mouvement. On ne peut pas en dire autant des Geyr von Schweppenburg, Guderian et autres Rundstedt, qui ne l’aimaient pas et qui n’ont eu de cesse de le dénigrer, sans doute trop jaloux de sa -nouvelle- gloire posthume.
Je l’ai mis en avant dans la pile désormais. J’espère ne pas être trop perturbé par la lecture simultanée de la biographie, dense, de Joukov par Lopez/Otkhmezuri. 😉
J’ai enfin reçu et lu l’ouvrage (commandé finalement chez l’éditeur, très rapide). Comme d’accoutumée, lire Cédric Mas est la garantie d’un travail sérieux et la quasi-certitude d’apprendre quelque chose. Les épisodes de la vie de Rommel sont bien replacés dans leur contexte: les passages sur la 1ère Guerre mondiale sont très réussis à cet égard. C’est un moment-clé de sa carrière et j’en suis gré à l’auteur de ne pas avoir négligé cette période. J’en ai beaucoup appris sur l’armée allemande de la Grande Guerre.
Au fil des pages sur la Seconde Guerre mondiale, on voit clairement l’évolution de son style de commandement mais également de sa personnalité. La façon dont il change son style de commandement entre 40/41 (les pages sur la campagne de 40 sont très bien faites) et Gazala puis entre l’Afrique et la Normandie m’a beaucoup intéressé. L’homme n’a pas été qu’un bon colonel (ceci est une vision datée à la Guderian and co, des hommes qui l’ont beaucoup jalousé).
Cédric Mas pose une question essentielle: Rommel est-il le bon choix pour mener une guerre de coalition avec l’Italie? Le fait qu’il ait regretté d’avoir quitté son arme en Afrique (considéré comme un abandon, mais on peut comprendre que l’Allemagne n’ait pas voulu perdre ce maréchal) et son implication dans les crimes commis sur les Italiens (notamment juifs) en 43 donnent un éclairage nouveau. On notera des pages très intéressantes sur la guerre du désert (Alam Halfa et, surtout, le fameux message d’Hitler à Alamein). Les pages sur la fin de Rommel sont à lire.
Je ne partage pas certaines conclusions, mais ceci est de l’ordre d’une « querelle d’historiens » et ne remet aucunement en cause la qualité de l’ouvrage. Ainsi, sa proximité avec Hitler est telle (certes, l’ambition l’explique comme le montre Cédric Mas) que je n’irai pas jusqu’à affirmer qu’il n’est pas nazi? A ce niveau-là, être neutre politiquement est comme une acceptation tacite de la situation. De même, si Rommel est bien responsable de l’erreur commise après la victoire de Sidi Rezegh, son raid sur la frontière aurait pu réussir si Auchinleck n’été pas entré en scène: Cunningham va « craquer » et « The Auk » est donc bien le vrai vainqueur de la bataille. De même, je ne suis pas convaincu de certains détails concernant la Normandie (que j’aborde dans mon prochain ouvrage qui sortira d’ici deux mois).
Au fil des pages, bien que passionné, un sentiment de malaise m’a envahi: « pas sympathique, ce Rommel! Où est l’officier que j’ai tant admiré en lisant Desmond Young à 14 ans? ». La fin, heureusement, le présente sous un meilleur aspect (relations avec ses subordonnés, suicide…). Au final, un très bon livre que tout passionné de la Seconde Guerre mondiale se doit d’avoir. Le format de la collection ne me plait pas (mais bon, on lira « Monty »). Il ne met pas Lemay au placard mais, plus approfondi et plus travaillé, il est plus qu’un complément. A lire.
Merci Benoit pour cette recension argumentée… ! D’un connaisseur du sujet, qui plus est. J’ai mis l’ouvrage de Cédric Mas dans le haut de la pile, la lecture commencera semaine prochaine ! Merci d’avoir publié ce long commentaire ici ! Bon week-end. Jluc
J’ai répondu à certaines remarques ici
http://www.italie1935-45.com/forum/viewtopic.php?f=33&t=2993&start=40#p17296
(essentiellement la question sur la distinction entre Hitler et le nazisme que l’ont peut faire pour Rommel – sans rien dédouaner bien sûr).
Merci à Benoît de sa lecture et de ses compliments.
CM
Intéressantes questions et réponses. Merci !
Je commence la lecture ce soir. 😉
Merci beaucoup! j’attend par courrier DAK et Tunisia, jeu de la série O.C.S édité par « the gamers » et je cherchais des ouvrages sur les protagonistes et la période couverte par ces deux jeux a lire en même temps. C’est choses faites !
Voici ma maigre contribution au débat par rapport à ceci: « Au fil des pages, bien que passionné, un sentiment de malaise m’a envahi: “pas sympathique, ce Rommel! Où est l’officier que j’ai tant admiré en lisant Desmond Young à 14 ans?”. »
que pour moi Rommel est l’archétype de l’officier Militaire Nazi comme Manstein, mais qui tente de prendre une hauteur purement militaire au moment où ces deux « renards » sentent le vent de la victoire changer de direction. Rommel comme Manstein se réjouissent de l’arrivé au pouvoir des Nazi et cautionne leur politique. On pourra toujours argumenter que lorsqu’on est militaire on obéit aux ordres, il n’en reste qu’ils ont favorisés l’expansion de l’idéologie Nazi en Europe avec Zèle et dévouement. Rommel reste pour mon un grand militaire Allemand plus tacticien qu’opératif ou stratégique alors que Manstein maitrise (toujours selon moi) l’art opératif de belle manière. Mais en aucun cas pour moi ces deux officiers sont sympathiques 🙂
Merci pour ce commentaire, Bonaparte56.
Je viens de finir l’ouvrage de Cadric Mas. Pas de « sympathie » pour Rommel dans cette biographie.
Ce qui m’amuse c’est d’évoquer la dimension potentiellement « sympathique » de tel ou tel général ! Je n’ai jamais réfléchi en termes de sympathie pour Rommel, Manstein, Patton, Ike… ou même pour… Bonaparte d’ailleurs ! En fait, les généraux sont rarement sympathiques !
Merci d’être passé par ici ! 😉
Maintenant, on peut, au delà d’un personnage et de son rôle dans un système honni, admirer ses talents professionnels. Bien sûr, si on passe sur le fait que la guerre, ce n’est que « du sans et de la merde » pour paraphraser le général Bigeard.
tout à fait d’accord avec toi, on peut en effet admirer tel ou tel général ou maréchal. Rommel fait partie du genre de général pour lequel je cultive une relation d’amour-haine si on peut dire. Haine car Nazi. « Amour » car un talentueux général notamment en juin 40 et en 44 dans un rôle plus défensif. Je méconnais fortement la période du « DAK » d’où l’utilité de ces deux ouvrages que je vais rajouter à ma collection! Merci!
Pas de quoi, Bonaparte56 !
Toujours heureux d’être utile ! C’est l’un des objectifs majeurs de ce blog qui fête bientôt ses cinq années et ses plus de 9.000 visiteurs uniques par mois. Tunisia et DAK ? Ouf du lourd ! Bravo ! 😉