Bernard Cabiro: une légende de la Légion Étrangère et des Parachutistes !
L’éditeur Indo-Editions vient de sortir les mémoires de Bernard Cabiro, officier para-Légion.
Une première version du texte était sorti en 1987 sous le titre « Sous le béret vert » dans un format largement expurgé de 375 pages et essentiellement centré sur les opérations militaire de cet officier d’exception.
Olivier Cabiro nous propose ici une version réécrite et largement augmentée (plus de 600 pages). Je commenterai prochainement cette nouvelle édition.
En attendant, je vous propose de redécouvrir le commentaire de l’édition de 1987.
Pour moi, un texte indispensable sur le parcours d’un jeune homme pris dans la seconde guerre mondiale puis dans les guerres d’Indochine et d’Algérie et ce dans les unités les plus prestigieuses: RTM, BEP, REP !
Le « Cab », une légende, je vous dis !
Le site des éditions Indo-Editions.
Cabiro. Une vie de guerres. Mémoire.
Compte-rendu [abrégé!] de lecture
Cabiro est un écrivain talentueux. Les descriptions sont évocatrices et les mots toujours justes puisés dans un vocabulaire étendu. Le texte fourmille d’humour. De fait, le lecteur complice peut éclater de rire plus d’une fois. Cabiro possède l’aptitude rare à communiquer ses émotions sans pathos. En particulier, les trois anecdotes avec le tirailleur marocain Jbilou sont une démonstration émouvante d’amitié et de respect, par delà le temps et les différences de grade. Car Cabiro estime les hommes qui l’entourent et qui combattent avec lui ou sous ses ordres, et il en est aimé. Il est certainement bienveillant pour ses subordonnés et ses chefs proches, mais intraitable avec les incapables. Le chapitre 57 est l’exécution méritée d’un Colonel qui n’a pas su exploiter les potentialités du groupement interarmes placé sous ses ordres.
Aperçu du ‘cosaque’ dans ses œuvres:
Le Colonel à son transmetteur, au début de l’opération: -Lieutenant, dites à l’avion d’observation que je voudrais communiquer avec lui.
Le Lieutenant: -Impossible, mon Colonel, il n’a pas encore déployé son antenne.
Le Colonel: -Alors, dites lui de la sortir, cette foutue antenne.
A une mission donnée, Cabiro emploie toujours le même procédé: Tour d’horizon tactique ami et ennemi, Idée de manœuvre, Entente avec les appuis, Ordres donnés, Exécution sans hésiter, le chef en tête. Les effectifs en jeu, la durée et l’ampleur dans l’espace peuvent varier selon les responsabilités de caporal-chef à chef de bataillon mais le procédé de base reste constant. Une variante cependant: il peut se donner la mission à lui-même, en marchant au canon. Ce qui lui a valu sa première Légion d’Honneur.
A-t-il de la chance, une chance insolente en apparence? Par deux fois, un hasard miraculeux l’a préservé. Les autres manifestations sont le résultat d’une conscience professionnelle sans faille. Un chef protège sa troupe et s’épargne lui-même par une prévision tactique judicieuse. Il y faut une attention soutenue aux détails. Cabiro n’en manque pas quand il s’agit, tout à la fois, de remplir la mission et obtenir le succès au moindre coût. Les pertes représentent en effet des êtres chers. Comme Bigeard et beaucoup d’autres, il n’oublie jamais que le succès est aussi dans la durée. L’introduction-témoignage de Pierre Schoendoerffer mets bien en évidence ses qualités professionnelles.
Cabiro est un joyeux drille et un bon vivant tout en restant modeste et franc. Avec ce diable d’homme, rien d’étonnant.
La seconde guerre mondiale puis la guerre d’Indochine ont révélé et confirmé des guerriers d’élite par centaines. Je pense par exemple au Sous-Lieutenant à titre posthume Vandenberghe. Parmi cette ‘race’ de combattants qui ont le sens tactique dans le sang et une énergie peu commune, Cabiro est l’un des tous premiers. Si l’honneur de la troupe réside dans l’exécution de la mission ordonnée, on dira alors que Cabiro a cumulé beaucoup, vraiment beaucoup, d’honneurs.
Enfin, l’éditeur, Indo-Editions, nous offre un produit de première qualité. Très bonne impression sur un papier blanc de bon grammage. Cahier de photos utiles. Très bonnes cartes bien lisibles. Reliure sans faiblesse. 675 pages et un poids (masse) respectable. Un écrin digne du héros.
Achetez et lisez ce livre. Il est un monument élevé au cœur, à l’intelligence et au courage d’un homme plongé dans une période agitée.
Et n’oublions pas: More Majorum.