Je viens de le terminer et je l’ai lu, de ci de là, intégralement !
Et c’est un très bon numéro qui conforte le succès de ce nouveau titre de presse qui parait depuis un an. Il est à noter que le titre passera, dès le numéro 5, à une fréquence bimestrielle. Visiblement, le succès semble être au rendez vous des guerres et de l’Histoire ! 😉
Encore une fois, Guerres & Histoire nous propose un sommaire bien dense autour d’un dossier central consacré à Pearl Harbor.
Au delà du titre volontiers provocateur, l’équipe de rédaction de Guerres & Histoire nous propose une argumentation bien complète:
- derrière la défaite, un autre désastre: Pierre Grumberg relativise la défaite américaine et remet en cause l’historiographie depuis 1941 avec une analyse de la biographie récente.
- 1905-1941, a course à l’abîme du Japon: ici, c’est Benoist Bihan, nouveau dans l’équipe de rédaction, qui nous livre son analyse de la poussée aux extrêmes de l’empire du Soleil Levant. Une belle iconographie met en lumière le gap important entre le potentiel des États-Unis et celui du Japon. Une bataille économique perdue d’avance.
- une flotte redoutable et inadaptée: Benoist Bihan pèse les forces et les faiblesses de l’outil aéronaval japonais. Il pointe ce qu’il considère avant tout comme sa grande faiblesse: la stratégie !
- comment les japonais ont raté leur raid: Pierre Grumberg se livre à un procès en règle de l’attaque japonaise et il a des arguments qui portent ! 😉
- une attaque en forme de boomerang: au delà du raid en lui même, Pierre Grumberg mesure l’impact de cette entrée en guerre du Japon dans le conflit mondial en cours. Un beau gâchis stratégique pour le Japon d’après lui…
Certains critiquent le parti-pris « sensationnel » du magazine sur les dossiers couverts; pour ma part, j’adore cette approche et les argumentations associées. Question de gout, certainement ! 😉
Parmi les autres articles:
- L’île Damanski, l’escarmouche qui a changé le monde. Guerres & Histoire se veut aussi un magazine d’investigation. Yacha Maclasha est allé déniché deux officiers russes qui ont eu à traiter un événement passé inaperçu mais qui a impacté le monde en mars 1969 aux confins de la Chine communiste et de l’URSS. Passionnant !
- Un bourbier aux relents de pétrole: la rubrique « Caméra au poing » est consacrée ici au conflit entre Irak et Iran de 1980 à 1988. Une guerre terrible couverte par François Malye. L’Iran parlait déjà de fermer le détroit d’Ormuz…
- Carrhes, le début du cauchemar parthe. Un article d’Eric Tréguier consacré au grand désastre de Crassus face aux terribles cavaliers d’orient. Un article, somme toute, assez classique avec une belle illustration de Giuseppe Rava en double page !
- Jerrycan, le Lego de la guerre motorisée. Laurent Henninger nous rappelle l’importance de cet accessoire militaire tellement rentré dans notre vie que j’en ai trouvé une copie conforme dans un magasin de bricolage pas plus tard que la semaine dernière !
- Guerre des Malouines, comment la France a joué double jeu: il s’agit d’une enquête menée par Alan Franck et David Molony dans laquelle nous avons droit à quelques révélations quant au rôle de nos armements aux mans des argentins: Super Etendard et Exocet. Si la France soutenait, sans concession, son allié britannique, il semble qu’il n’en était pas de même de notre industrie militaire… A suivre dans une deuxième partie à venir…
- La trêve de Noël 1914, une exception: le général André Bach est interrogé par Jean Lopez sur les fraternisations entre ennemis sur le champ de bataille. Les conditions de vie terribles dans les tranchées amenèrent parfois les belligérants, localement, à trouver des modus vivendi pour survivre dans les moins mauvaises conditions possibles. Une étude bien intéressante…
- La chronique Forces Spéciales dans laquelle Jean-Dominique Merchet revient sur les problèmes de timing de l’opération Eagle Claw en 1980…
- Ordres guerriers aztèques : ascenseurs pour la gloire. Pierre Grumberg et Boris Laurent présentent les castes de guerriers des terribles Aztèques et à cette occasion l’art de la guerre en Amérique Centrale pré-colombienne et son rôle dans la société. Superbement illustré par Jégou.
- Guibert, le stratège des lumières. Thierry Widemann est interrogé par Laurent Henninger sur ce stratège peu connu coincé entre Frédéric le Grand et Napoléon Bonaparte. Une interview intelligente pour remettre ce personnage historique à sa vraie place quant à son impact sur les guerres de la Révolution et de l’Empire. Passionnant.
- Le chevalier, un missile au guidage… aléatoire: Nicolas Chevassus-au-Louis analyse le rôle de chevalier comme un système d’arme moderne. Il y a de la provocation dans le titre mais il permettra à plus d’un de mesurer l’impact du lancier monté, protégé et doté d’étriers sur l’art de la guerre médiévale. Avec ses forces mais aussi ses faiblesses ! Illustré par Osprey.
- La chronique de Laurent Henninger dont le thème est ici: Art de la guerre: la technologie est-le le seul facteur déterminant ? La réponse est dans la question. Non, évidemment… 😉
- La rubrique L’oeil du cinéma d’Isabelle Delpech est consacrée à Rome.
- Une intéressante rubrique Réactions Débats consacrée à la puissance aérienne dans laquelle Jérôme de Lespinois répond à l’article de l’israélien Martin van Creveld paru dans le numéro 2 de Guerres & Histoire. Passionnant.
- A lire, à voir, à jouer: la rubrique dont je raffole évidemment avec son lot de bouquins dédiés à la « res militaris ». A noter, la présentation du blog « Mars attaque » de Florent Saint Victor ainsi qu’une page consacrée aux wargame toujorus par Frank Stora. Pourvu que ça dure ! 😉
- Le quiz du mois est consacré aux Croisades: 18 points sur 20. Tout va bien !
- Et enfin la rubrique « D’estoc et de taille » du toujours désopilant Charles Turquin. Elle est consacrée, utilement, à Mers el-Kébir !
Donc pour résumer, encore un excellent numéro de Guerres & Histoire avec des thèmes passionnants. La volonté de l’équipe de rédaction menée par Jean Lopez reste bien la vulgarisation mais les vieux grognards y trouveront aussi leur intérêt avec des débats et des thèmes novateurs, des exclusivités et des interviews pertinentes et une masse de sources bibliographiques pour aller plus loin.
Le succès semble être au rendez-vous car, après un an d’existence, la revue passe à un rythme bimestriel.
Mes meilleurs vœux de succès pour 2012 à l’équipe de Guerres & Histoire !
Moi j’ai bien aimé aussi, y compris le dossier principal. Faut juste pas s’arrêter aux titres avec G&H