Le Président l’a dit…
Dans le Figaro, vous trouverez ce jour une interview exclusive du Président de la République.
Dans cette interview, Nicolas Sarkozy parle brièvement de l’Afghanistan.
L’information majeure est que la France ne renforcera pas son contingent (près de 3.000 hommes) en Afghanistan, à l’inverse des Etats-Unis et du Royaume Uni. Evidemment, le Président préside et prend les décisions qu’il veut pour le bien du pays. Dont acte.
Je vais donc me placer sous l’angle ‘technique » et « militaire » pour commenter les quelques lignes présidentielles:
- Tout d’abord le commandant en chef des armées dévoile une décision stratégique à l’ennemi. Certes, il la délivre à des fins de politique française mais, évidemment, cette décision sera décodée par l’ennemi. Donc la France ne s’engagera pas plus. Si j’assumai le commandement de l’ennemi, je me ferais un malin plaisir à augmenter mes actions contre les unités françaises pour provoquer des pertes additionnelles sur l’un des maillons faibles de la coalition occidentale…
- Le commandant en chef des forces armées déclare également qu’il faut rester en Afghanistan … et pour gagner… Mais sans engager de moyens supplémentaires ! La solution qu’il propose pour gagner est d’augmenter la taille de l’armée afghane et de payer plus les soldats afghans (plus de soldats gagnant plus…). Que croit il ? Que nos alliés n’ont rien compris ? On aurait presque envie de conseiller au commandant en chef des forces armées françaises de lire les ouvrages de Galula, Trinquier ou du colonel Goya sur le sujet… ou de nommer un conseiller spécial sur le sujet. N’aurait il pas un fils de libre pour cela ?
Mais il paraît que la guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée aux militaires… Sincèrement, il ne vaut pas mieux la laisser aux civils !
Pendant ce temps, nos soldats sont engagés dans une guerre, ils font la guerre comme en Indochine dans l’indifférence métropolitaine… Et plutôt que d’impliquer la nation, il faut ne pas l’inquiéter, la dorloter voir l’endormir…
Moi, de mauvaise humeur ? Non, désabusé…
Bonjour,
je visite régulièrement votre site car il me permet de choisir judicieusement mes lectures.Donc un grand merci pour cet énorme somme « biblesque »!!
Pour ce qui est de cet article,je me trouve en complet accord:nos hommes politiques n’ont aucune,je dis bien aucune,connaissance militaire,tactique ou stratégique,du moins ceux qui nous gouvernent actuellement.Ils n’ont aussi aucune mémoire historique.
Ils pourraient(investissement faible)lire Sun-tsu pour commencer:ils y apprendraient les bases de la stratégie et du commandement,de la ruse militaire entre autre.
Quant aux auteurs que vous citez,je les avais découvert en version anglaise(source prolifique si il en est):quel étonnement de ma part!des auteurs français,pertinent,expérimentés et dont les ouvrages ne sont même pas disponible en français!!Mais cela commence à être réparé.
Pour la citation de Clémenceau ,une petite précision:
« la guerre est une chose trop sérieuse pour être EXCLUSIVEMENT confié aux militaires ».Comme vous le lisez,même le « Tigre » savait reconnaitre ses limites!!(à méditer pour nos hommes politiques).
Encore bravo pour votre blog.
Je crois que ce discours avait surtout une vocation interne face à une opinion publique pas forcément convaincue qu’il faille faire des efforts dans cette guerre (et personnellement j’en fais partie). Parce que si j’en crois les autres blogs que je lis sur le net, le renforcement de nos troupes se fait de manière discrète: décompte du total des marins engagés dans l’opération, décompte des gendarmes qui vont participer à la formation de leurs homoloques afghans, envoi de matériel de plus en plus lourd (on passe du mortier de 120 au caesar, de la gazelle au Tigre…), etc…
A Philippe,
Merci pour ce commentaire et pour ce soutien… apprécié !
A Antoine,
Tu poses la question au bon niveau. On y va ou on n’y va pas. Si on a décidé d’y aller, on y met les moyens. CQFD. Quant aux moyens techniques mis en œuvre, on monte en puissance effectivement ce qui n’est pas triché avec l’intention. Car avec les Gazelles, Famas, VAB,… on était un peu « léger ». Quant aux marins, on ne peut pas dire qu’ils sont vraiment engagés contre les Talebs sur le terrain. Et les gendarmes sont là pour former leurs homologues afghans, pas pour les opérations. 2.500 à 3.000 hommes ? C’est ce que l’on a en Côte d’Ivoire… Pas vraiment un conflit de basse densité… Bref, y être ou ne pas y être ? J’ai mon avis là dessus mais si on y est, on y met les moyens et là le compte n’y est pas. Merci l’Antoine !
Je ne suis pas un spécialiste mais j’avais cru comprendre que les marins engagés dans l’Océan Indien en soutien des opérations en Afghanistan étaient comptabilisé dans les effectifs totaux. Ils en ont été sortis. http://tinyurl.com/yjgyxjx Sans compter les gendarmes présents qui devront se rendre là bas. Ce sont des militaires, ils sont en Afghanistan. On les compte, on les maquille pas ! http://tinyurl.com/ykrkmr3 Certes ce sont des petits tours de passe passe comptable mais cela montre à quel point on cherche à noyer le poisson.
Après je suis entièrement d’accord. Pas de demi-mesure: on y va ou on n’y va pas. Mais si on décide d’y aller, on y va avec ce qu’il faut en matériels et en homme.
Pour la Marine, ce fut le cas mais les unités oscillent entre les côtes du Pakistan et le « front de la piraterie »… Pas vraiment engagées dans des opérations de guerre. Pour les gendarmes, l’excuse de leur rattachement au ministère de l’intérieure est amusante mais réelle… Le gendarme vient former et non faire la guerre. Il peut cependant avoir à la subir…
Toujours d’accord avec toi sur le fond… Le politique fait dans le dérisoire mais il oublie que la vie de nos hommes est en jeu… C’est un petit jeu où les acteurs sur le terrain perdent toujours. Notre Président n’a aucune culture ni attachement aux choses militaires et ça se ressent…