On pouvait penser que ce numéro de juin 2014 aurait son dossier principal consacré au D-Day et à la bataille de Normandie.

Que nenni ! Jean Lopez nous prend à contrepied avec « Les samouraïs, légendes et réalité d’une caste guerrière ».

Pour ma part, j’ai apprécié moyennement ce dossier central en raison sans doute de l’exotisme du sujet:

  • Sept siècles de domination guerrière: en six pages, Julien Peltier nous propose de parcourir 2500 ans de l’histoire du Japon. C’est dense, trop dense selon moi, avec une accumulation de dates et d’événements pas ou trop peu connus.
  • Ces « hommes forts » enfantés par la guerre et la terre. Maurin Picard est allé  à la rencontre de l’historien américain William Wayne Farris, spécialiste de l’histoire du Japon. Une interview utile pour comrendre la genèse du « samouraï » et l’importance des influences étrangères.
  • Plume, acier et plomb: les trois mues du samouraï: Eric Tréguier nous propose, de belle manière, de suivre l’évolution de l’art de la guerre japonais, de l’archer monté au piéton armée d’arquebuse en passant par le cavalier lourd. Là aussi, on notera l’importance des apports extérieurs subis ou adoptés avec enthousiasme.
  • La révolution militaire du XVIe siècle fait long feu. Belle prise de hauteur par Laurent Henninger pour nous expliquer en quoi le développement d’une infanterie populaire équipée d’armes à feu va poser des problèmes à une caste guerrière renfermée sur ses privilèges. La comparaison et les limites par rapport à la « révolution militaire » en Occident est intéressante.
  • Des cendres du shogunat à celles d’Iroshima: le basculement dans la modernité du Japon va être d’une rapidité déconcertante. Bruno Birolli nous explique l’impact sur les samouraï et leur conversion dans l’armée impériale. On y sent les prémices du basculement vers un nationalisme et une autocratie exacerbés.
  • Samouraï, un mythe sans cesse renouvelé. Une analyse fine du mythe « samouraï » tant dans la société japonaise qu’à l’extérieur. Ici aussi, comme pour Laurent Henninger, de la hauteur de vue mais un style qui parfois, à l’instar de celui d’un Alexandre Adler, s’égare dans des envolées un peu absonces du type: « Ces dernières s’emparent en effet de cet idéal martial, qui fait écho à leurs propres obsessions, et se retrouvent, particulièrement dans les milieux conservateurs, dans l’idée d’une identité nationale intemporelle en butte à une modernité décadente; de leur côté, artistes et esthètes adhèrent à l’idéal d’un guerrier poète ou caligraphe à ses heures perdues, un contraste qui correspond pleinement à celui d’une Europe artistique dont la vitalitée angoissée se reconnaît dans les aphorismes sur la fragilité et la briéveté de l’existence« . Ouch ! Trop fort pour un magazine de vulgarisation… Personnellement, je préfère du Michel Goya dans le texte ! 😉

That’s all pour le dossier central. J’en profite pour souligner que nous sommes gâtés au niveau des illustrations, comme toujours…

Si vous souhaitez aller plus loin, en termes de wargames, je vous conseille: Samurai et Ran de GMT Games ou encore Kawanakajima chez Hexasim. Pour une approche plus stratégique, il y a le Sekigahara, toujours chez GMT Games. Des jeux superbes pour un Japon qui le mérite bien ! Certais sont épuisés mais vous pouvez en trouver sur Boardgamegeek.

Pour les autres rubriques, nous avons:

