Le dossier principal sera consacré à la guerre du Péloponnèse, lutte fratricide des cités grecques menées respectivement par Athènes et Sparte ! On y retrouvera Thucydide et Victor Davis Hanson !
Et comme d’habitude une série d’articles accrocheurs comme le Pueblo en 1968, les zouaves, les taxis de la Marne (sans nul doute par Jean-Claude Delhez…), le CV Essex, le choc entre l’Islam et la Chine en 751 à Talas, Grosny et les rubriques habituelles.
Le sommaire:
Bref, Guerres & Histoire, le magazine qui arrive toujours à nous surprendre !
Un titre des éditions Mondadori.
Je l’ai reçu ce jour, et il est excellent comme d’habitude.
J’aime beaucoup les critiques de livres loin d’être seulement laudatrices.
Le Manstein de servent paru chez Perrin se fait « descendre ». Je ne l’ai pas lu mais j’aime la franchise en bien comme en mal.
Bonnes vacances,
CM
Pas encore reçu pour ma part. J’avais plûtot bien aimé le Servent sur Manstein pour ma part.
La critique est juste et dénonce cette tendance déplorable à refuser de sortir des poncifs colportés par les Allemands après-guerre pour se dédouaner de leurs responsabilités. Et s’agissant de Manstein, (comme de Kesselring ou Guderian par exemple), qui furent des acteurs importants des crimes de guerre commis par la Wehrmacht, ce « retour en arrière » est inacceptable.
Mais j’ai beaucoup aimé ce numéro, très équilibré, avec toujours cette touche de controverse qui rend le lecteur intelligent.
Le sommaire me paraît plus éclectique que d’autres numéros.
CM
OK comprendo. Mais, pour moi, la collection « Maîtres de guerre » chez Perrin semble se consacrer principalement à la dimension militaire des personnages étudiés. C’est comme cela que je l’avais ressenti sur celles de Patton et d’Hitler. Je n’ai pas lu celui sur Staline. Servent évoque les crimes de guerre dans son ouvrage mais ne s’étend pas dessus. Personnellement, cela ne m’a pas gêné. Le fait est que si l’on cherche dans les bios de maints « maîtres de guerre », on va y trouver force massacres ou crimes de guerre.
Stéphane Mantoux a fait un billet bien complet sur Manstein hier:
http://historicoblog3.blogspot.fr/2013/08/au-commencement-etait-la-guerre25le.html
C’est justement ça qui pose problème : ne se consacrer qu’à la dimension militaire des personnages étudiés (ce qui n’est pas le cas de toutes dans la collection : cf le Patton de Y. Kadari, qui reste à mon avis la meilleure), ce n’est pas satisfaisant au regard de la méthode historienne. Pour le coup, on est dans « l’histoire-bataille » au mauvais sens du terme. Quel intérêt d’évoquer Manstein si on ne tente pas de questionner véritablement le personnage : illustre-t-il cette démarche de renaissance entreprise par la Reichswehr ? Est-il un si brillant « stratège » ? Est-il l’incarnation de ces officiers allemands qui ont appuyé sans sourciller le nazisme, y compris dans le cadre de la politique d’extermination menée à l’est ? Quelle est la portée de son autojustification après la guerre ? etc.
@Stéphane: pour ma part, je n’ai pas de problème avec l’ « histoire bataille » old fashioned. Et ça tu le sais. Cédric aussi depuis nos discussions sur l’intérêt des ouvrages de Paul Carell dont je recommande toujours la lecture – à contextualiser évidemment. 😉
Par contre, les questions que tu poses restent bien intéressantes aussi ! Elles sont abordées mais non approfondies dans l’ouvrage de Servent. Toujours le problème du positionnement d’une collection. Sur le fond et dans une approche biographique, no problemo, tu ferais sans doute mieux ! Mais la question n’est pas là pour moi.
Il y a deux ouvrages consacrés à Manstein dans l’édition française. Celui de Servent et celui de Lemay. Celui de Servent est plus léger, dans la ligne éditoriale de la collection de Perrin, celui de Lemay est plus fouillé dans un format classique chez Perrin en plus de 500 pages.Je m’étais arrêté à la page 42 (à reprendre, à reprendre). Le positionnement de Bir-Hacheim a toujours été clair: amener les lecteurs à lire les ouvrages et les revues dédiés à la « res militaris ». Je déconseille très rarement (jamais ?) une lecture. Je pousse le lecteur à lire les ouvrages, qu’il se forge son opinion lui même en fonction de ses connaissances, de son expérience, de ses centres d’intérêt.
