Un numéro consacré exclusivement à la seconde guerre mondiale.
Au sommaire:
- « Fukkaku » à Peleliu, les Marines plongés dans l’enfer. Derrière ce titre énigmatique se cache le changement de tactique des Japonais dans la défense des îles du Pacifique sur le chemin des Américains vers le Japon. Par un aménagement systématique du terrain, il s’agissait de se terrer parfaitement pour minimiser les pertes face aux appuis exceptionnels des forces américaines et de maximiser, par contre, les pertes des unités de Marines au fur et à mesure de leur progression. La volonté était manifeste: épuiser la volonté américaine de combattre par une guerre terriblement coûteuse pour la conquête d’îlots sans importance en eux même mais essentiels pour le bombardement systématique du Japon. Si cette tactique fut assez efficace, elle n’arrêta ni la machine de guerre US ni la volonté du peuple américain. Xavier Tracol nous relate la préparation nippone sur l’île de Peleliu et les opérations de débarquement puis de conquête graduelle. Au final: près de 11.000 japonais sont morts pour 9.615 américains hors de combat dont 1.600 tués. Abondamment illustré comme à l’accoutumée. Manque une bibliographie même sommaire.
- Opération « Felix », les plans allemands contre Gibraltar. Le sujet semble être à la mode actuellement car il a récemment été traité par Champs de bataille Seconde Guerre Mondiale dans son numéro 8. Cédric Mas s’y attaque également avec bonheur dans cet article où situation géopolitique, diplomatique, stratégique et contingences opérationnelles s’entremêlent pour amener à une succession de projets et de plans d’opérations qui avorteront tous au final. L’article est bien intéressant, superbement illustré mais il manque toujours une bibliographie…
- Malte, l’attaque qui n’aura jamais lieu. Le contrôle de la Méditerranée par les Anglais se faisait en trois lieux: Gibraltar, Alexandrie et Malte. Cette dernière position entre Sicile et Tunisie coupait la Méditerranée en deux, était située sur les lignes de ravitaillement de l’Afrique du Nord italienne et protégeait les convois vers l’Égypte. Bref, une position centrale sacrément exposée. véritable porte-avion permanent, elle servait aussi de base à une flotte agressive de navires et de sous-marins britanniques. Là encore, de nombreux plans d’invasion furent élaborés. Les opérations en Afrique du Nord mais surtout l’engagement allemand en URSS amenèrent les plans d’invasion être décalés puis définitivement reportés. Sans nul doute, l’une des erreurs majeures nazies durant la seconde guerre mondiale. Bien présenté par Cédric Mas à nouveau, toujours bien illustré et toujours pas de bibliographie. 😉
- Piège en Crète pour les « diables verts ». Nième relation de l’assaut aéroporté allemand sur la Crète en 1941. Laurent Tirone nous propose de revisiter cette opération, la plus importante et la dernière majeure, réalisée par les aéroportés allemands durant la seconde guerre mondiale. Un contexte stratégique imprévu, des conditions de montage rapide et un assaut agressif caractérise cette opération qui, à défaut d’être un échec, fut un succès coûteux pour les allemands. La faute, pour Laurent Tirone, repose essentiellement sur la connaissance des plans allemands par les Britanniques en raison des décryptages de ma machine à coder allemande, Enigma. Intéressant, toujours bien illustré et… toujours sans bibliographie…
- Planifier et conduire la bataille: retour sur le rôle des état-majors allemands durant la bataille de Stalingrad. Assurément le meilleur article de ce numéro de Ligne de front, il est signé de Guillaume Lasconjarias. A défaut d’une bibliographie, l’article est bien sourcé de références… bibliographiques. 😉 Un article bien structuré qui fait le point sur la formation des officiers d’état-major allemand, leur rôle, le dimensionnement des état-majors divisionnaires, l’application à la 389ième division d’infanterie durant la campagne de Stalingrad avec un focus particulier sur le renseignement. Passionnant !
On peut cependant regretter que, depuis quelques numéros, la revue reste centrée sur la seconde guerre mondiale. Son baseline n’est-il pas « Histoire des conflits du XXème siècle » ? Ce faisant, la revue se met en concurrence exclusive de la pléthore de magazines sur le même sujet. Dommage.
Bonjour,
Etant l’auteur de deux articles dans cette revue, j’ai bien noté votre remarque sur le manque d’une bibliographie.
Toutefois, s’agissant d’une revue grand public, cette demande souvent exprimée sur le net est très minoritaire sur la globalité des lecteurs (ce qui n’est pas étonnant si l’on sait que l’audience d’une telle revue, distribuée en kiosque, n’a rien « d’universitaire »).
En outre, et contrairement à un certain nombre de mes honorables confrères, je travaille essentiellement à partir d’archives militaires (ce qui je pense se « ressent » à la lecture des détails donnés dans ces articles sur les plans de ces opérations, détails que vous ne trouverez pas ailleurs).
Si je devais vous donner une bibliographie, il faudrait une place trop importante pour les références absolument illisibles (cotes pour les archives allemandes ou italiennes, numéro de rolls pour le NARA…), que le format de la revue comme l’intérêt des lecteurs ne permet pas. Il ne s’agit pas d’une énième recension de quelques Osprey…
J’avoue avoir rédigé ces articles en pensant essentiellement aux Wargamers, dont je fus, qui sont si friants de ces « What If ».
