Régulièrement, en sus du bimestriel, la rédaction de Guerres & Histoire nous sort des hors-séries thématiques. Celui-ci est consacré aux troupes d’élite.

La ligne est claire: aller au delà du bimestriel, donner plus de profondeur avec les hors-séries, avec le Mook « De la guerre », et avec les ouvrages publiés avec les éditions Perrin. Un vrai travail de fond entamé de manière inoxydable 😉 par Jean Lopez et son équipe de rédaction depuis près de douze ans !

Découvrons le ensemble !

Ce hors-série s’ouvre d’abord sur un article de Benoist Bihan qui cherche à poser les termes qui caractérisent les unités d’élite dans « Les troupes d’élite, des unités anciennes et complexes. » Et là, ça commence fort car la réflexion est poussée bien loin des sentiers rebattus habituellement ! Bien joué !

La suite va se diviser en quatre parties:

  • Les élites politiques
  • Les élites coloniales
  • Les élites 1914-1918
  • Les élites 1939-1945 et après

En fait, comme souvent, rassembler des articles d’auteurs différents peut sembler constituer une hérésie mais justement ça mène à réfléchir intelligemment sur le cahier des charges fourni par le rédacteur en chef ! Et cela donne une sacrée liberté de choix aux différents contributeurs !

Dans les élites politiques:

  • Les prétoriens, hommes de main à haut risque. C’est Eric Tréguier qui nous narre l’histoire de la garde des empereurs romains. C’est intéressant de situer la fonction politique pour caractériser ces unités. D’élite mais pas nécessairement guerrière !
  • Les janissaires, piliers de l’armée du Grand Turc. Il fallait tout le talent de Laurent Henninger pour percevoir les singularités nombreuses de ces soldats si particuliers. Et quelle iconographie !
  • « Les mousquetaires sont voués à la guerre de siège ». Ici aussi, on a un excellent choix proposé par Rémi Masson interviewé par Laurent Henninger. Parce qu’au delà d’Alexandre Dumas, on ne connait pas bien en général les mousquetaires ! Portrait complet: gardes, policiers et spécialistes de la guerre de siège dans laquelle mourra d’Artagnan !
  • La garde irakienne, les prétoriens de Bagdad. La aussi, le choix est malin et le sujet est porté par Benoist Bihan. Portrait en profondeur des prétoriens, armée bis, du raïs irakien !
  • Le NKVD, la botte secrète de Staline. Là, on tape bien au coeur du système abominable des soviets mais c’est aussi par le NKVD que la guerre fut gagnée à l’est ! Excellent choix indeed ! Par Jean Lopez.

Les élites coloniales. Ici, il fallait expliciter l’intérêt à mettre en valeur des élites guerrières chez les peuples colonisés.

  • Races guerrières; l’anthropologie bras armé du colonialisme. C’est dans cet article bien construit de Vincent Joly et de bien belle façon.
  • Guerriers Sikhs: un mythe tissé par les Britanniques. Pas toujours facile de comprendre les particularités des Sikhs dans les Indes sous contrôle britannique. Une excellente synthèse proposée par Joanne Taaffe.
  • Les zouaves, légendes de l’armée d’Afrique. Quentin Chazaud revisitent ces troupes qui représente tellement bien l’armée d’Afrique des débuts de la colonisation jusqu’à la guerre d’Algérie.

Les élites 1914-1918. Evidemment, pour les francophones que nous sommes, ça nous renvoit à la bande de soudards écorcheurs du Capitaine Conan dans le film de Bertrand Tavernier !

  • Les Arditi, entre audace et violence. Par Frédéric Le Moal. Parti-pris original dans une armée de conscription, les arditi, en trop petites unités, trop peu nombreux, n’arriveront pas à créer la rupture. Il en restera un esprit sur lequel rebondira le mouvement fasciste italien naissant.
  • Les corps francs, des loups en peau de mouton. Indispensables dans les coups de main entre les lignes mais Pétain ne voulait pas d’une « armée de gladiateurs » ! Par Michel Goya.
  • 1918: la division d’assaut, catalyseur de la défaite allemande. Sûrement la version la plus aboutie de la guerre mais Michel Goya met très bien en valeur l’appauvrissement de l’armée de base pour alimenter ces divisions d’élite. Pour l’auteur, c’est par là que va craque l’armée allemande.

Les élites 1939-1945 et après. On est là à la charnière de la création des unités de forces spéciales.

  • La Waffen-SS: une troupe surestimée. Du passage de garde prétorienne et gardienne des camps à unités d’élite, pompiers du front de l’est. La concurrence avec la Herr va amener la Waffen-SS à grossir au delà du raisonnable avec des unités très inégales. Une contribution utile de l’historien allemand Roman Töppel.
  • Long Range Desert Group: pirates sur un océan de sable. Là, on est bien au coeur de la matrice de la création des forces spéciales. Expérience du désert, adaptation des hommes et des machines à un environnement si hostile et pour des missions de reconnaissance au long cours. Prodigieux ! Par Eitan Haddok.
  • Les paras: soixante ans de vrais revers et de faux succès. Très utile synthèse proposée par Pierre Grumberg. 13 entrées de hauts et de bas !
  • SAS: les commandos très discrets de sa majesté. Les rois des coups tordus, la matrice des forces spéciales modernes est bien britannique ! 😉 Par Vincent Bernard.

En dehors des articles, 2 portfolios, l’un consacré aux unités de garde (Pierre Grumberg), l’autre aux forces spéciales US (par Benoist Bihan).

Un beau hors-série qui pousse ses recherches en dehors des sentiers battus ! Et l’iconographie est toujours bien au top !

Guerres & Histoire hors-série n°13. Numéro de juillet 2022.

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