Je tiens entre mes mains un ouvrage marquant tant par la prégnance de son sujet, la guerre irrégulière, que par la hauteur de vue et le traitement proposé par son auteur, Elie Tenenbaum.
il est clair que la guerre irrégulière a connu bien des noms: « petite guerre », guérilla, guerre révolutionnaire, guerre subversive, guerre insurrectionnelle, le tout mâtiné de terrorisme… Au delà des noms, il est clair qu’elle est pratiquée depuis la nuit des temps dans un rapport du faible au fort. Mais le 20e siècle se distingue particulièrement par le déséquilibre des rapports de force créé par les nations occidentales ainsi que par la décolonisation et la montée du communisme.
Le siècle s’est donc prêté à des pratiques mais aussi à une maturation doctrinale tant en termes d’insurrection que de contre-insurrection.
C’est là tout le propos de l’ouvrage d’Elie Tenenbaum qui passe systématiquement « du glaive au bouclier » au travers de beaux chapitres bien équilibrés:
- Introduction. L’Occident face à la guerre irrégulière.
- Aux sources de la guerre irrégulière moderne (1914-1940).
- La seconde guerre mondiale irrégulière (1940-1946).
- Guerre froide, propagande et subversion (1946-1954).
- Guérilla contre guérilla (1946-1954).
- La révolution stratégique maoïste (1927-1953).
- La fin de l’Indochine française (1945-1954).
- Les fantômes de Dien Bien Phu. (1954-1960).
- L’école de Malaisie. (1948-1960).
- Décolonisation ou subversion ? (1953-1962).
- L’Algérie dans la guerre révolutionnaire. (1954-1962).
- Kennedy et l’âge d’or de la contre-insurrection. (1961-1963).
- Le test vietnamien. (1961-1963).
- Les larmes de Saigon. (1964-1973).
- Une contre-subversion globale ? (1964-1975).
- Le crépuscule de la guerre irrégulière (1964-1975).
- La guerre irrégulière introuvable (1975-2001).
- Epilogue. L’éternel retour de la guerre irrégulière.
Je vous ai détaillé la table des matières pour vous montrer l’étendue du travail d’Elie Tenenbaum. Son analyse est intelligente, parfois répétitive pour être utile à la compréhension et sera jugée aride par ceux qui sont à la recherche d’une relation des opérations de combat. Mais ce serait passer à côté de l’essentiel du travail réalisé: la confrontation des doctrines et de leurs évolutions avec un corpus de notes bibliographiques impressionnant !
Nous avons là un travail majeur, bien dans la lignée de ceux de Gérard Chaliand qui vient de trouver en la personne d’Elie Tenenbaum plus qu’un discipline, un digne successeur !
Plus que vivement recommandé !
Aux éditions Perrin en octobre 2018 préfacé par Gérard Chaliand. Avec un corpus de notes et un index très complets.