Je comprends très bien ton intérêt pour le respect de « la méthode historique » mais je comprends très bien aussi que des passionnés de stratégie/guerre ne soient à la recherche que de la dimension militaire des personnages évoqués dans cette collection abondamment illustrée chez Perrin. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai lu le « Hitler » de Kersaudy, n’ayant jamais été attiré par une bio de ce sinistre personnage.
Bref, on a là des « partis pris » comme souvent. Il est clair que tu n’es pas tenté d’écrire dans cette collection là. Tu écriras sans doute un jour une bonne biographie dans une autre collection, c’est tout. Et je la lirai évidement avec grand plaisir. Pour en revenir à Pierre Servent, qui n’est pas historien de formation, mais ancien officier, j’ai un faible pour ses ouvrages, comme déjà évoqué ! 😉 Bon week-end. Jluc
Jean-luc,
– j’aime bien lire de vieux ouvrages -j’ai commenté ceux de Carell récemment…- mais à condition, quand je fais la recension, comme tu dis, de « contextualiser ». Et de la vieille histoire-bataille, j’en fais aussi par écrit (!).
– la biographie de Lemay, qui n’est pas parfaite non plus, est de loin supérieure à celle de Servent. Les points absents que je souligne sont à peine évoqués par ce dernier (cf la fin, sur 1945 et l’après-guerre…). Nous n’avons effectivement pas le même positionnement sur nos blogs respectifs. Quand je fais une recension, si c’est bon, je le dis, si c’est mauvais, je le dis aussi, et pourquoi. Cela m’a évidemment valu bien des inimitiés (…) mais des retours que j’ai pu parfois avoir, les lecteurs apprécient et d’ailleurs c’est sur ses ouvrages que les commentaires sont les plus nombreux (histoire de débattre).
– effectivement, beaucoup de lecteurs ne peuvent être attirés « que » par le côte militaire des personnages en question. C’est d’ailleurs le public visé par la collection, et il existe. Mais je persiste à dire que c’est insuffisant : il faut aller plus loin, il faut justement pousser cette catégorie de lecteurs au-delà. Alors, j’ai peut-être un parti pris, je suis exigeant, en raison de ma formation universitaire, de ce que l’on m’a appris, etc. Mais je pense que c’est la bonne méthode. Pour revenir à Pierre Servent, j’ai lu quasiment à la suite son Manstein et Le complexe de l’autruche, alors que je n’avais rien « avalé » de lui : le second est tout aussi critiquable que le premier.
Cordialement.
Au fait, sur la question des partis pris : oui, nous n’avons pas le même point de vue, politiquement parlant, ce qui explique aussi certaines choses. C’est un fait.
J’ai un différend avec M. Kadari, cela ne m’empêche pas de reconnaître que son Patton est le meilleur de la collection (cf ci-desssus) ; j’ai un différend avec Guerres et Histoire, et cela ne m’empêche pas d’être d’accord avec leur critique du Manstein.
Je crois que je sais faire preuve aussi de distance, parfois.
++
Hello,
Puisque Jean-Luc m’a cité, j’en profite pour revenir sur le Manstein de Servent. Je précise que je l’ai lu, évidemment.
L’ouvrage n’est pas bon sur bien des aspects, donc la critique de Guerres et Histoire (que je n’ai pas lue) m’apparaît justifiée.
C’est d’ailleurs la collection elle-même qui pose problème : elle ne se veut pas « biographique » mais propose pourtant bien des biographies, et la précision de l’intérieur de couverture laisse penser qu’on a affaire un peu à la « vie des grands hommes ». En outre, ce n’est que récemment qu’elle a été munie d’une bibliographie indicative : pour avoir été violemment pris à partie par F. Kersaudy sur Amazon, au moins je constate qu’il en a tenu compte (même si la bibliographie de P. Servent est loin d’être satisfaisante.
Pour revenir au Manstein de Servent, il y a plusieurs gros problèmes :
– un récit qui suit quasiment à la lettre les mémoires de Manstein -cf mon billet d’hier, on sait où ça nous mène…
– des erreurs factuelles repérables même par un non-spécialiste féru de matériel comme moi (type des T-34/85 et JS-2 à Koursk…).
– et de manière générale, une contextualisation du personnage qui est évacuée (relations de Manstein au nazisme, place de l’armée allemande par rapport à la guerre à l’est de manière générale, ses condamnations après la guerre ; et même, finalement, ce qu’il reflète par rapport à la reconstruction de l’armée allemande dans l’entre-deux-guerres).