Pour finir, si vous voulez réellement étudier plus en détail encore ces opérations, je vous invite à rechercher dans ces ouvrages qui présentent de très bonnes synthèses universitaires :
pour Gibraltar : Germany’s strategy and Spain in World War II de Charles B. BURDICK – Syracuse University Press 1968
pour Malte : Operazione C3 : Malta de Gabriele Mariano, Ufficio Storico Stato Maggiore Marina Militare – Roma 1990
Inutile de préciser d’une part que ces livres ne sont pas écrits en français, et qu’ils sont tous les deux épuisés… Ruez-vous donc dessus si vous avez la possibilité de les trouver sur le net.
En conclusion, au regard de la somme de recherches que j’ai été amené à effectuer pour ces deux modestes articles largement perfectibles et du nombre d’informations inédites (même en anglais) données aux lecteurs intéressés, j’ai la faiblesse de croire que le manque de bibliographie n’est qu’un détail.
Cordialement,
CM
@Cédric Mas
merci de ces -longues – précisions !
en fait, je pense que l’intérêt de vos lecteurs serait d’avoir une « orientation bibliographique » ou une bibliographie pour aller plus loin !
Pas nécessairement la bibliographie complète pour l’article.
De même la connaissance de qui est l’auteur pourrait être utile.
Mais j’exprime mon besoin pas nécessairement celui de tous les lecteurs de la revue !
😉
Bonjour,
C’est là tout le problème : la majorité des lecteurs achètent ces revues pour les photos et les textes, tant que ceci restent « lisibles », c’est à dire pas trop complexes.
C’est une réalité à laquelle tout auteur doit s’adapter (et je peux vous garantir que je fais le minimum de « concessions » à cette réalité – par exemple en conservant les appellations d’origine des unités).
Quant à donner des pistes de « lectures » pour approfondir, cela peut se concevoir pour un article « généraliste » qui ne fait qu’aborder un sujet.
Sans y parvenir, ces deux articles ont plutôt pour objet de traiter en profondeur de ces questions, en écartant toutes les erreurs (pour ne pas dire autre chose) colportées depuis les années 50 et encore reprises aujourd’hui.
Sans vouloir paraître présomptueux, je vous pose la question :
aviez-vous déjà lu, même dans les publications les plus récentes, que l’attaque de Gibraltar rencontrait des pbs logistiques majeurs (viaduc ferroviaire d’Irùn par ex.) ? Qu’elle ne pouvait bénéficier d’une couverture fumigène du fait des vents importants qui battent la partie Nord du rocher ? Que l’Abwehr préparait de son coté un plan commando contre le rocher ?
Aviez-vous déjà lu que la renonciation à l’attaque de Malte était antérieure à la prise de Tobrouk, et surtout que si le plan d’attaque était complet, rien n’était prêt fin juin ?
C’est pourtant ce qui ressort de la lecture des archives.
Ces articles ont beaucoup de défauts (manque d’ORBAT, cartes perfectibles, nombreux détails « évacués » faute de place…), mais il me semble que l’absence de renvoi des lecteurs vers des ouvrages disponibles n’en est pas le principal.
Ceci dit, si c’est là votre seule critique, j’en suis très heureux 😉
CM
@Cedric Mas: pour être clair, j’ai bien apprécié votre article. J’y ai appris des choses évidemment. Mais il est clair que, pour ma part, je lis les revues pour qu’elles m’ouvrent des pistes à approfondir dans des ouvrages. Je pense que ça se voit dans mon blog d’ailleurs. 😉 En fait, ce que j’aimerais, c’est un ouvrage de Cédric Mas. C’est pour quand ? 😉
Bientôt, mais chut… 😉
Je vous tiendrai au courant si cela vous intéresse.
Toutefois, puisque vous me le demandez, et alors que je n’aime pas faire de « pub », je me permets de vous signaler deux hors-séries, assez anciens de la revue Batailles & Blindés sur l’Afrikakorps « commis » par votre serviteur (de mémoire les hors-série n°6 & 8). Le premier sur 1941 (Tobrouk – Sidi Rezegh) et le second sur 1942 (Gazala – El Alamein).
S’agissant de hors-série de plus de 130 pages remplies à ras-bord, le format est plus proche d’un livre que d’un article.
Ils souffrent certes de nombreuses « erreurs de jeunesse », et j’avoue qu’au regard des documents que j’ai recueilli depuis, il faudrait entièrement les réécrire, mais ils avaient à l’époque reçu un accueil assez bon.
CM
Lu ce numéro qui est bon. J’ai appris plein de choses…et tous les articles m’ont intéressés.
Je trouve cette question de l’engagement allemand en med. passionnante! Le numéro montre bien l’inconsistance de la réflexion stratégique de l’Allemagne nazie…s’engager sans véritablement s’en donner les moyens…
Il me semble que la Med. Occidentale aurait du constituer la priorité (avec Malte plutôt que la Crète), ce pour appuyer les premières unités engagées en AfN et le faible allié italien…résultat: une aviation de transport et l’arme aéroportée considérablement émoussées pour un résultat peu probant…
mais bon les what-if : )
@Vincent: Effectivement, les Allemands ont semblé moins bons dans les opérations non planifiées… On peut aussi considérer que l’extension excessive de leur stratégie a fini par leur être préjudiciable. Voir « Le paradoxe de la stratégie » de E. Luttwak. merci d’être passé par ici.
…et le Erreurs stratégiques du 3eme Reich chez Economica….
@Vincent: +1 😉