Internet et la politique.
Plein de bonnes choses mais parfois trop conceptuel…
Tout d’abord, le positif.
Dès 2007, Thierry Crouzet écrit sur l’apparition de l’internet dans le fait politique aux USA et en Europe. Une approche originale, des réflexions intéressantes sont au rendez-vous de cet ouvrage. Thierry Crouzet met bien en valeur les oppositions entre une démarche en réseau et la démarche politique traditionnelle. L’ouvrage est particulièrement vivant et bien illustré d’exemples et d’interviews. Les graphismes associés sont aussi bien intéressants.
A priori, tout va bien. J’ai cependant été gêné par quelques parties.
Pour l’essentiel, ma critique repose sur la tendance de l’auteur a plié la réalité à sa démonstration. A titre d’exemple, je prendrai son chapitre appelé Borodino qui vise à montrer la supériorité du réseau sur le dirigisme napoléonien . Le problème est qu’en prenant en exemple la bataille de Borodino gagnée par Napoléon sur les Russes du Koutousov, il s’attaque à une sujet que je connais bien. Suivant l’approche littéraire de Tolstoi, il en vient à considérer que Napoléon perd en Russie face à une démarche de réseau du peuple russe… De fait, les raisons pour lesquelles Koutousov n’a pas appliqué les même règles que celle de l’empereur relèvent plus de sa culture militaire: il sait que l’hiver russe arrive et il sait que l’extension des lignes de communication française dans un pays aux routes de terre battue va entraîne boue, neige et verglas. Il joue la montre, veut limiter ses pertes… Pas d’effet réseau à l’horizon… Idem pour son approche de la longue traîne et son approche réseau dans la nature… A trop vouloir plier la réalité on peut se perdre. C’est dommage car les lecteurs motivés par le sujet peuvent arriver à décrocher.
Je pense, pour ma part, qu’il y a un temps pour tout. Et que les modèles politiques actuels (US, FR et en Europe) sont remis en cause par l’apparition d’une TECHNOLOGIE qui implique des changements de règles et de comportements, Y COMPRIS en politique. L’auteur passe également un peu rapidement sur les effets pervers et dangereux des réseaux.
Malgré cette critique, je salue le travail de Thierry Crouzet qui défriche des sentiers non battus. On prend plus de risque ce faisant et c’est très bien.
A défaut d’aller au bout de tous les concepts poussés par Thierry Crouzet, il me semble indispensable que tout politique (et citoyen) lise cet ouvrage.