Pour mon billet d’hier, ma base était le Osprey/Command que je cite en biblio. Les Osprey ne sont pas des références incontournables non plus (!), mais l’auteur ici, en 64 pages, avec un texte bien plus court, fait beaucoup mieux que P. Servent.
Pour ma part je déconseille la lecture de cette biographie qui n’apporte pas grand chose de neuf et n’est pas une synthèse de bon niveau.
Une réponse à retrouver dans notre échange précédent (me suis trompé d’endroit !). 😉
@Stéphane: no problemo avec ton positionnement. Tu veux en faire ton métier, c’est compréhensible ! Quand j’évoquais les parti-pris, je parlais de la collection de Perrin différente dans ses motivations des tiennes, pas des conflits éventuels entre les acteurs de ce marché étroit ! En vieillissant, je me méfie toujours du mot « exigeant » mais c’est aussi parce que j’ai un métier, chef d’entreprise, dans lequel rien n’est blanc ou noir ! Et pour finir, je suis « bon public » quand il s’agit de mes hobbies. Tu vois, le Manstein de Servent me redonne envie de lire celle de Lemay ou d’attendre celle que tu lui consacreras peut être un jour ! 😉
Autant pour moi alors.
Je te reconnais effectivement un caractère plus « bon public » et « affable » que moi (lol). Question de personnalité aussi, sans doute.
Pour le Lemay, oui, saine lecture : si tu peux essaie aussi le Osprey Command dont je me suis servi. En anglais il y a également la biographie de Mungo, que je n’ai pas lue, mais qui a l »air pas mal.
Quant à consacrer une biographie de Manstein… pourquoi pas, après celle de plusieurs chefs soviétiques (mdr).
++
Je pense que c’est plutôt l’âge et l’expérience ! J’étais très exigeant et intransigeant à ton âge ! 😉
Pour le hobby, je suis cool et de plus en plus dans mon métier. ça permet aux jeunes de s’exprimer mieux.
Pour ce qui est de l’anglais, je baigne dedans tous les jours mais j’ai décidé de m’en abstenir pour ma passion « livres ». Pour le wargame, je n’y échappe pas, par contre ! 😉
Dans le wargame, paraît qu’il y a des chats exigeants mais je n’en ai jamais rencontrés !
des matous plein de puces, oui !;-)
Si je puis me permettre de placer un petit mot dans le débat ci-dessus concernant Manstein et ses biographies : les critiques que nous portons contre lui (et contre Servent) ne concernent pas uniquement la question des crimes de guerre de la Wehrmacht (et de Manstein en particulier) !! Je comprends parfaitement le point de vue de ceux qui disent ne vouloir s’intéresser qu’aux aspects militaires de ces personnages (je ne partage pas entièrement ce point de vue, mais je le comprend). Or, toute la critique sévère, la véritable « déconstruction » que nous menons contre le mythe de l’excellence allemande (et qui inclut Manstein) consiste précisément à dire que, DANS LE DOMAINE MILITAIRE ÉGALEMENT, ET PEUT-ÊTRE MÊME AVANT TOUT, ils étaient fondamentalement mauvais ! Manstein est ainsi à l’image de tout le reste de l’armée (et a fortiori parce qu’il était le plus talentueux de tous) : ultra-compétent d’un point de vue tant professionnel que tactique et manœuvrier, pratiquement admirablement les opérations mais sans faire d’art opératif, mais, par-dessus tout, stratégiquement nullissime. C’est bien joli d’être hyper compétent et habile voire carrément artiste quand il s’agit de faire de splendides arabesques tactiques, mais quand ces brillantes et esthétiquement splendides actions ne servent à rien en termes opératifs et stratégiques, alors on ne fait au mieux que retarder une échéance inévitable, au pire que prolonger une comédie sanglante et sinistre. Tant pis si je paraît désagréable, mais c’est tout cela que les fanas milis ne veulent pas comprendre, obnubilés qu’ils sont par leur vision exclusivement axée sur le petit bout de la lorgnette tactique. La tactique, si elle n’est pas au service d’une stratégie saine, intelligente et victorieuse, ÇA NE SERT À RIEN !! Et, je me répète, je ne parle même pas des questions morales liées au vaste problème des crimes de guerre.
Mais en même temps, avait-il la main sur la stratégie ? On est loin des marges de manœuvre du tandem Hindenburg et Ludendorff de la 1GM, non ?
Merci d’être passé par ici, Laurent. 😉
Bonjour,
M. Henninger rajoute effectivement un point intéressant qui est celui des limites de la performance de l’armée allemande (c’est ce que je voulais dire avec mes » ce qu’il reflète par rapport à la reconstruction de l’armée allemande dans l’entre-deux-guerres »).
