Et de trois !
Après les mémoires du maréchal Montgomery et l’ouvrage que lui ont consacré Cédric Mas et Daniel Feldmann, il me restait à lire cet ouvrage d’Antoine Capet. Pour tout vous dire, j’en suis un peu à une « overdose » de Montgomery ! Mais ca valait le détour vu le faible nombre d’ouvrage consacré à celui-ci en français !
Et bien, je trouve que les deux ouvrages se complètent avec bonheur. Là où l’on a, dans l’étude de Mas/Feldmann, une étude très pointue des opérations, de l’art de la guerre et du comandement de Montgomery, on a ici un ouvrage plus global, plus biographique tout en restant concentré, bien évidemment, sur la dimension militaire du personnage. C’est un paradoxe, car la collection « Maîtres de guerre » dans laquelle est édité le texte d’Antoine Capet, ne se veut pas comme rassemblant des biographies !
En fait, l’auteur, professeur de civilisation à l’université de Rouen, nous apporte un texte bien équilibré sur l’ensemble de la vie et de l’oeuvre du maréchal britannique. J’ai bien apprécié l’utilisation centrale des mémoires de Montgomery et l’éclairage que donne l’auteur au travers des mémoires et des témoignages des contemporains du général britannique. Une approche classique mais qui reste refficace pour l’amateur des mémoires que je suis. Le texte est appuyé régulièrement de notes de bas de page bien utiles également.
Une remarque cependant sur l’ « artiste des batailles », sous-titre de l’ouvrage. On ne peut pas dire qu’il soit clairement démontré dans l’ouvrage d’Antoine Capet. On ressent plutôt chez Montgomery un passionné de l’instruction, de la préparation d’opérations qu’il veut décisives par l’emploi massif de l’équipement dont étaient doté les Alliés, une recherche permanente de l’économie des hommes, ces citoyens-soldats d’une nation qui avait trop subi les hécatombes de la Grande Guerre, l’application et l’adaptation d’un « master plan » prévu à l’avance et qui ne se réalise pas toujours. C’est bien là où l’ « art de la guerre » de Montgomery est à l’opposé des doctrines américaine ou allemande: les Américains n’ont pas eu à supporter les pertes élevées de la 1ère guerre mondiale, ils restent sur une doctrine du mouvement tout napoléonien quant aux Allemands, leur savoir-faire réside toujours dans la recherche de la bataille décisive et l’art de l’encerclement des armées ennemies.
Au delà du fond, l’ouvrage d’Antoine Capet est bien écrit et abondamment illustré, c’est sûrement là l’un des points forts de la collection « Maîtres de guerre » des éditions Perrin. A noter que les cartes, qui sont en couleurs, n’en sont pas moins sommaires et parfois erronées.
On pourra enfin reprocher à l’auteur de n’apporter qu’une bibliographie sélective, très réduite par rapport à celle de l’ouvrage de Mas/Feldmann mais là à nouveau, c’est l’esprit de la collection qui prévaut !
Bref, pour résumer, avec les ouvrages d’Antoine Capet et de Cédric Mas/Daniel Feldmann, vous avez désormais bien de quoi satisfaire votre curiosité sur « Monty » et avoir une opinion bien plus nuancée des talents et défauts de celui qui restera l’un des généraux majeurs de l’histoire de la Grande Bretagne !
Montgomery, l’artiste des batailles. Antoine Capet. Dans la collection « Les maîtres de guerre » aux édtions Perrin. 395 pages en mai 2014.