Un grand biographe et une belle plume viennent de nous quitter en la personne de Jean Lacouture.
Je ne l’ai jamais commenté sur Bir-Hacheim mais j’ai quand même lu quelques uns de ses ouvrages comme sa biographie d’Ho-Chi-Minh ou encore son gros travail sur De Gaulle en trois tomes.
Jean Lacouture avait 94 ans.
In memoriam !
Pour moi il restera l’hagiographe de François Mitterand.
e^tes-vous certain d’avoir lu le texte de Lacouture sur Mitterrand ? C’est loin d’être une hagiographie. C’est parfois indulgent, mais les contradictions du personnage sont assez bien mises en valeur.
Oui c’est ça, l’as tu bien lu, Eric ! 😀
Je reconnais ne pas avoir lu les livres en question. La vue de certaines interventions télévisées et l’audition de quelques émissions radiodiffusées, au cours des années 70, m’avaient suffi pour me faire une opinion. Je ne comprenais pas, et je ne comprends toujours pas, que l’on puisse préférer un homme qui a toujours eu une certaine idée de lui-même, à l’homme qui a « toujours eu une certaine idée de la France. » Autrement dit, mon opinion sur Lacouture était faite.
Mais, apparemment, depuis la fin des années 80, ses yeux s’étaient heureusement décillés ; je vais donc lire ses trois tomes sur De Gaulle.
Belle honnêteté intellectuelle, Eric… et pénitence acceptée… 😀
Bonne journée à toi dans tes Hauts de France !
Jean-Luc
ok ! mais réduire le travail biographique de Lacouture à de vagues souvenirs des années 70, c’est limite. Surtout que ça sous-entend que toute bonne bio de Mitterrand doit être une bio à charge… quant à la certaine idée de la France, ça n’est pas un argument, surtout que 2G aussi avait une certaine idée de lui-même…
Bon, puisqu’il faut mettre les points sur les « i » :
Cher Laurent X,
Mes souvenirs des interventions de Lacouture dans les années 70 ne sont pas vagues. Malheureusement, j’avoue que je n’ai pas encore trouvé sur « le web » des enregistrements desdites interventions. Toutefois, je maintiens qu’à l’époque Jean Lacouture était fortement opposé à De Gaulle et dans l’idolâtrie de Mitterand. Je reconnais, d’après ce que j’ai pu trouver sur Internet depuis deux jours, que depuis la fin des années 80, il avait changé son point de vue, ce dont je me félicite.
Quant à votre « quant à la certaine idée de la France, ça n’est pas un argument, surtout que [« pendant la » ?] 2G [« lui » ?] aussi avait une certaine idée de lui-même… » Apparemment, si j’ai bien compris, nous changeons du sujet et passons dans une comparaison De Gaulle vs Mitterand. Permettez-moi, alors, de faire quelques remarques
Il me semble — et pour vôtre niveau culturel, j’espère sincèrement me tromper — que vous avez oublié — ou peut-être n’avez-vous jamais lu — les « Mémoires de guerre » et donc, en particulier leur début :
« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. Ce qu’il y a, en moi, d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. J’ai, d’instinct, l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. S’il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, j’en éprouve la sensation d’une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle-même qu’au premier rang ; que, seules, de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ; que notre pays, tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur. »
Si vous ajoutez à cela un départ, seul, sans moyen, pour Londres pour y continuer le combat et redresser l’Honneur de la France, une condamnation à mort par contumace, des membres de sa famille déportés, on est loin, très loin, de l’obtention d’une francisque et de maintien d’amitiés pour le moins douteuses.
Et que dire de ce qui est advenu par la suite. Quelle différence entre l’homme qui dit que « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille » et celui qui abandonnera l’un des symboles régalien, à savoir la monnaie.
Toutefois, ne croyez pas, pour autant, que je n’ai rien à reprocher à De Gaulle. Pensons simplement à son attitude envers les harkis. Ces derniers, algériens, s’étaient ralliés à la France contre le FLN et, à la fin, nous les avons laissés tomber.
Donc, pour résumer, De Gaulle était, avec ses erreurs, un homme d’état dévoué à la France, et Mitterrand un politique, au plus mauvais sens du terme, dévoué à sa carrière.
Au total, pour résumer,
Une réponse bien complète, merci.
Les wargamers ont le sang chaud… En plus, vous vous connaissez tous les deux. Au moins, vous fréquentez le même forum, Strategikon.
1) « La vue de certaines interventions télévisées et l’audition de quelques émissions radiodiffusées »… Si on n’est pas dans le registre du vague c’est que je comprends mal la langue française…
2) Vous avez trop d’admiration pour l’un et trop de haine pour l’autre pour que votre propos soit pertinent.
3)je peux aussi jouer au concours de citation de 2G ; à ce « Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur. » je préfère largement « Quand la France rencontre une grande idée, elles font ensemble le tour du monde. »
Bonjour Eric
Pas lu son travail sur François Mitterand. J’en resterai à De Gaulle et à Ho Chi Minh ! 😉
Bon dimanche (malgré le temps !)
Jean-Luc
Bonjour Jean-Luc,
J’ai lu rapidement sa biographie sur Wikipedia dont tu fournis le lien. Apparemment, après avoir été anti-gaulliste une bonne partie de sa vie, il ne tarissait plus d’éloges sur Le Général. Heureux celui qui a quitté le chemin de l’erreur !
Il faudra donc que je lise son travail sur De Gaulle.
Bien cordialement
Eric D.
PS : sur la côte le temps n’est pas terrible non plus… C’est le climat des Hauts de France 😉
Près de 2.500 pages quand même ! Il a de quoi se faire pardonner avec ça ! 😉
(Oui dans tes Hauts, on a souvent des bas !) Vive le Nord !
Bonnes vacances
JLuc
Plus court mais très bien, « Montaigne à cheval » et les deux volumes sur les Jésuites.
Merci, Laurent, pour ces références toujours utiles et appréciées ! 😉
Jean Lacouture, comme tant d’autres, a son « côté obscur ». Il voyait d’un très bon oeil le régime des Khmers rouges, par exemple… . Mais contrairement à tant d’autres aussi, il fera plus tard son mea culpa sur ce point.
Bonjour David
Ah ces communistes, toujours une bonne idée de départ qui finit toujours mal ! 😉
Jean-Luc
Je ne pense pas que les Kmhers Rouge aient eu la moindre bonne idée, même au départ 🙂
Disons que l’idée de départ générale du communisme a toujours été une idée « bonne » au départ, mais que ça part en vrille vite fait en général… 😀
L’enfer est pavé de bonnes intentions…
Disons que la biographie de Lacouture mérite quelques retouches…