Et comme je le disais aussi, à force de vouloir prendre les choses par le petit bout de la lorgnette (l’excellence tactique et une vision déformée par une historiographie datée, cf la biblio de Servent), on en vient à négliger l’essentiel : la responsabilité morale et politique de l’armée allemande, sa capitulation quasi totale devant le nazisme et ses errements, et effectivement les problèmes intrinsèques de la Wehrmacht qui sont dus aux choix opérés sous la Reichswehr -la question que tu poses, Jean-Luc, aurait d’ailleurs dû être au coeur de l’analyse de Servent.
++
Intéressante ta réponse par rapport à ce que dit Laurent Henninger. Ce dernier a plombé la dimension stratégique de Manstein (et des autres). J’interroge, pour ma part, sur le fait qu’Hitler s’était approprié ce niveau. Toi tu poses le prob. de la responsabilité morale et politique des généraux allemands et tu considères que la TACTIQUE est le petit bout de la lorgnette. En fait, pour ma part, je passe AU DESSUS du problème de la responsabilité morale et politique des militaires (elle est évidente pour moi et depuis bien longtemps) et je m’intéresse, comme l’a vu Laurent Henninger à la dimension militaire des choses. Et là je m’intéresse et reconnais, comme Servent, le talent du chef de guerre – que ce soit au niveau opérationnel ou stratégique (quand il est libre d’agir – Crimée ou quand Hitler l’écoute – France 40). Pour résumer, il y a une grosse tâche sombre sur la carrière de Manstein, ça n’empêche pas de s’intéresser à lui. Pour rappel, Bonaparte a rétabli l’esclavage aux Antilles et a fait tuer exécuter des prisonniers turcs en Palestine, on doit faire le focus là dessus quand on étudie ses talents militaires ?
Bon, je m’en retourne à mon « Les guerres d’Afrique » de Bernard Lugan, moi … 😉
Bonjour,
L. Henninger a dit la même chose que moi : la tactique est le petit bout de la lorgnette, et c’est vrai. Ce qui m’interroge, en fait, ce sont les choix qui ont été faits en amont et qui expliquent que les généraux allemands se cantonnent au niveau tactique et approchent un art opératif qu’ils n’ont pas formulé explicitement. Si les généraux allemands ne font plus de stratégie, il y a une raison : elle est à chercher dans ce qu’a fait la Reichswehr sous von Seeckt.
Quant la responsabilité morale et politique de l’armée allemande, désolé, mais il faut en parler, d’autant plus que ce n’est pas acquis pour tout le monde -les fans d’histoire militaire justement. Si tout un chacun savait que Manstein s’est rendu complice de crimes de guerre et a approuvé la machine d’extermination nazie, je m’arrêterai illico. Le livre de Servent ne donne pas cette impression.
Tu sépares les deux alors qu’à mon avis c’est un tout.
Mais j’ai l’impression qu’on est chacun sur nos positions…
En désaccord avec toi comme avec L. Henninger sur la tactique, petit bout de la lorgnette. Je continue à penser que les trois éléments constitutifs de l’art de la guerre: tactique – opérationnel et stratégie sont indissociables. Pour ce qui s’agit du niveau opérationnel, le courant actuel de la mise en avant de l’ « art opératif » soviétique est une bonne chose mais cela n’enlève rien aux talents allemands dans le domaine. Faut pas exagérer non plus… Y a que sur la stratégie que ça se discute. Quelque soit les courants de pensée soviétiques et allemands d’avant guerre, tout explose sur le champ de bataille. Laisse à un Manstein la direction de la stratégie allemande et la messe est bien différente. Ce ne fut pas le cas et pour notre plus grand bonheur. Quant à la responsabilité de l’armée allemande, y a que chez les fanas mili que ça s’ignore ou qu’on veut l’ignorer, va vers le grand public, ça ne fait pas des masses de doute ! Perso, j’ai été vacciné jeune avec une grand-mère qui a connu la 1ère guerre mondiale derrière les lignes anglaises dans le Pas-de-Calais et qui a connu l’occupation durant la seconde guerre mondiale. Pour elle, l’Allemand est resté le boche en vert-de-gris jusqu’à sa mort. Maintenant, la volonté de réhabilitation de l’armée allemande dans le cadre de l’OTAN de la guerre froide, je le comprends bien aussi. J’ai grandi et vécu cette période. 😉
Bon week-end !
