Le livre que méritait la campagne de Stalingrad.
Stalingrad. Un des symboles les plus forts de la deuxième guerre mondiale longtemps considéré comme le tournant du conflit.
En fait, on oublie souvent, tellement le symbole est fort, que la ville du bord de la Volga ne fut pas toujours l’enjeu des opérations dans laquelle elle fut prise et ces opérations furent parmi les plus décisives de la guerre: le plan Blau allemand de l’été 1942 qui visait à mettre la main sur les champs de pétrole soviétiques, l’opération Uranus soviétique qui mena à la rupture du front sud et à l’encerclement de la 6ème armée de Paulus à Stalingrad, l’opération Wintergewitter de von Manstein qui visait à dégager le camp retranché de Stalingrad.
Par contre, Stalingrad allait devenir un symbole majeur, comme un match au finish, entre deux volontés: celle du peuple russe qui encaissait défaite sur défaite, celle du peuple allemand qui souhaitait la fin de la guerre. Ce fut également la confrontation entre deux conceptions de la guerre et du commandement bien différentes. Les allemands, maîtres de la tactique et du niveau opérationnel commençaient à être empêtrés par une implication de plus en plus prégnante d’Hitler sur le niveau stratégique. Quant aux Russes, leurs défaites répétées et leurs complexes d’infériorité allaient mener à une remise en cause du commandement et la reprise en main des affaires militaires par des officiers de talent.
Malgré tout cela, cette bataille exceptionnelle n’a pas eu, en langue française, les historiens qu’elle mérite. L’ouvrage de Jean Lopez vient remplir ce vide immense. Cet auteur, à qui certains reprochent de ne pas être historien de métier, vient nous apporter une somme exceptionnelle sur ces mois décisifs de 1942-1943. En fait, son ouvrage « Stalingrad, la bataille au bord du gouffre », englobe largement toutes les opérations relatives à la bataille: du plan Blau aux offensives soviétiques du printemps 1943.
Jean Lopez s’appuie sur les travaux d’auteurs étrangers principalement anglo-saxons et allemands de talent. Mais Jean Lopez nous apporte également une réflexion complète et synthétique de cette période majeure de la seconde guerre mondiale: forces en présence, doctrines d’emploi des forces, plans stratégiques, contraintes humaines et logistiques, déroulé des opérations. Certains ont également reproché à l’auteur sa manie de mettre en majuscules les termes qu’il estime essentiels à son raisonnement, pourquoi pas…
Pour ma part, je salue un travail d’une ampleur exceptionnelle qui n’avait jamais été réalisé en langue française. En cela, Jean Lopez s’affirme, pour moi, comme un vrai historien de la seconde guerre mondiale.
Merci à Economica pour cette publication d’un ouvrage à classer désormais dans les classiques de l’histoire militaire