  • « Nous avons le privilège de toucher terre les premiers ». Interview de Léon Gauthier dans la rubrique « Exclusivité ». Les fusiliers marins & commandos de marine connaissent ce personnage haut en couleur. Il faisait partie des 177 Français du commando Kieffer qui ont débarqué le 6 juin 1944. Une interview riche en anecdotes. Côté wargame, je vous recommande, pour la compréhension du débarquement, le D-Day at Omaha Beach de Decision Games. Pour les opérations commandos, il y a l’ancien Commando chez SPI en 1979 ! Désolé, rien de spécifique sur le commando Kieffer !
  • Suez 1956, un port trop loin. C’est le colonel Michel Goya qui revient sur cette opération franco-britannique de 1956, coordonnée avec l’attaque israélienne sur l’Egypte. Un fiasco diplomatique. Dans la rubrique « Caméra au poing ». Pour illustrer cet événement, je vous propose trois wargames: Assaut sur Suez du Vae Victis 92, Suez’56 dans le Strategy & Tactics n°226 et Operation Kadesh dans Command & Strategy.
  • La Commune pouvait-elle battre Versailles. Guerre civile enchassée dans la guerre franco-prussienne, la Commune de Paris fit couler beaucoup de sang mais aussi d’encre chez les adorateur du « grand soir ». Vincent Bernard (lui ici ? 😉 ) est allé interroger quelques experts français du sujet: Maxime Jourdan, Olivier Peynot et Michaël Bourlet en dix points clés. Bien foutu et intéressant. Avec des illustrations tirées de BD de Tardy/Vautruin. Niveau wargame, rien à ma connaissance sur la Commune… on comprends d’ailleurs pourquoi en lisant l’article de Vincent Bernard ! Sur la guerre franco-prussienne dans son ensemble, on peut recommander: The franco-prussian war dans le Strategy & Tactics n°149 (1992) ou l’ancien 1870 chez Jeux Descartes (1978 !).
  • Le bazooka, l’arme antichar en tube. Pierre Grumberg revient sur la genèse de l’arme portative anti-char par excellence: la roquette antichar et son vecteur ! Dans la rubrique: « Un objet, une histoire ».
  • 1919: la seconde guerre de Crimée des Français. Mais qu’allions nous faire au combat en Crimée en 1919 ? C’est à cette question que répond efficacement le colonel Rémy Porte, l’un de nos meilleurs historiens actuels de la 1ère guerre mondiale. Il est clair que nos soldats voulaient rentrer dans leurs provinces natales ! Niveau wargame, ma recommandation portera sur le Reds ! de GMT Games.
  • « James Bond est une femme ». Derrière cette provocation journalistique se cache la réflexion du spécialiste « Opération spéciales », Jean-Dominique Merchet, sur les effectifs et le rôle des femmes dans le renseignement et les forces spéciales. Instructif !
  • Le char de guerre trace la voie des grands empires. Il fallait le talent multi-disciplinaire de Laurent Henninger pour mesurer le rôle de la charrerie dans la construction des empires antiques. Un article bien convainquant ! Niveau wargame, on ne peut échapper au récent Chariots of fire de GMT games pour les batailles de chars… antiques ! 😉
  • Sinope, 1853: les trois coups de la guerre en Crimée. Toujours intéressante cette rubrique « Peindre la guerre ». Ici, le sujet est proposé par Pierre Grumberg.
  • Frédéric II, l’autodidacte surdoué. Je connaissais finilament assez peu ce personnage important de l’histoire militaire européenne.  Pierre Grumberg interroge Thierry Widemann sur le parcours militaire de ce roi qui ne se prédestinait pas à ce rôle de chef de guerre ! Passionnant ! Il va falloir que je ressorte la biographie que lui a consacré Jean-Paul Bled… en attendant le « Frédéric II, chef de guerre » de Thierry Widemann à paraître chez Tallandier ! Concernant le wargame, on ne peut échapper à la série des batailles que Clash of Arms a consacré à l’Âge de Raison.
  • La rubrique « A lire, à voir, à jouer » regorge de bons conseils. J’en ressors « Brève histoire des empires » de Gabriel Martinez-Gros, une biographie de Lawrence d’Arabie par Christian Destremau, spécialiste du Moyen-Orient et « Les routes de la Liberté » de Nicolas Aubin qui a enthousiasmé Jean Lopez. Benoist Bihan, encore lui 😉 , égratigne le « Invasion ! Le Débarquement vécu par les Allemands » qui m’a bien plus pour ma part. Les jeunes auteurs me surprennent toujours en cherchant dans les ouvrages ce qu’ils souhaiteraient écrire eux-mêmes ! On attend avec impatience le premier ouvrage de Benoist Bihan. 😉  Quant à la rubrique « wargames », Frank Stora nous livre un « Frederick’s War » de Worthington Publishing et le Vae Victis 116 sur « les guerres de Bourgogne« .
  • L’humour, arme absolue. Une fois encore, je prends un plair infini à la rubrique « D’estoc et de taille » de Charles Turquin ! L’humour est toujours au rendez-vous et là, qui plus est, c’est le sujet central de sa rubrique ! Désopilant, tout simplement !
  • Le quizz est consacré à la Résistance française. J’ai sauvé les meubles: 10/20… Pas ma tasse de thé !

Pour finir, j’insiste encore et encore sur l’intérêt principal que je trouve personnellement à Guerres & Histoire: au delà du traitement toujours original des sujets, j’y fais moisson abondante de recommandations bibliographiques ! Ma passion que je partage avec vous sur Bir-Hacheim !

Merci à toute l’équipe ! Go on !

Guerres & Histoire, un magazine des éditions Mondadori. N°19 de juin 2014.

Retrouvez le magazine sur Facebook et ses plus de 10.000 fans désormais !

 Comme vous l’avez sans doute constaté, j’ai agrémenté mon commentaires de références de wargames. Ça vous a plu ? 😉

Le Bir, rombier, qui vous salue de Casablanca, Maroc !

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