C’est pour proposer aux lecteurs ce genre de livre que j’ai créé le blog du Rombier en 2009.
Car on a, avec Paul Kennedy, titulaire de la chaire d’histoire des relations internationales à la London School of Economics et professeur à l’université de Yale, un historien de tout premier plan, d’une belle hauteur de vue et bien dans la lignée des auteurs britanniques tels que Basil Liddell Hart et John Keegan. J’avais déjà commenté sa somme remarquable: « Naissance et déclin des grandes puissances« .
Dans « Le grand tournant », l’auteur s’intéresse aux moments clés qui ont fait basculer définitivement l’histoire de la seconde guerre mondiale du côté des Alliés. Son propos est de détecter les circonstances, les hommes, les techniques et les facteurs économiques qui ont joué.
Il le fait de belle manière en s’intéressant à cinq points clés:
- comment faire traverser l’Atlantique aux convois
- comment gagner la maîtrise des airs
- comment enrayer la blitzkrieg
- comment débarquer sur un rivage tenu par l’ennemi
- abolir la tyrannie de la distance dans le Pacifique
Les deux premier thèmes sont particulièrement bien traités selon moi. Seul le chapitre consacré à la blitzkrieg m’a paru moins dense.
La compréhension de l’auteur des phénomènes économiques et technologiques met particulièrement en valeur l’importance des destins individuels, des organisations et la combinaison des facteurs pour expliquer les succès des Alliés sur la période observée. C’est l’intérêt principal de ce texte.
On notera ses hommages réguliers, et bienveillants, à ses pairs (particulièrement Liddell Hart, Wilmot et Keegan) ainsi que l’abondance et la qualité de ses notes qui fourmillent de conseils bibliographiques.
SI on ajoute à tout ça une écriture fluide et vivante, on a là un ouvrage qui mérite sa place dans les bibliothèques historiques mais aussi de management des hommes et des organisations.
Avec un cahier photos en n/b, 5 cartes dans le texte, des notes bien denses et une belle bibliographie.
Aux éditions Perrin en 2012. 464 pages.
Ah là là, le rombier se rend-il compte de la valeur de ses références ?
Keegan a écrit un grand livre, son premier, mais c’est le seul. Tout ce qui suit est faible, parfois d’un niveau si bas et approximatif qu’on n’ose croire ce qu’on lit.
Mais au moins reste-t-il une fraction de Keegan à sauver, ce qu’on ne peut dire de Liddell Hart, cet auteur depuis longtemps déconsidéré. Il n’y a rien à tirer de ses écrits, parasités sans cesse par une soif de reconnaissance, avec cet auteur prêt à toutes les falsifications pour vendre qu’il fut précurseur de la guerre mobile. Sa démarche historique n’est surtout pas rigoureuse, et son approche indirecte, mise à toutes les sauces, a juste le goût de l’eau.
Avec ces deux auteurs, c’est comme si, pour vanter son blog BD, on se réclamait de Lanfeust et de Garfield, en en faisant de fiers modèles, sans réaliser combien on dévoilait d’abord ses limites.
Bonjour noneed@mail.ru !
Ah les taureaux et leurs capes rouges ! 😉 Mais oui, je les revendique en effet ! Et c’est un plaisir de voir Paul Kennedy saluer (même en les critiquant) les travaux de ses devanciers « Une fraction de Keegan », « ride à tirer des écrits » de Liddell Hart ! Ben voyons ! Ya quand même mieux à dire. 🙂 Pour les comics, je te laisse juge !
Bonne soirée !