Jean-Luc,
Oui, les trois éléments sont indissociables. Ce que je dis, pour ma part, c’est qu’il ne faut parler QUE de tactique ! Quand tu parles des talents allemands, tu parles du niveau opérationnel ou tactique ? Opérationnel : les Allemands ont esquissé une définition de l’art opératif mais cela est resté à l’état d’embauche. Ils en ont fait parfois sans se rendre compte… au niveau tactique, oui, ils ont été excellents, mais parce que justement la Reichswehr avait fait le choix de ne faire QUE ça… et puis la supériorité tactique, on peut en reparler, mais elle n’est pas systématique non plus. C’est un peu trop facile d’y succomber, et sur le front de l’est, ça se voit rapidement, même si jusqu’en 1943 ce n’est pas massif. Manstein n’aurait jamais pu diriger la stratégie allemande d’abord parce que la Reichwehr a, à mon avis, fait le choix délibéré de ne pas privilégier ce niveau de la guerre et de l’abandonner au politique (Hitler pour le coup) ; en outre, Manstein n’était pas un stratège mais un tacticien et à la limite un bon chef opérationnel : quant à la stratégie, il n’y a jamais été vraiment formé en dépit d’un parcours d’état-major et d’une expérience pendant la Grande Guerre. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de porter un jugement péremptoire (les Allemands sont nuls) mais de voir pourquoi ils ont perdu à cause de choix effectués en amont (que de la tactique, de l’opératif sans le théoriser donc sans le cerner vraiment, et pas de stratégie). Et d’arrêter de ne parler sans arrêt QUE des moments où tactiquement ils ont été excellents…
++
Stéphane,
On ne place clairement pas les niveaux tactiques, opérationnels et stratégiques au même endroit ! Pour moi, la tactique c’est le niveau des unités dans la bataille: cie, batt, rgt, div. Le niveau opérationnel c’est la manœuvre des divisions et des corps d’armée. Pour ce qui est de la stratégie, c’est au dessus. La campagne de Crimée de Manstein, son opération de Kharkov, l’opération de relève de Stalingrad, c’est de l’opérationnel. Par contre, mais il n’est pas à la manœuvre, son plan de percée dans les Ardennes relève de la stratégie. Les Allemands ont perdu sur la longueur mais ils auront mis à genoux tant sur le plan tactique qu’opérationnel les Français, les Anglais et les Russes… C’est le niveau du dessus qui peine, la stratégie et j’ai envie de dire avant tout le politique car quand à ce niveau ça débloque, c’est mal barré sur le long terme… Sincèrement la théorie dans l’art de la guerre, les stratègistes en chambre, c’est amusant dans le concept. Sur le champ de bataille, ça explose souvent. Lire et relire les commentaires de Napoléon à ce sujet…
Pour moi, c’est clair, les Allemands perdent au niveau politique et stratégique.
On est d’accord sur le tactique, et la stratégie (à préciser) mais pas sur l’opératif. C’est plus complexe que cela à mon avis. Pour Manstein, oui, ses succès sont au niveau opératif, mais les Allemands n’ont pas théorisé ce niveau à ce moment-là (ils y ont réfléchi au XIXème siècle, ont formulé le mot operativ, mais ça n’a jamais été explicitement désigné comme un troisième niveau de la guerre).
L’art de la guerre est certes confronté à la réalité du terrain, mais le résultat d’une guerre ce sont aussi des choix faits en amont, comme ici ceux de la Reichswehr après la Grande Guerre. Et sur le niveau opératif et tactique, je persiste : les Allemands n’ont pas toujours brillé.
++
On se rapproche… pour s’éloigner ! On prépare les guerres avec des théories. Après on est confronté à la réalité et à l’ennemi. Et là on apprend tout autre chose. Ensuite, on théorise, bien ou mal, pour la prochaine… Ce n’est pas l’avant-guerre qui fait le César, le Frédéric prussien, le Bonaparte ou le Patton, c’est la guerre ! Maintenant, quand il y a de bonnes bases, c’est mieux mais on apprend ou désapprend vite à la guerre.
Je pense qu’on en fait trop sur les théoriciens de la guerre. Entre Jomini, Clausewitz et Bonaparte, je choisis toujours Bonaparte !
Suis ok pour dire que les Allemands n’ont pas toujours brillé quelque soit le niveau mais ils ont souvent eu de meilleurs réflexes face à une situation donnée tant que les rapports de force ne leur étaient pas trop défavorables… C’est la guerre globale qui les met à genoux pas l’art de la guerre français, anglais, soviétique ou états-unien…