Un témoignage qui vaut le détour.

Le hasard d’une recherche sur Rakuten m’a mené vers cet ouvrage inconnu jusqu’ici. Un témoignage de plus sur la guerre d’Algérie, il y en a déjà tant… Mais j’ai été happé par le sous-titre: « un appelé pied-nord témoigne ».

Sitôt reçu, lecture engagée ! Et là pour tout dire, je ne fus pas déçu !

L’auteur nous propose une plongée dans ses deux années de service militaire au sein du 6ème Spahis, sur le terrain dans les dernières années de la guerre d’Algérie, là où tout avait déjà basculé de l’Algérie française vers l’Indépendance algérienne. Et ce n’était pas facile à vivre pour un français d’Algérie, un pied-noir.

Le titre est bien choisi: la guerre au couteau. Guerra a coucillo, c’est le nom donné à la guérilla espagnole durant les guerres napoléoniennes. Cela s’applique bien ici à la guérilla menée par les unités du FLN algérien: contrôle des populations, levée de l’impôt révolutionnaire, embuscades, attentats, assassinats… L’armée française avait déjà été confrontée à cette forme particulière de guerre en Indochine mais là, le contingent n’avait pas été engagé. On va donc accompagné l’auteur au sein des unités de secteur, sous secteur et quartier avec des appelés du contingent et des supplétifs: harkas et les groupes d’auto-défense.

C’est précis, sans état d’âme mais aussi sans remord, … Ce texte confirme une fois de plus ce que disait le général Bigeard au crépuscule de sa vie: « la guerre, c’est du sang et de la merde »…

Sans fard mais aussi dans un langage direct et souvent cru, Jean-Paul Angelelli va nous livrer son parcours dans le renseignement opérationnel. Il ne cache rien: la recherche des membre de l’OPA locale du FLN, la traque, les embuscades, les interrogatoires, la torture, les exécutions sommaires.

Un plus chez l’auteur: le regard permanent porté sur les différentes acteurs: appelés, engagés, sous-officiers et officiers, l’ennemi mais aussi la population civile: français d’Algérie et musulmans.

J’ai déjà beaucoup de témoignages sur la guerre d’Algérie dans ma bibliothèque mais celui-là vaut sincèrement le détour.

Aux éditions Picollec en décembre 2004. 334 pages avec une carte dans le texte.

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