Waterloo comme vous ne l’avez jamais lu !
Ma bibliothèque regorge d’ouvrages sur Waterloo.
Les français, les anglais et les belges se sont tellement penchés sur ce tournant du XIXème siècle. Mais les postures étaient tellement conventionnelles que l’édition de tout nouvel ouvrage n’apportait fondamentalement rien de plus. Il a fallu un historien italien pour réellement apporter un nouvel angle de vue, une nouvelle manière de traiter ce combat de titans entre les deux puissances qui voulaient dominer le monde (de Waterloo naitra le grand siècle britannique), entre deux guerriers tellement différents (Napoléon et Wellington) sur le territoire d’une nation naissante : la si attachante Belgique.
Las de ne plus rien apprendre de plus sur cet évènement, je n’allais vraiment pas acheté un « Waterloo » de plus ! Le fait que l’auteur soit italien m’a fait basculer. Bien m’en a pris !
L’auteur est sans parti pris, il s’appuie sur les témoignages des généraux mais aussi des humbles combattants, il est visiblement marqué par les approches si déterminantes de l’histoire militaire initiées par John Keegan et Victor Hanson. Allessandro Barbero revisite la bataille de Waterloo dans toutes ses perspectives : enjeux, opérations préalables, l’état d’esprit et les motivations de tous les acteurs dans les deux camps, l’art de la guerre, la létalité des armes et les formations sont magnifiquement expliquées, les manœuvres des 3 armées sont argumentées, déroulées d’une façon réellement éclairante. La dimension humaine, l’angoisse, l’endurance, les souffrances et la mort de tant d’officiers et de soldats sont aussi présents ne faisant pas de l’ouvrage un récit héroïque ou technique comment tant d’autres. Waterloo fut bien un choc très sanglant. On a beau bien connaitre le sujet, on est surpris de découvrir des angles de vue, des détails réellement nouveaux.
En plus, le style d’écriture est bien agréable et l’auteur, loin d’étaler ses connaissances de manière dogmatique comme trop d’historiens, sait mettre son écriture totalement au service de son objectif : faire comprendre, créer une dynamique et je dirais même un suspens digne d’un roman de qualité. Félicitations, Mr Barbero !
520 pages aux éditions Flammarion en 2008.