Du précis et du dense.
Franchement là, nous avons l’ouvrage majeur, en langue française, sur ce qui faillit faire basculer la guerre de 14-18 du côté des Allemands: la mise en place d’unités spécialisées d’assaut ou d’attaque.
Avec Jean-Claude Laparra, nous accompagnons, étape par étape, la prise ne compte des nouvelles dimensions du combats tant au niveau tactique qu’au niveau stratégique dans une progression pragmatique et graduelle qu va du terrain à la mise en place d’une doctrine d’emploi et d’un processus d’instruction et de diffusion régulier à toutes les armées allemandes.
L’ouvrage se découpe en trois belles parties cohérentes:
- l’amélioration des techniques et des tactiques dans l’infanterie, l’expérience du 5ème bataillon d’assaut (Rohr) y étant particulièrement mise en avant
- des formations particulières avec des moyens adaptés à l’offensive: les lance-flammes, les unités de montagne et les détachements de chars d’assaut sont détaillés
- la division d’infanterie et ses évolutions majeures de 1917 et 1918: division d’intervention et division d’attaque
Le texte de l’auteur est très précis, extrêmement détaillé. Il pourra parfois rebuter tant l’approche systématique de la démonstration peut paraître aride.
Pour résumer, c’est bien l’ouvrage essentiel sur le sujet.
J’aurais cependant aimé voir développées la réaction et les contre-mesures alliées face à cette évolution de la doctrine allemande. J’ai été impressionné par le pragmatisme des officiers généraux allemands face à cette évolution venue du terrain. Là, où Pétain ne verra que des « divisions de gladiateurs »… Les gladiateurs vaincus de 1918 remettront leur ouvrage sur le métier en mai 1940…
Aux éditions Ysec en 2007.
Même si je ne nie pas que ce bouquin doit être intéressant, je serai beaucoup plus mitigé que toi sur la réelle utilité des « gladiateurs » allemands (on est encore en plein pro-german bias !)
Je ne crois pas du tout que les troupes d’assaut de cette époque auraient pu faire « basculer la guerre », au contraire il faut plutôt y voir une tentative ultime, les derniers feux de l’armée allemande, le baroud d’honneur. La lecture de Junger (orages d’acier, la guerre comme expérience intérieure, etc) le montre bien.
Les allemands ont fait le choix d’une armée « à deux vitesses » avec des troupes d’élite d’un côté et une masse de soldats de qualité moyenne de l’autre. Que les premiers échouent et c’est tout l’édifice qui s’écroule (c’est bien ce qui est arrivé, les Stosstruppen ont été décimées).
Les français au contraire ont considéré qu’il fallait former l’ensemble de l’armée par roulement aux nouvelles tactiques (nettoyeurs, corps francs, etc…)
Quand à la « stratégie » de Ludendorff, c’est quand même lui qui disait : « Il n’y a pas de tactique. Nous faisons un trou. Le reste suivra. »…
Un peu court, non ?
Charles-Antoine, je ne peux que te conseiller la lecture de cet ouvrage car, comme toi, je focusais beaucoup sur 17-18. C’est intéressant de voir le travail réalisé très tôt sur le sujet, le recrutement, la formation, le transfert de l’instruction dans les unités, l’utilisation et la formation aux nouvelles armes et tactiques justement. Ce qui est intéressant aussi, c’est la diffusion de ces techniques et tactiques dans toute l’armée. N’oublions quand même pas que les derniers feux allemands de 1918 auraient pu quand même nous surprendre… Je pense que la blitzkrieg doit beaucoup à ce travail pragmatique et à la diffusion de l’instruction d’ailleurs… Pour ce qui est du général Laparra, lui coller du « pro german bias », c’est quand même gonflé… Ne serais tu pas trop « wargame payer biased » 😉